d'émulation dans cette glorieuse voie de progrès. » En Angleterre, pendant que la consommation des spiritueux était triplée, de 1800 à 1830, nous voyons le nombre des condamnés pour crime, qui n'était que de 13,803, de 1812 à 1818, s'élever, de 1826 à 1832, à 31,432, et les frais de justice et de police monter, de 692,000 liv. sterl. à 1,869,000. En France, le dernier rapport sur la justice criminelle attribue 242 cas de mort violente, et 433 suicides à l'usage immodéré des boissons. » En Allemagne, naissances illégitimes, offenses, rixes, accidents mortels, suicides, meurtres, tous les désordres enfin correspondent à l'augmentation dans la consommation des liqueurs fortes; et en Belgique on a pu constater qu'un accroissement d'un tiers dans les rixes sanglantes, en 1836, a correspondu à un abaissement considérable dans le prix du genièvre 1. >> Tel est le mal, le mal envahissant avec une effrayante rapidité et s'attachant aux sociétés et aux cités les plus riches, les plus avancées, les plus glorieuses. Quel sera le remède? Quels moyens de guérison a-t-on proposés et employés ?.... I Quitterons-nous l'Angleterre sur ces tristes Statistique publiée en 1844. : pensées? Ah! pour consoler l'àme navrée du triste spectacle qu'elle vient de voir, élevons nos yeux vers les signes rassurants qui brillent à l'horizon. Quand Ézéchiel promena ses premiers regards sur la vallée de la mort, il la vit toute couverte d'ossements aucun signe de vie dans cette vallée lugubre. Mais tout à coup le souffle du Seigneur se fait sentir et voilà que ces ossements s'agitent, ils se rapprochent; la vie était revenue; ils se couvrent de chair et de peau, et tout ce peuple de morts se réveille, se dresse sur ses pieds et paraît comme une grande armée'. Depuis quelques années, le souffle vivifiant du catholicisme se fait sentir en Angleterre; il agite cette société tuée par le doute, et ensevelie dans le matérialisme. De nobles âmes se sont réveillées, et le premier usage qu'elles ont fait de leur vie nouvelle a été de conjurer l'esprit du Seigneur de souffler encore sur les morts. Un grand mouvement se fait entendre dans ces ossements blanchis, la vie revient. Puisse-t-elle revenir avec une telle abondance, que la nation entière ressuscite, et que l'Angleterre, redevenue catholique, mérite de nouveau le glorieux titre que lui avaient acquis ses vertus. Politiquement parlant, redevenir catholique, Ezech. XXXVII. est aujourd'hui pour l'Angleterre une question de vie ou de mort. O Dieu! donnez-lui l'intelligence et le courage! Faites surabonder la miséricorde là où le péché avait abondé. Et quand l'Angleterre et la France parleront la même langue, quand la première sera redevenue catholique et que la seconde sera chrétienne, alors, ô mon Dieu, nous verrons des merveilles! Votre nom sera glorifié jusqu'aux extrémités de la terre, et, suivant le désir le plus ardent de votre cœur, il n'y aura plus dans tout l'univers qu'un seul bercail et un seul pasteur! CHAPITRE VI. État actuel de la Famille en France. Grâce à l'influence salutaire du catholicisme, la famille, en France, est moins dégradée qu'en Angleterre. Le divorce n'est pas permis, l'éducation morale est encore comptée pour quelque chose par un certain nombre de parents; mais, à part ces différences et quelques autres, il faut reconnaître, dans notre société domestique, les traces profondes des doctrines antichrétiennes. Et d'abord, sa constitution a reçu et reçoit encore de cruelles atteintes. Bien qu'il n'existe plus dans notre législation, le divorce a plusieurs fois tenté de s'y replacer : il y sera un jour dans la pensée de certains hommes. Déjà il gagne du terrain. La preuve en est dans l'étrange arrêté pris nagueres par l'administration supérieure de la ville de Paris. Croirait-on que des magistrats, chargés de veiller à la conservation des mœurs publiques, viennent de décider qu'on admettrait désormais à contracter mariage en France, et avec des Français, les étrangers divorcés, venus d'un pays ой le divorce est légalement autorisé? Cette résolution est un fait doublement scandaleux, et parce qu'elle est en soi un outrage de plus au christianisme et aux saintes lois de la famille, et parce qu'elle aura infailliblement, comme tout ce qui se fait à Paris, une terrible influence sur les provinces. En attendant, ce qui n'est pas impossible, qu'une loi vienne ériger cette décision en règle universelle, l'article du Code, qui déclare le mariage un simple contrat civil, ramène, autant que nos mœurs le permettent, l'union conjugale au niveau du paganisme. Le législateur, il est vrai, ne nie pas le sacrement; mais il ne lui reconnaît aucune force obligatoire. Que dis-je? il a des peines pour le prêtre qui oserait procéder au mariage, en présence de Dieu et de l'Église, avant qu'il soit conclu en présence du magistrat. Cette anomalie choquante et antisociale, parce qu'elle est antichrétienne, soumet Dieu à l'homme, les intérêts moraux aux intérêts matériels, l'esprit à la chair. Elle devient une prime d'encouragement donnée au concubinage, c'est-àdire à la honte et à la ruine de la famille. Tel est, en effet, le langage que l'État tient par sa conduite à tous les citoyens : « Le mariage n'est point un acte religieux et sacré; peu vous importent les bénédictions du Ciel. Pourvu que votre alliance soit confirmée par mon représentant, vous n'avez nul besoin des prières et de la |