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par sa Primauté divinement instituée; au nom du Concile, parce qu'ils s'étoient assurés d'avance, et à plusieurs reprises, du Jugement du Concile auquel ils présidoient. A Calcédoine comme à Ephèse, le Jugement émana d'abord de Pierre, Chef des Apôtres, et centre de l'Unité; mais il reçut à Calcédoine, comme à Ephèse, sa principale force, cette vigueur qui le rendoit irréformable, de l'accord des Evêques et du consentement des Frères. En quoi, selon la remarque de Bossuet, ces deux Conciles cuméniques présentèrent à l'Eglise une image fidèle du Synode Apostolique, le modèle de tous les Synodes qui devoient le suivre, où Pierre porta la parole, et où les Apôtres jugèrent avec lui en vertu du pouvoir commun que tous avoient reçu de JésusChrist.

XXXII. Ce qui suit dans le texte de l'Anonyme est tellement confus et contraire à la vérité de l'Histoire,, que chaque mot trahit ou son astuce ou son ignorance. Je n'abuserai pas de la patience du Lecteur au point de transcrire de nouveau ses phrases mensongères, pour les comparer avec les Actes du Concile de Calcédoine; mais j'en dirai assez pour que chacun puisse faire cette comparaison, s'il le juge à propos. Voici les faits:

La Sentence de déposition fut proclamée et signifiée à Dioscore, sans y insérer la Lettre de Saint Léon à Flavien, ni former aucune autre définition quelconque. On signifia la Sentence à Dioscore, à la fin de la troisième Session, comme le prouvent les Actes du Concile, ainsi que la narration de Tillemont et celle de Fleury (1). Or, la définition de Foi à laquelle les Légats résistèrent, suivant le récit de l'Anonyme, et qu'il confond avec la Sentence de déposition, n'a pas le plus léger rapport avec elle, et ne fut proposée qu'à la cinquième Session, comme le prouvent encore les autorités déjà citées (2). Ce fut donc seulement à la cinquième Session que les Légats, afin de surmonter l'opposition d'un très-petit nombre d'Evêques, qui probablement n'avoient pas assisté aux Sessions précédentes, dirent ces paroles mé

(1) Tillem., t. XV, p. 664. — Hist. Eccl. de Fleury, 1. XXVIII, n. XIV. (2) Tillem., p. 677.- Fleury, n. XX.

morables: Si non consentiunt Epistolæ Apostolici et Beatissimi Papæ Leonis, jubete nobis rescripta dari, ut revertamur, et alibi Synodus celebretur.

L'erreur qu'on vient de relever seroit par elle-même de peu d'importance, si elle ne servoit de base à des rapprochemens artificieux. Au lieu de se les permettre, l'Anonyme auroit dû avertir ses Lecteurs que le ton de commandement des Légats ne s'adresse pas aux Pères du Concile en général, mais à quelques Evêques opposans dont ils déșiroient de fixer enfin les irrésolutions. Ce ton absolu étoit d'ailleurs en quelque sorte justifié, non par l'irréformabilité de la Lettre de Saint Léon écrivant à Saint Flavien, mais par l'autorité de tout le Concile qui avoit déjà deux fois approuvé la Lettre de Saint Léon, lors de la seconde et de la quatrième Session (1). Ainsi le discours des Légats ne prouve pas du tout la soumission implicite des Pères de Calcédoine aux Décrets du Souverain Pontife, mais seulement la soumission sans réserve qui est due par tous les fidèles aux décisions Dogmatiques d'un Concile cuménique; et quand on voudra comparer ce ton absolu des Légats après que le Concile a manifesté son approbation de la Lettre de Saint Léon, avec les délibérations et l'examen qui eurent lieu en présence des mêmes Légats avant de l'avoir obtenue, on sera forcé de tirer, comme nous le ferons tout-à-l'heure, des conclusions diamétralement opposées à celles de l'Anonyme.

Suivons, pour le moment, son récit sur les opérations du Concile et sur la conduite des Légats. Nous venons de voir ce qui se passa dans la cinquième Session, et son texte prouve qu'il va raconter la suite des mêmes événemens; mais le fait qu'il rapporte, concernant les Evêques d'Egypte, avoit eu lieu dans la Session précédente. Ce fut dans la quatrième Session qu'on somma ces Evêques de répondre nettement s'ils recevoient la Lettre de Saint Léon et de la souscrire, et qu'ils refusèrent constamment l'un et l'autre, comme on le verra plus bas, jusqu'à ce qu'ils eussent un nouveau Patriarche. En cela, l'erreur de l'Anonyme seroit encore à peine digne d'être remarquée, ainsi que

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l'anachronisme par lequel il transporte, à la fin de la cinquième Sesles événemens de la quatrième. Mais, par une nouvelle méprise, qui sert merveilleusement sa cause, il attribue aux Pères du Concile une sorte d'injonction qui n'émana que des Officiers de l'Empereur : Magnificentissimi Judices dixerunt: Ergo quo in eá continentur, inserantur definitioni (1). Par où l'on voit que, dans cette occasion, les Légats n'exercerent, quoi qu'en dise l'Anonyme, aucun empire sur les Pères du Concile, en vertu de l'autorité du Pape.

XXXIII. Enfin sa dernière phrase, sa dernière citation sur le Concile de Calcédoine, portent, comme toutes celles qui précèdent, sans exception, le caractère d'ignorance ou de duplicité. « Et comme, « ajoute-t-il, il y avoit encore des mécontens, on finit par les renvoyer par-devant le Pape x: Qui contradicunt, Romam ambulent. Il y avoit des mécontens! D'abord ce mot est beaucoup trop fort, et ne convient pas du tout au sujet. Des Evêques qui demandent des éclaircissemens; qui, de peur de favoriser le Nestorianisme ou d'autres hérésies, hésitent sur l'adoption d'un terme pour exprimer la Foi de leurs Eglises, ne sont pas des mécontens. Néanmoins, comme la contestation avoit été vive, et pouvoit dégénérer en une division funeste à l'Eglise, les Officiers de l'Empereur proposèrent deux moyens de conciliation : le premier, de confier l'examen de cette controverse à un petit nombre de Commissaires choisis parmi les Pères, pour en faire ensuite le rapport au Concile; le second fut que chacun manifestât sa Foi par l'organe de son Métropolitain, ce qui eût rendu la Délibération plus simple et moins orageuse. Puis, ils ajoutèrent : « Si vous <«< n'agréez aucun de ces deux partis, l'Empereur ordonnera la tenue « d'un Concile dans les Régions Occidentales, puisque Votre Sainteté << refuse de définir ici la Foi Orthodoxe d'une manière irrévocable » : Si autem neque hoc velit Vestra Sanctitas, cognoscite quia in partibus Occidentalibus fieri habet Synodus, eò quod Religiositas Vestra hic noluit de verá et Orthodoxá Fide indubitanter definire (2). Loin

(1) Conc. Calced. Act. V.

(2) Ibid.

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donc de renvoyer ceux que l'Anonyme appelle des mécontens pardevant le Pape, c'est par la Décision d'un autre Concile où ces Evêassisteront comme Juges de la Foi, que l'Empereur et les Pères de Calcédoine veulent que les controverses sur la Foi soient terminées

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sans retour.

Quant à l'expression : qui contradicunt, Romam ambulent, elle ne signifie autre chose, sinon que ceux qui n'accéderont pas à l'avis de la pluralité, iront assister au Concile d'Occident. La ville où il devoit se tenir n'étoit pas encore désignée par l'Empereur; mais, pour des Evêques Orientaux, le nom de la grande, de l'ancienne Rome, magnæ et senioris Romæ, signifioit l'Occident en général. Tel est le sens de ces paroles: Romam ambulent, comme chacun peut s'en convaincre la teneur des Actes du Concile, qu'il seroit trop long de rapporter par ici; et je ne doute pas que l'Anonyme ne les interprète de même, au lieu de les travestir en une menace d'aller subir le Jugement du Pape, si une autre fois, avant d'écrire, il se donne la peine de lire les Historiens véridiques, ou les Actes originaux.

Ainsi, tout est altéré, tout est confondu, tout est représenté sous de fausses couleurs dans les récits ou dans les réflexions de l'Anonyme. Il n'a pas fallu recourir à une critique bien savante pour réfuter ses sophismes fondés sur l'Histoire du Concile de Calcédoine, et rien n'oblige, ce semble, à entrer plus avant dans la discussion qu'il a provoquée. Montrons néanmoins que cet homme n'est pas heureux dans le choix des époques de l'Antiquité, et faisons voir, pour la seconde fois, que la vérité triomphe par les moyens mêmes dont il se sert pour propager l'erreur. Non seulement le Concile de Calcédoine ne fournit pas une preuve dont puisse s'étayer la Doctrine Ultramontaine, mais encore on trouve dans ses Actes, comme dans ceux du Concile d'Ephèse, des preuves invincibles pour la renverser.

Déjà nous avons vu que la Sentence rendue contre Dioscore, quoique portée au nom de Saint Léon, n'a cependant reçu sa principale force que de l'approbation et Jugement simultané des Pères de Calcédoine; tellement que l'accord seul du Concile avec le Pape l'a rendue vraiment irréformable, en lui imprimant le caractère d'un Jugement de l'Eglise Universelle,

XXXIV. Il en a été de même du rétablissement de Théodoret dans son Siége Episcopal de Cyr. Déposé par le Conciliabule d'Ephèse, il appela de la Sentence de ce Tribunal inique au Tribunal du Souverain Pontife et aux Evêques d'Occident. Saint Léon, après un mûr examen, le reçut à sa communion, et lui rendit le rang d'Evêque. Toutefois Théodoret ne regarda son rétablissement comme tout-à-fait definitif, qu'après qu'il eût été ratifié par le Concile. Saint Léon, l'Empereur et les Pères de Calcédoine en eurent la même opinion: Théodoret, puisqu'il se présenta au Concile de Calcédoine pour être rétabli sur son Siége Episcopal; Saint Léon, lorsqu'après le rétablissement de Théodoret par le Concile, il écrivit que « la vérité invincible de Dieu avoit « fait voir à Calcédoine l'équité du Jugement du Siége Apostolique » ; l'Empereur, quand il permit, et les Pères de Calcédoine quand ils ordonnèrent que l'affaire de Théodoret fût soumise à un nouvel examen, afin d'être déterminée par un nouveau Jugement du Concile Œcuménique (1).

L'entrée de Théodoret à la première Session du Concile excita, malgré le Jugement du Pape bien connu de tous, une vive réclamation de la part de quelques Evêques. « La Foi est en danger, la Foi

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périt, s'écrièrent-ils: renvoyez le Maître de Nestorius; sa présence « est proscrite par les Canons. » Fides perit; istum Canones ejiciunt... Magistrum Nestorii foras mittite (2). » La Session devint tumultueuse, et « les Officiers de l'Empereur, dit M. de Tillemont, n'osè« rent forcer la répugnance de la moindre partie des Evêques. Ils de"mandèrent seulement que Théodoret demeurât en qualité d'accusa« teur de Dioscore jusqu'à ce qu'on eût examiné son affaire. Ainsi Théodoret prit place au milieu des Evêques avec Eusèbe de Do« rylée (3). »

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Ajoutons au récit de M. de Tillemont, que Théodoret fut aussi reçu à Calcédoine comme accusé ou comme pouvant l'être à chaque instant, puisque les Officiers Impériaux déclarèrent que « sa présence

(1) Tillem., t. XV, p. 307.
(2) Conc. Calced. Act. I.
(3) Tillem., t. XV, p. 649.

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