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Harvard College Library

NOV 8 1911
Gift of
Prof. A. C. Coolidge

DE L'ACADÉMIE.

HISTOIRE NATURELLE.

AMBROISE PARÉ,

AU XIX SIÈCLE,

PAR J.-N. VALLOT,

DOCTEUR EN MÉDECINE, MEMBRE DE PLUSIEURS SOCIÉTÉS SAVANTES NATIONALES ET ÉTRANGÈRES.

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Le jugement porté par Haller (Bibl. anat., tom. 1, p. 198), par Portal ( Hist. de l'anat. et de la chirurg., tom. 1, p. 491), par Sonnini (Nouv. Dict. d'hist. nat., édit. 2, tom. 32, p. 387, au mot Tamach, pour Thanacth) etc., m'ayant paru extrêmement sévère, j'ai voulu savoir jusqu'à quel point Paré méritait les reproches qui lui ont été adressés; son éloge par le docteur Vimont, couronné le 1er septembre 1813, par la Société de médecine de Bordeaux, ne contenant aucune réflexion à ce sujet, je me suis décidé à réparer cette

omission.

J'ai pensé qu'il serait intéressant de suivre la marche de l'esprit humain, et d'en examiner le développement dans l'exposition et l'explication des phénomènes multipliés que nous présente le règne organique.

Paré en a recueilli une grande partie; mais n'ayant pas été témoin de tous, il a dû s'en rapporter aux auteurs qu'il consultait, et payer le tribut à son siècle, dont il était cependant une lumière : il est bien certain que s'il eût été secondé par les connaissances positives acquises depuis lui, il aurait apprécié à leur juste valeur tous les récits qu'il a répétés, et il aurait donné des explications fondées sur la réalité.

Le travail présent n'a pas pour objet de démontrer que les dessins donnés par Paré sont fabuleux (ce que l'on admet ordinairement avec trop de légèreté), mais de démontrer leur source, ce qui jusqu'à cette heure n'a jamais été fait complètement.

Afin de faciliter les recherches, je suivrai l'ordre adopté par Paré dans la 6o édition de ses OEuvres, Paris, 1607, in-folio.

Je ferai d'abord observer que cet auteur, qui connaissait tous les ouvrages de ses prédécesseurs, avait bien senti que l'art de guérir ne devait pas être uniquement borné au pansement des plaies et à la prescription vague de quelques évacuans: il aurait été loin d'approuver ce moine moscovite qui les remplaçait par une brosse plongée dans l'estomac pour le nettoyer, ainsi qu'on peut s'en assurer, Journ. des Savans, 1711, p. 470; Journal économique, 1759, août, p. 383; Raymond, Traité des maladies qu'il est dangereux de guérir, p. 229-230. Il était convaincu que l'homme qui se consacre au soulagement de ses semblables doit avoir des connaissances positives en histoire naturelle, soit pour se procurer des médicamens précieux, soit pour reconnaître le danger des substances délétères ou des animaux nuisibles.

Ainsi on doit regarder ce qu'a publić Paré, comme

l'encyclopédie de l'histoire naturelle du xvr siècle. Plusieurs auteurs n'ont en effet pas eu d'autre guide, et le savant jésuite Gaspard Schott, dans son ouvrage intitulé: Physica curiosa, répète toutes les merveilles indiquées par Paré, et les admet comme réelles, sans les discuter et sans en donner de preuves.

Nous commencerons notre examen par le second livre, qui traite des animaux et de l'excellence de l'homme; mais avant, nous rappellerons une exagération qui a donné lieu à un colloque piquant : « J'ai vu, dit un interlocuteur, un chou plus grand qu'une maison. Et moi, dit l'autre, un pot aussi grand qu'une église. »> Le premier se moquant, l'autre reprit : « Tout doux, on le fit pour cuire votre chou... » Il n'était cependant question dans l'assertion du premier interlocuteur que d'un fait réel bien connu, mais présenté ou plutôt raconté avec l'exagération assez habituelle aux voyageurs.

On sait en effet que le nom de chou (caulis) est donné au gros bourgeon terminal des palmiers, dont celui du palmiste franc, areca oleracea, Lin., est employé comme substance alimentaire. Ce palmier, le plus élevé et le plus élégant des arbres de l'Amérique, est la source du chou plus grand, c'est-à-dire plus élevé, qu'une maison.

Parmi beaucoup d'observations exactes consignées dans l'ouvrage de Paré, il en est quelques-unes qui paraîtraient hasardées si la science n'était pas venue les confirmer. L'auteur, en effet, s'en rapportait aux récits des voyageurs, et sa bonne foi ne lui permettait pas de supposer qu'il se trouvait des hommes disposés à se jouer de la crédulité des autres.

Dans la présente dissertation, on acquerra la certitude que si Paré eut pu observer par lui-même tous les faits qu'il raconte, il les aurait appréciés justement,

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et il ne s'en serait pas laissé imposer par les idées de son siècle.

P. 59. CHAPITRE VI. Des Mouches à miel.

Cet article de Paré renferme ce que de son temps on croyait des abeilles ; mais les observations modernes ont dissipé les préjugés que l'on avait sur elles.

J'ai été surpris du silence gardé par notre auteur, sur l'assertion suivante, relative aux abeilles, avancée par Pline, et jouissant d'une grande faveur dans l'esprit des alchimistes pour leur recherche du grand œuvre. Mel utilissimum oculis auribus quoque in quo sunt apes immortua. Plin. H. N., lib. xxix, cap. vi.

Tormina et melle curantur in quo sunt apes immortuce decocto. Op. cit., lib. xxx, cap. vII.

Tetris ibi hulceribus et manantibus auxiliantur..... Mel in quo apes sunt emortuæ, cum resina... tricesimoque die resolvunt. Op. cit., lib. xxx, cap. vi.

Les Anciens attribuaient des vertus merveilleuses à cette sorte de miel. Cette opinion régnait encore, il y a peu d'années, chez quelques personnes. Nous avons vu à Dijon deux de nos confrères à l'Académie, Tartelin et Guichard, qui cependant n'étaient point dépourvus d'instruction, répéter des essais pour se le procurer ils fondaient sur la réussite de leurs tentatives l'espoir d'obtenir une panacée merveilleuse.

Le premier avait fait construire dans un des petits jardins du jardin de Botanique, donné à l'Académie par M. Legouz de Gerland, un rucher dans lequel se trouvaient plusieurs paniers d'abeilles, pour se procurer ceux qui devaient réaliser les espérances de l'expérimentateur.

Le second avait placé dans son cabinet, dont il entretenait constamment la température au même degré,

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