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« tenir avec fermeté le parti que l'on prendroit, en gardant partout «<le respect dù au Saint-Siége et à Notre Saint-Père le Pape, et main«< tenir l'autorité et la dignité de l'Assemblée, le pouvoir et la gloire « de l'Eglise Gallicane (1). » Nous imiterons ici la réserve du Clergé, en ne parlant plus de ce Bref, sinon pour dire qu'Innocent XI refusa de concourir à l'œuvre de paix que désiroit ardemment l'Eglise Galli-. cane; qu'il ne voulut point se relâcher de la rigueur des Canons sur un point de Discipline sujet aux variations et à la dispense; qu'en un mot le Bref, plein de menaces, casse et annule à perpétuité les Actes de l'Assemblée, relatifs à la Régale, ainsi que tout ce qui s'en est suivi et pourra s'ensuivre.

VIII. Il eût été impossible de se former une idée juste de cette contestation, dont les détails sont généralement peu connus, s'il eût fallu suivre l'Anonyme dans ses écarts, dans ses anachronismes, dans, ses récits inexacts, et surtout dans ses réflexions perfides. Maintenant, pour le réfuter, il suffiroit presque de montrer ce qu'il a osé dire. Tan¬ tôt il parle de son chef, tantôt il cite des passages de l'Histoire de l'Eglise, par M. Bercastel, soit pour se prévaloir de ses récits, soit, le censurer aigrement, lorsque les idées de l'historien ne s'accordent pas avec les siennes. La critique ou l'apologie de M. Bercastel n'est pas l'objet dont je veux m'occuper, puisque si l'Anonyme extrait plusieurs narrations de cet Ecrivain estimable, il se les approprie; et, sans m'imposer la loi de les confronter avec l'original, ou de les distinguer de celles qui lui sont propres, c'est lui seul que je rendrai responsable des unes et des autres.

pour

L'Anonyme dit que Louis XIV « avoit jeté les premières semences <«< du Schisme, en voulant étendre la Régale à toutes les provinces du <«< Royaume (2). » Il n'y eut alors ni Schisme, ni danger, ni semençe de Schisme. Le Monarque, le Clergé, les Evêques, toute la France, étoient religieusement soumis à l'autorité du Saint-Siége. Jamais, pendant la durée des querelles de la Régale, il ne fut question de se séparer

(1) Procès-verbal de l'Assemblée du samedi 9 Mai 1682.

(2) Dissert. Hist., p. 7.

de Rome, ou même de rompre avec la Cour de Rome. On peut refuser l'acceptation de Brefs dérogatoires à la Discipline d'une grande Eglise Nationale, sans être en Schisme avec le Souverain Pontife. L'Histoire Ecclésiastique en fournit une multitude d'exemples; et si, en effet, la crainte d'une rupture avec la Cour de Rome a pu alarmer les Fidèles, ce n'a été que long-temps après la conclusion des affaires de la Régale, lors de la querelle des Franchises, ou par les suites que pouvoit avoir le refus inconcevable que firent les Papes de nommer des Pasteurs à trente-cinq Eglises qui en étoient privées. J'appelle ce refus inconcevable, parce qu'en admettant qu'il soit possible de le justifier pour les douze Députés de l'Assemblée de 1682, nommés par le Roi à des Evêchés, il n'y avoit ni raison, ni prétexte plausible pour ne pas accorder leurs Bulles aux vingt - trois autres qui n'avoient eu aucune part aux délibérations de cette Assemblée.

« La chaleur que mit enfiu la Cour à l'affaire de la Régale, ajoute <«<l'Anonyme, fut excitée ou secondée par le Clergé en Corps, pen<«<dant la fameuse Assemblée de 1681 et 82 (1). » Pour juger du fondement de cette insinuation haineuse, il ne faut que rapprocher les dates. Le Clergé s'assembla en 1681 : les Brefs du Pape au Roi, occasionės par la chaleur ou la fermeté de Louis XIV sur la Régale, sont d'une date antérieure, et le dernier est de 1679. Tous les Brefs adressés à l'Evêque et au Chapitre de Pamiers, au Frère Cerle et à l'Archevêque de Toulouse, contribuèrent à exciter le ressentiment ou la chaleur de la Cour, et la résistance des Parlemens; ils furent donnés longtemps avant que le Clergé s'assemblât pour la première fois, et devinrent l'objet de ses premières délibérations. Depuis le moment de la convocation du Clergé en Corps, tout tendit à des mesures pacifiques. Le Roi se relâcha de la rigueur de ses droits, à la prière de l'Assemblée. La Cour demeura calme et unie avec le Clergé, et la conclusion n'excita que la chaleur d'Innocent XI. Telle est l'exacte vérité, en parfait contraste avec les récits de l'Anonyme.

Selon lui, pendant que les Jansénistes aigrissoient les esprits à

(1) Dissert. Hist., p. 8.

Rome, « leurs adhérens n'en faisoient pas moins en France pour tenir << les deux autorités perpétuellement en haleine, et les combattre l'une « par l'autre (1). » Quoi! les Jansénistes sont représentés comme étant la cheville ouvrière des affaires de la Régale! Bientôt, sans doute, on nous parlera de leur grande activité dans la querelle de la Franchise du quartier des Ambassadeurs. Sous quelques rapports, et dans un autre sens que le leur, les Novateurs n'auroient donc pas tort de dire que le Jansénisme est un fantôme, puisqu'en effet des imaginations délirantes l'aperçoivent en tous lieux.

L'Anonyme continue: «< Comme c'étoit le droit de Régale qui in<< téressoit particulièrement le Monarque, on en traita fort au long << dans l'Assemblée préliminaire des Evêques (2). » Si l'Anonyme eût pris la peine de lire le Procès-verbal de l'Assemblée des Evêques, au mois de Mai 1681, il auroit vu que l'affaire de la Régale ne fut pas traitée, et ne devoit pas l'être dans cette Assemblée. Le Mémoire des Agens-Généraux, qui donna lieu à sa convocation, ne parle de la Régale qu'à propos des libelles injurieux publiés contre le Clergé, parce qu'il n'approuvoit pas les termes durs et menaçans dont s'étoit servi le Pape en écrivant au Roi. Le Rapport de l'Archevêque de Reims contient, à la vérité, quelques discussions sur la Régale; mais c'est uniquement pour montrer que la question « n'est pas si aisée à décider << en faveur du Clergé qu'on l'a voulu persuader au Pape. » Ce Rapport est surtout, consacré à l'examen de dix Brefs récemment émanés de Rome, la plupart dérogatoires à la juridiction ordinaire des Evêques, au Concordat, et aux Maximes constamment suivies dans l'Eglise Gallicane. Tel fut l'unique motif de la demande d'un Concile National ou d'une Assemblée Génerale de tout le Clergé du Royaume, afin que l'Eglise de France, « après avoir discuté la matière à fond, << pût élever sa voix d'une manière à obliger Rome de faire attention «à ses plaintes. » Ces dernières paroles sont de M. Bercastel; mais l'Anonyme les applique insidieusement et uniquement à la contesta

(1) Dissert. Hist., p. 9.

(2) Ibid, p. 17.

tion de la Régale, quoiqu'elles quoiqu'elles y aient peu ou point de rapport. Il y avoit plus de soixante ans que le Clergé ne cessoit d'élever sa voix auprès du Monarque sur l'affaire de la Régale, et son procès étoit perdu sans espoir de retour. Il eût été contradictoire que le Clergé élevât sa voix pour obliger Rome à faire attention à ses plaintes concernant la Régale, tandis que l'unique désir du Clergé étoit de calmer la trop grande chaleur que Rome mettoit à cette affaire.

Au surplus, lorsqu'en parlant de l'Anonyme je me sers du terme insidieusement, ce n'est pas sans avoir comparé ce qu'il dit d'après l'Auteur de l'Histoire de l'Eglise, avec le texte original (1). J'invite le Lecteur à vérifier par lui-même et à comparer les passages; il verra qu'en conservant les mots de l'Historien, l'Anonyme lés place avec beaucoup d'artifice, afin de détourner leur sens naturel, et d'attribuer au Clergé de France un plan odieux de mortifier la Cour de Rome à l'occasion de la Régale. M. Bercastel a pu se servir d'un tour de phrase équivoque, soit par négligence de style, soit parce qu'il ne prévoyoit pas l'usage qu'en feroit un Commentateur perfide; mais il a expliqué très-clairement, quelques pages plus haut, comme on l'a vu, la cause des troubles qui eurent lieu en France avant l'Assemblée de 1682, et qui en occasionèrent la convocation.

Suivons l'Anonyme dans ses récits. « Le Clergé, dit-il, n'étoit << assemblé que pour faire à fond la discussion (du droit de Régale). << Le temps ne lui manqua point; car il prolongea ses séances depuis << le commencement de Novembre 1681 jusqu'au 19 Mars 1682, d'où <«< cette Assemblée fameuse date principalement. Alors on vit enfin !... « Vous attendez, Messieurs, sa décision sur la Régale : eh bien! vous << n'en trouverez pas un mot (2). »

D'abord le Clergé n'avoit pas été convoqué pour la discussion du droit de Régale. Dix Assemblées précédentes s'en étoient occupées sans relâche, et depuis sept ou huit ans toute discussion sur le droit de Régale devenoit superflue. La loi étoit faite, et le Clergé, forcé de la

(1) Dissert. Histor., p. 18.- Histoire de l'Eglise, par Bercastel, tome XXIII, p. 117, 118, 119.

(2) Dissert. Hist., p. 27.

subir, n'avoit aucune décision à donner. Les discussions ne pouvoient concerner que les tristes incidens nés de la Régale, comme on l'a prouvé sans réplique; et les entreprises de la Cour de Rome contre la juridiction des Ordinaires, contre les droits imprescriptibles de l'Eglise Gallicane, étoient bien autrement importantes pour le Clergé de France, que la Collation de quelques Prébendes.

Cependant il est faux de dire que, dans les Actes de l'Assemblée de 1682, on ne trouve pas un mot de décision sur la Régale. Quand l'Anonyme parle ainsi, je voudrois pouvoir l'excuser de mauvaise foi en le taxant simplement d'ignorance. Je cherche des expressions plus douces; mais le langage s'y refuse. Puisqu'il faut lui apprendre ce que le Clergé a décidé sur la Régale, le voici en peu de mots :

En premier lieu, que partout où la loi de Dieu ne défend pas d'obéir au Souverain, il faut se soumettre à ses commandemens; et c'est cela que le Clergé a décidé qu'il devoit obéir.

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En second lieu, qu'un droit tel que celui de la Collation de quelques Prébendes, lorsqu'il est en litige, à plus forte raison quand le procès est perdu, peut devenir l'objet d'un compromis ou d'un abandon volontaire, surtout si l'Eglise reçoit un équivalent, ou recouvre l'exercice d'un droit encore plus avantageux pour elle. C'est pour cela que le Clergé a donné son consentement à l'extension de la Régale.

Troisièmement, le Clergé a décidé que cet abandon peut être aussi méritoire devant Dieu qu'il est utile à l'Eglise, lorsqu'il lui assure la paix et la protection du Souverain, et consolide l'union si désirable entre le Sacerdoce et l'Empire. Tel a été le principal motif qui détermina l'Assemblée de 1682 à consentir volontairement à l'extension de la Régale.

Quatrièmement enfin, le Clergé a décidé qu'une grande Eglise Nationale a certainement le pouvoir de faire un tel abandon sans le concours de Rome, quand les circonstances l'exigent; mais qu'elle montre mieux son union avec le Saint-Siége, et le respect inaltérable qu'elle lui porte, en priant humblement le Pape d'accorder la sanction de son autorité à l'ouvrage de paix qu'elle a consommé autant qu'il étoit en elle. C'est pour cela que l'Assemblée écrivit à Innocent XI une

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