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Y 3101 E85 0.33

SOIT LOUÉ NOTRE-SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST, TOUJOURS !

A NOS LECTEURS,

Lors de la publication de leur dernier fascicule, Juillet 1914, les ÉTUDES FRANCISCAINES étaient loin de s'attendre au long silence qu'allaient leur imposer des événements douloureux et tragiques!

Imprimées en Belgique, dans une petite ville devenue tristement célèbre par le massacre d'une grande partie de sa population masculine (1), elles furent des premières à ressentir le contre-coup de l'invasion. Rédacteurs et Collaborateurs atteints, pour la plupart, par l'ordre de mobilisation, avaient immédiatement répondu à l'appel de la France. Leur départ, qui pour plusieurs, hélas ! devait être sans retour, rendait impossible la continuation d'une Revue, incapable, d'ailleurs, de toucher ses Lecteurs placés, au delà des lignes de feu, en territoire libre. Le silence et l'attente s'imposaient donc !

Quand la paix fut venue rendre à chacun sa liberté d'action, les ÉTUDES FRANCISCAINES furent aussitôt sollicitées, de divers côtés, de reprendre leur place. Elles l'eussent fait, si la guerre n'avait creusé, dans leur Rédaction, des vides particulièrement sensibles. La reconnaissance autant que la piété filiale nous obligent à nommer ici, parmi plusieurs autres, le T. R. P. Raymond de Courcerault, tombé au champ d'honneur lors de l'offensive en Champagne, et de le recommander aux prières de nos Lecteurs.

De nouveaux concours, aujourd'hui assurés, nous étaient nécessaires pour reprendre le travail interrompu depuis plus de six années. Confiants dans l'avenir nous le faisons aujourd'hui. Comme par le passé, les ÉTUDES FRANCISCAINES déposent l'humble hommage de leur filiale soumission aux pieds du (1) Tamines,

Souverain Pontife. A l'exemple du Séraphique Père, elles veulent non seulement demeurer « stables en la foi catholique », mais encore suivre avec une entière docilité les « Directions » du Vicaire de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Ces questions de foi et d'obéissance mises à part, on comprendra que, dans l'immense domaine des opinions laissées par l'Église à la libre discussion des hommes, nous aimions de préférence celles que défendirent et propagèrent nos Frères en S. François. Les ÉTUDES FRANCISCAINES seront leur porte-parole et se borneront, dans l'ensemble, à exposer leurs doctrines comme aussi à faire connaître l'histoire générale et locale de l'Ordre franciscain. - Des Chroniques » et des « Bulletins », qui, avec le temps, deviendront de plus en plus nombreux, tiendront cependant les Lecteurs au courant des opinions adverses et du mouvement général de la pensée contemporaine.

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Des circonstances, indépendantes de notre volonté, nous ont forcés à apporter, temporairement espérons-le, certaines modifications dans la publication de la Revue. Désormais les ÉTUDES FRANCISCAINES paraîtront tous les trois mois par fascicule de 144 pages. Le prix de l'abonnement sera de 20 francs pour la France et de 22 francs pour les Pays étrangers.

Malgré ces changements, nécessités par les difficultés actuelles, nous aimons à espérer que nos anciens Abonnés nous resteront fidèles et s'efforceront même de nous trouver de nouveaux adhérents pour nous permettre de continuer notre œuvre.

LA DIRECTION.

A L'ÉCOLE DE S. AUGUSTIN

ESSAI SUR L'ORIGINE DES IDÉES D'APRÈS
QUELQUES-UNS DES MAITRES

DE LA SCOLASTIQUE AU XIII SIÈCLE.

Et ideo dicere quod mens nostra in cognoscendo non extendat se ultra influentiam lucis increatae est dicere Augustinum deceptum fuisse, cum auctoritates ejus exponendo non sit facile ad istum sensum trahere: et hoc valde absurdum est dicere de tanto Patre et Doctore maxime authentico inter omnes expositores sacrae litterae.

S. BONAVENTURA. Quaest. disp.

de Humanae Cognitionis suprema ratione. Videtur nihilominus evertere et subvertere omnia fundamenta Beati Augustini cujus auctoritates nullo modo possunt exponi. Quod videtur inconveniens, cum ipse sit Doctor Praecipuus, et quem doctores catholici, et maxime theologi debent sequi. MATHAEUS DE AQUASPARTA. Quaest. disp. de fide. I.

Dico quod, propter verba Augustini, oportet concedere quod veritates infaillibiles videntur aut intelliguntur seu cognoscuntur in regulis aeternis. B. JOANNES SCOTUS.

Oxon. I. d. 3. q. 4. art. 5. n. 18.

L'exemplarisme divin, dans la pensée des maîtres de l'idéologie scolastique au XIIIe siècle, intervient comme un complément indispensable à l'achèvement de la connaissance. Aussi fut-il reproché aux vulgarisateurs modernes de la philosophie médiévale d'avoir méconnu, au sens historique du mot, le caractère éclectique de la théorie de la connaissance selon la lettre de saint Thomas.

L'élément augustinien en est manifestement absent. La nécessité de se prémunir contre les infiltrations rosminiennes aurait-elle motivé cette suppression? (1) Cependant S. Thomas

(1) Cette «< suppression >> remonterait au XIVe siècle, si j'en crois les éditeurs de Quaracchi. La thèse thomiste et bonaventurienne était admise en silence. On luttait alors contre Averroës, et S. Augustin dut à la fin s'effacer devant Aristote. Cf. Éditeurs de Quaracchi. De ratione Humanae Cognitionis, p. 41-44.

et tous ses contemporains avaient lutté eux-mêmes contre un système offrant avec le rosminianisme de frappantes analogies. Ils condamnèrent par suite le séparatisme idéologique d'Averroës et ils maintinrent dans leurs spéculations la part de vérité que contiennent le plus souvent les erreurs philosophiques.

On ne peut pas être plus royaliste que le roi. Il y aurait, ce me semble, du point de vue thomiste, un réel avantage si, revenant à la lettre du Maître, l'on remettait l'intellect abstractif sous la dépendance de l'Entendement Divin. L'on substituerait ainsi une règle objective à l'arbitraire du préformisme Kantien. L'on dépasserait en même temps la « Critique de la Raison Pure » puisque les données irréformables du savoir humain se fonderaient en dernier recours sur le prototypisme divin. La certitude aurait pour fondement l'infaillibilité de Dieu même. L'on éviterait aussi de confondre l'un avec l'autre les deux aspects de la vérité selon qu'elle réside en Dieu ou dans nos intelligences; et il ne viendrait pas à l'idée de tel ou tel de prétendre que la « vérité ne git pas dans un rapport de nous à des choses séparées et distantes » (1). Il est pourtant manifeste que cette remarque est fondée si on l'applique aux «< idées divines ». La vérité humaine, parce qu'elle vient à nous du dehors, doit nécessairement se modeler sur le réel.

Le but de cette étude serait d'établir, textes à l'appui, la nature de l'abstraction selon la lettre de S. Thomas et de ses contemporains franciscains.

Je voudrais, en outre, montrer que l'idéologie de l'École, au XIIIe siècle, ne concluait pas chez tous à une abstraction par une élimination mentalement aveugle et inconsciente des notes individuantes du concret.

PREMIÈRE PARTIE

AUTOUR DE L'ABSTRACTION

Les fondateurs de la scolastique ont tous admis dans l'esprit deux régions séparées ou distinctes; l'une supérieure, l'autre inférieure, suivant que le regard de l'âme se tourne vers les

(1) L. NOËL. Annales de l'Institut supérieur de Philosophie de Louvain, t. II, p. 674.

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