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lu la Lettre elle-même. S'il peut en produire une copie authentique, où se trouvent les extraits qu'il en a donnés, alors je ne l'accuserai que d'avoir pris la peine de les transcrire dans sa Dissertation; car cette Lettre ne pourra plus être considérée comme l'ouvrage des Evêques de France, du moment où il sera prouvé qu'elle n'est pas conforme à l'Explication qu'ils chargèrent leur Président de transmettre au Pape en leur nom.

Venons-en à l'Explication elle-même, dont l'Anonyme cite enfin le quatrième Article, tel à peu près que nous l'avons rapporté tout à l'heure. Il n'en tire aucune induction favorable à sa cause; mais il prend soudain le ton magistral pour quereller les Assemblées de 1682 et de 1705, d'avoir employé des expressions dont les Novateurs pouvoient abuser (1). Que ne reproche-t-il aussi aux Apôtres d'avoir loué la diligence avec laquelle les Béroens confrontoient les Ecritures, quotidiè scrutantes Scripturas, parce qu'on s'est servi de ce passage pour attribuer aux Fidèles le droit de préférer l'interprétation privée à celle qui est appuyée sur l'autorité de l'Eglise (2)?

Au surplus, nous avons déjà montré que les Evêques peuvent examiner les Décrets Dogmatiques du Saint-Siége, et rendre témoignage à la Foi de leurs Eglises, sans pour cela se constituer Juges du Pape ou de son Décret, ni s'ériger un Tribunal supérieur à celui du Siége Apostolique. Tel est le sens exact et naturel du quatrième Article de l'Explication donnée par les Evêques en 1710.

C'est donc vainement que l'Anonyme oppose au Clergé de France l'autorité d'Yves de Chartres, qui proteste n'avoir pas droit de juger le Souverain Pontife: Non est nostrum judicare de Summo Pontifice. Ce trait d'érudition n'a pas le moindre rapport avec la Déclaration de 1682, non plus que ses longs extraits de la Lettre de Walon, Evêque de Paris au douzième Siècle, qui refuse également de concourir à la condamnation judiciaire du Pape Paschal au sujet des Investitures (5).

(1) Dissert. Histor., p. 56.

(2) Act XVII, 11.

(5) Dissert. Hist., p. 60 et 61.

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XIV. M. Plowden, avant l'Anonyme, combattoit la Doctrine du Clergé de France par l'acceptation des Bulles du Souverain Pontife. Tous les Evêques de France, dit-il, si on en excepte les partisans «<notoires du Jansenisme, se sont abstenus depuis cent ans de s'expliquer sur la Déclaration de 1652; mais leur conduite et leurs Ins«tructions Pastorales, en acceptant les Décrets Dogmatiques du SaintSiége, démontrent la persuasion où ils ont été de l'infaillibilité de «leur Chef, et leur silence circonspect, qui n'est en lui-même qu'une marque de neutralité, devient, par cette circonstance, la preuve énergique d'un désaveu formel de la Déclaration. » Ici M. Plowden se dispense d'exposer la preuve qui résulte, selon lui, de l'acceptation des Bulles Vineam Domini et Unigenitus, parce que cette preuve est

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complétement administrée dans un excellent Ouvrage imprimé « en 1748, et intitulé: De Supremá Summi Pontificis autoritate « hodierna Ecclesie Gallicance Doctrina. Le mérite de cet Ouvrage, ajoute-t-il, ne peut être ravalé ni par les critiques de la Gazette Janseniste, connue sous le nom de Nouvelles Ecclésiastiques, ni par « les Arrêts des Parlemens qui en ont ordonné la suppression (1).

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Sans discuter le mérite intrinsèque de l'Ouvrage auquel M. Plowden renvoie son Lecteur, j'avoue qu'une censure faite par la Gazette Ecclésiastique, ou même l'Arrêt de suppression, ne sont pas des preuves absolues de sa médiocrité ou de son danger. Voyons toutefois ce qu'en a dit M. d'Ormesson, lorsqu'il porta la parole au Parlement de Paris,

(1) Excepting the notorious adherents to the Jansenist party, the Gallican Prelates during the last hundred years have generally chosen to observe a cautious silence upon this matter, and this might be considered as a mark of neutrality, if their conduct in accepting Dogmatical Decrees of the holy See, and the numerous Pastoral Instructions of the most illustrious among them did not demonstrate their real conviction of the infallibility of their Chief as efficaciously as a formal disavowal of the Declaration could, etc....... We refer the reader for full satisfaction to an excellent work, printed in 1748 De Supremá Summi Pontificis auctoritate hodierna Ecclesiæ Gallicanæ Doctrina. The merit of which is not depreciated either by the criticisms of the Jansenistical Gazette entitled: Nouvelles Ecclesiastiques, or by the Sentence of suppression passed upon it by the French Courts of Parliament. (Consid. on the Mod. Opin., p. 104 et 105.)

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pour en requérir la suppression: «Contre la certitude des faits, contre « la notoriété publique des sentimens de la France, contre la foi des « monumens les plus authentiques. ...; l'Auteur de cet Ouvrage entreprend d'opposer l'Eglise Gallicane à elle-même, et de trouver << des armes contre elle jusque dans les Actes où réside le dépôt des « preuves les plus constantes de sa Doctrine. Parce que cette Eglise « a donné dans tous les temps des marques de son attachement inviolable à la Chaire de Saint Pierre...; parce qu'elle respecte, dans << la personne du Pape, le Vicaire de Jésus-Christ et le Chef visible « de l'Eglise Universelle........ l'Auteur veut en conclure qu'il a pour lui «<les suffrages de l'Eglise Gallicane, et il fait de vains efforts pour persuader à cette Eglise, contre ce qu'elle a dit elle-même, qu'elle a adopté une opinion conforme à celle qu'il a plu à ce Docteur étranger de soutenir (1). » Après ces paroles, qui montrent que M. d'Ormesson connoissoit assez bien la marche des Adversaires anciens et modernes de l'Eglise Gallicane, il reproche à l'Auteur une foule de méprises, d'erreurs de fait, d'équivoques grossières dont il a rempli son Ouvrage, par l'ignorance où il paroît être du style de la France, et même de la véritable valeur des expressions dont il se sert pour donner quelque couleur à ses argumens. Il relève aussi l'infidélité des citations, et en particulier celle des Remontrances du Parlement, de 1461, où l'Auteur restreint « à la seule Eglise de Rome ce qui n'est dit, dans les Remontrances, que de l'Eglise en général. Faute de pouvoir comparer l'Ouvrage avec la critique sévère qu'en fait M. d'Ormesson, je n'assurerai pas qu'elle soit parfaitement exacle; mais son opinion, mise dans la balance, et surtout les raisons qu'il allègue pour la maintenir, engageront peut-être le Lecteur Anglois à ne pas accorder, sans examen, au Docteur qu'exalte si fort M. Plowden, la confiance illimitée qu'il demande, à son ordinaire, sans la

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motiver.

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Quiconque lira, dit M. Plowden, les Lettres des Evêques qui gouvernèrent les Eglises de France en 1651, 1653, 1656 et 1661,

(1) Arrêt du Parlement de Paris, du 26 Juin 1748.

"aux Papes Innocent X et Alexandre VII, restera convaincu qu'ils « tenoient pour l'ancienne Doctrine (1); » c'est-à-dire, dans le style de M. Plowden, pour l'infaillibilité du Pape. Après une assertion si péremptoire, on s'attend à trouver quelque échantillon de preuve. IL n'y en a pas une scule, et on ne peut que s'émerveiller de la méthode sommaire qu'emploie cet Ecrivain pour convaincre ses Lecteurs. Déjà nous avons parcouru la plupart des époques qu'il se contente de rapporter en chiffres. Il se prévaut de l'Avertissement donné par les Evêques de France en 1626, et on a vu que la Doctrine de cette Assemblée ne contredit en rien la Déclaration de 1682. « On défendit l'in« faillibilité du Pape, ajoute M. Plowden, dans une thèse soutenue, «en 1661, au Collège de Clermont, régi par les Jésuites, et M. de Marca, alors Archevêque de Paris, dicta à Baluze un petit Com«<mentaire en faveur de l'infaillibilité du Pape. Or, l'autorité de M. de Marca, est-il dit dans la phrase précédente, « ne peut être déclinée par aucun des Catholiques qui combattent les prétentions du Saint-Siége (2). Que signifie ce langage inconcevable, et comment le mot équivoque de prétentions du Saint-Siége, pretensions of the holy See, a-t-il pu échapper à M. Plowden, lorsqu'il s'agit d'une Doctrine, qui, selon lui, forme un des Préliminaires de la Foi (3)?

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(1) Their successors who governed the Churches of France in 1651, 1653, 1656 and 1661, must be admitted as supporters of the old Doctrine, by whoever reads their several Letters to the Popes Innocent X and Alexandre VII. (Consid. on the Mod. Opin., p. 108.)

(2) In 1661, the infallibility of the Pope in Decisions of Faith having been publickly asserted in a These in Clermont College at Paris, de Marca, then Bishop of the Diocese, dictated to Baluze a short Commentary upon it..... If we produce the famous de Marca as an evidence on our Side, it is merely because his authority can never be refused by Catholic opponents of the pretensions of the holy See. (Ibid, p. 106.)

(3) Pretension. (prætensio, Latin; prétention, French.) I. Claim true or false. II. Fictitious appearance. (Johnson's Dic ionary.)

Le Docteur Johnson cite, pour justifier cette double interprétation, le témoignage de plusieurs Ecrivains, et particulièrement celui du Docteur Swift et du Chancelier

Bacon.

Quant à M. de Marca, depuis quand son autorité est-elle devenue irréfragable pour les Catholiques, quels qu'ils soient? Ignore-t-on la versatilité insigne de ce savant Prélat ? Pourquoi nous forcer à dire qu'à cet égard il faut le ranger dans la même classe qu'Enéas-Sylvius devenu Pape, et que, si Dieu a lu dans le cœur de tous les deux la sincérité de leur changement d'opinion, ni l'un ni l'autre n'en a présenté aux hommes les honorables apparences? Il faut compter étrangement sur l'ignorance et la crédulité de ses Lecteurs, pour ériger en argumens des anecdotes aussi insignifiantes.

XV. Pour finir tout ce qui reste à dire sur l'acceptation des Décrets du Saint-Siége par l'Eglise Gallicane, il suffit de renvoyer l'Anonyme et M. Plowden au Procès-Verbal de l'Assemblée du Clergé de France en 1760. Là, ils verront qu'à l'occasion du Bref Venerabilis, donné par le Pape Clément XIII, au mois de Mars de la même année, l'Assemblée examina scrupuleusement la manière dont avoient été acceptés, depuis le milieu du Siècle précédent, les Bulles et Brefs des différens Papes; savoir la Bulle Cùm occasione, en 1653; le Bref d'Innocent X, en 1656; la Constitution d'Alexandre VII, en 1657; la Bulle Vineam Domini Sabaoth, en 1705; la Balle Unigenitus, en 1714; et le Bref de Benoît XIV, Ex omnibus, en 1756. L'examen montra, sans aucune ombre de doute, que le mode d'acceptation des Rescrits du Saint-Siége avoit été uniforme, en ce qu'ils furent acceptés avec respect et soumission, et toujours par voie de Jugement. Ce monument public, et avoué par toute l'Eglise Gallicane, suffit pour repousser, s'il en étoit besoin, les petits argumens et les doutes que l'on fonde sur la prétendue façon de penser de quelques individus. Il prouve que si l'Eglise Gallicane, après avoir parlé clairement en 1682 et long-temps auparavant, a gardé le silence ou paru inattentive à quelques provocations plus ou moins directes, c'est qu'elle ne fut jamais animée par l'esprit de contention, et que, satisfaite d'avoir rendu d'éclatans témoignages à la vérité, elle en garde le dépôt avec une modération que la passion seule a pu méconnoître.

XVI. La marche de l'histoire nous conduit enfin à ce que les Ultramontains appellent la Rétractation authentique de la Déclaration de 1682. Il s'agit de deux Lettres écrites au Pape Innocent XII, en 1695,

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