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gesse,

est venu ce peu de confiance qu'inspirent la sala bonté et la justice paternelles! Qui a conduit le père à faire de son pouvoir un abus assez odieux et assez fréquent pour rendre nécessaire la diminution exagérée de ses droits? Est-ce le christianisme? Mais c'est lui qui dit à tous les pères Lieutenants de Dieu, gouvernez votre famille comme Dieu lui-même gouverne le monde, avec justice et équité. Souvenez-vous que vous avez dans le ciel un maître et un juge. Ne faut-il pas reconnaître dans ce nouveau malheur l'effet des doctrines antichrétiennes qui, brisant ou affaiblissant l'autorité divine, règle invariable de toute justice, ont abandonné le père à ses caprices et à ses passions? C'est là tout ce que nous voulions constater.

CHAPITRE VII.

Suite du précédent.

Prêché par la réforme, développé par la philosophie, chanté par la poésie antichrétienne, passé dans les mœurs, inscrit dans les lois, l'affaiblissement du pouvoir paternel n'a pas tardé à produire la diminution de la piété filiale. Les précieux usages que nous avons signalés, et qui attestaient dans les familles anciennes cette crainte révérentielle de la part des enfants, ont presque entièrement disparu. Au respect religieux pour les parents a succédé une familiarité indécente. Il est un mot qui résume, à lui seul, cet abaissement, et, si nous osons le dire, ce découronnement sacrilége de l'autorité paternelle. Ce mot, qui n'existe dans notre langue moderne que parce qu'il exprime un sentiment moderne, c'est le mot tu employé par les enfants à l'égard des auteurs de leurs jours. Le tutoiement, langage de la familiarité, convenable entre les égaux, devient indécent, et trahit la violation d'un rapport sacré, lorsqu'il va de l'inférieur au supérieur, de l'enfant au père. Il sent la farouche égalité de 93, dont il est la conséquence, comme

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elle-même fut la traduction des enseignements. philosophiques et protestants. Partout ailleurs le bon sens chrétien a fait prompte justice de cette innovation dangereuse; elle n'a survécu que dans la famille. La cependant elle aurait dû cesser d'abord il est facile d'en comprendre la raison. D'un côté, l'enfant, toujours en contact avec son père et sa mère, tend à se familiariser avec eux, à oublier la distance qui les sépare; d'un autre côté, la tendresse des parents les abaisse chaque jour, en mille circonstances de détail, au niveau de l'enfant. On conçoit dès lors combien il est nécessaire pour celui-ci d'être rappelé au respect envers les auteurs de ses jours. Il faut qu'il trouve dans sa vie habituelle des usages, dans son langage même des formules qui lui redisent à chaque instant cette vertu fondamentale de la société domestique. Grâce cependant à l'abus que nous déplorons, l'enfant n'a qu'une formule appellative pour parler à son père, à sa mère, à son domestique, à son cheval ou à son chien : tous sont à la même personne.

Si nous pénétrons au foyer domestique, nous trouverons que ce langage révolutionnaire est la fidèle expression des mœurs. Admirateurs de leurs enfants, esclaves de leurs caprices, la plupart des parents poussent leur aveugle tendresse jusqu'à l'idolâtrie. Que le petit dieu manifeste

• un désir, si peu réfléchi, si peu raisonnable qu'il soit, on accourt, on s'empresse, on s'efforce de le satisfaire; le plus souvent on cherche à le deviner, afin de le prévenir, et pour le satisfaire rien n'est épargné. Parents insensés! prenez-y garde; ces caprices aveugles, cet esprit de domination que vous flattez avec tant de complaisance, feront un jour votre supplice. A cette première faute vous en ajoutez une seconde. Vous excitez dans vos enfants des goûts qui ne sont pas de leur âge. Pour jouets, vous leur donnez des objets de luxe; pour amusements, des spectacles et des bals! des spectacles d'enfants! des bals d'enfants! Que leur donnerez-vous lorsqu'ils seront sortis de l'enfance?

Tout ingénieuse qu'elle est, votre affection idolâtrique sera promptement au bout de ses ressources. Pour réveiller des sensations émoussées avant l'âge, il faudra faire succéder à ces plaisirs, que je veux bien croire innocents, d'autres divertissements qui ne le seront pas. Il faudra ce qu'on veut aujourd'hui, et ce qu'on ne donnerait pas si on ne le voulait pas : des spectacles où la cruauté et l'immoralité se montrent à découvert ; des bals où l'immodestie des parures et la lubricité de la danse éteignent jusqu'au dernier sentiment de la piété et quelquefois de la pudeur. Gardiens infidèles! vous avez livré ces jeunes âmes : vous les

avez rendues coupables, elles vous rendront malheureux. L'indifférence, l'ingratitude, l'insubordination, le mépris, le délaissement, l'opprobre, des larmes et encore des larmes : voici la riche moisson que vous allez récolter! A part des exceptions que nous aimons à croire nombreuses, telle est l'histoire de la famille actuelle. Pour garants de son authenticité, nous avons et l'expérience, et les faits racontés chaque jour par les feuilles publiques, et les statistiques de la justice, et les greffes des tribunaux consulaires, et ce lugubre concert de plaintes, de récriminations qui s'élève incessamment du milieu des villes et du fond des campagnes.

Qui croirait maintenant qu'au sein d'une société domestique, où les supérieurs sout devenus les serviteurs empressés de leurs inférieurs, où l'anarchie perce de toutes parts, qui croirait à l'existence et à la manifestation du despotisme? Le fait néanmoins est réel. Si vous en cherchez l'explication, vous la trouverez encore dans les doctrines antichrétiennes qui régissent la famille actuelle. Faible devant ses enfants, le père sans religion affecte d'être fort contre Dieu. Dans les deux choses où la liberté est le plus nécessaire à son bonheur et au bonheur de la société domestique, il se montre aveuglément despote. Tout le monde comprend que nous

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