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le Sauveur forment le trait dominant de leur piété, et ils parlent volontiers de lui avec des images doucereuses et attendrissantes. Le point principal de leur doctrine et de leur foi, c'est la corruption totale de la nature humaine et la rédemption par le sanglant sacrifice de Christ. Là où la prudence humaine ne suffit pas, ils s'en remettent par le sort à la décision du Sauveur, et autrefois les mariages même étaient décidés de cette manière. Mais la communauté des moraves n'est pas seulement une association religieuse : elle embrasse de plus tous les rapports civils, et même beaucoup de ceux qui concernent l'industrie, ainsi que les choses tout à fait extérieures. Chaque communauté se divise, d'après le sexe, l'âge, et les rapports de famille de ses membres, en sections appelées choœurs. Il y a des chœurs de jeunes garçons, de jeunes filles, de frères non mariés, de sœurs non mariées, d'époux, de veufs et de veuves. Chaque chœur a un aide qui est à sa tête et auquel sont confiés le soin des âmes et la surveillance de la discipline et des mœurs. Les frères et les sœurs qui n'ont pas contracté mariage, habitent, après leur sortie de l'école, des bâtiments séparés, où ils sont astreints à des travaux manuels, à des métiers, à des exercices de piété en commun. Dans les grandes communautés, il y a des maisons particulières pour les veuves et les veufs. Les membres de la communauté qui sont mariés peuvent, il est vrai, demeurer dans leurs maisons, mais là encore ils sont sous la surveillance des supérieurs de chœurs. Toute la communauté est administrée par la conférence de ses directeurs, l'assemblée des anciens, et audessus de tous les herrnhuter est établie la conférence des anciens de l'unité, laquelle se compose d'évêques et d'anciens; elle réside alternativement dans les différents établissements, et convoque un synode général tous les quatre ou

DE LA RÉFORMAT. A NOS JOURS (1547-1857) tous les dix ans. Ce synode comble les vides de l'assemblée des anciens, et décide des affaires les plus importantes.

Le service divin des moraves a quelque chose de particulier: leur salle de prière est tout à fait simple, et une table, couverte d'un tapis vert, occupe la place de l'autel. Le chant alterne entre les frères et les sœurs; chaque jour il se fait des discours édifiants. Le dimanche, la prière appelée litanie est à 8 heures du matin; à 10 heures, on prêche; 2 heures après midi est l'heure consacrée aux enfants; à 3 heures, on explique au choeur des personnes mariées une portion de la Bible, et, le soir, l'heure destinée à tous est occupée par un enseignement ou par une lecture de la Bible. Tous les dimanches on lit la Feuille de la semaine, dans laquelle la conférence des anciens de l'unité communique des nouvelles relatives à la situation de toute la société. La sainte Cène est souvent aussi solennisée le soir par tous ceux qui sont capables d'y prendre part, après que huit jours auparavant l'aide de chœur, au lieu de confession, s'est entretenu avec chacun des communiants de l'état de son âme. La solennité de la communion est précédée par une agape ou repas d'amour, qui a lieu entre la prière et le chant, et qui consiste en un thé, accompagné de miel et de quelques gâteaux. Le jeudi saint a lieu le lavage des pieds1, et la fête de Pâques, où toute la communauté se rend en pèlerinage au cimetière, au lever du soleil, est consacrée au souvenir de ceux qui sont morts dans le cours de l'année précédente.

1 D'après Jean XIII, 1-17.

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Les Méthodistes

Des besoins et des directions semblables à celles qui avaient produit le piétisme et la communauté des Frères en Allemagne, eurent pour conséquence en Angleterre l'établissement des communautés méthodistes. Elles reçurent leur nom de la sévérité de leurs mœurs et surtout de leur manière de vivre extraordinaire et méthodiquement réglée. Leur fondateur fut JOHN WESLEY, qui, déjà comme étudiant à Oxford, fonda une association destinée à de pieux exercices, à une sévère réforme des mœurs, et à la conversion des malfaiteurs'. En 1732, il se réunit à Whitefield, qui, par son éloquence entraînante, contribua beaucoup à répandre le méthodisme, et passa avec raison comme son second fondateur. Les méthodistes ne

voulaient pas se séparer de l'Église épiscopale, et ne s'en écartaient pas pour la doctrine; seulement, comme les piétistes et les moraves, ils mettaient surtout en relief la doctrine de la corruption de la nature humaine, et la satisfaction expiatoire par la mort de Christ. Mais, comme ils furent persécutés de diverses manières, jusqu'en 1742, où ils furent protégés en Angleterre, ils adoptèrent, sous la direction de Wesley, une organisation particulière2, qui a beaucoup de ressemblance avec celle des moraves, mais qui exclut toutes les œuvres économiques et civiles. Leur discipline ecclésiastique est sévère; ils ont des évêques, des prédicateurs à résidence, et des missionnaires; ces derniers, gens pour la plupart sans instruction; et, à la

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tête de la société, se trouve le synode général, qui se réunit chaque année.

Ce n'est pas avec la douce persuasion de l'amour, comme les moraves, mais avec les foudres de la colère divine et les terreurs de l'enfer, qu'ils veulent frayer le chemin à la grâce et à la nouvelle naissance; souvent l'effet que produisent leurs prédications violentes sur les cœurs endurcis des pécheurs est puissant et subit. Malgré le mélange d'exagération et de fanatisme qui les distingue, les méthodistes ont le grand mérite d'avoir jeté une nouvelle étincelle de vie au milieu de l'engourdissement de l'Église épiscopale, d'avoir pris soin des classes inférieures du peuple, et d'avoir tiré mainte âme corrompue de son sommeil et de ses péchés. Ils ont fait aussi beaucoup d'efforts pour l'abolition de l'esclavage; le méthodiste WILBERFORCE', en particulier, s'est acquis à cet égard des mérites impérissables. Il faut aussi leur tenir non moins grand compte de la propagation du christianisme parmi les païens.

Les méthodistes sont principalement répandus en Angleterre et dans le nord de l'Amérique, et leur nombre s'élève aujourd'hui à peu près à un million; il va d'ailleurs toujours croissant.

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Baptistes, Irvingiens, Puséistes

Du sein des indépendants, on vit, en 1630, sortir les Baptistes, qui sont répandus en grand nombre en Angleterre et surtout en Amérique. Ils rejettent le baptême des

† en 1833.

culture, étranger aux connaissances élevées des écoles, il s'abandonna à des recherches et à des rêveries sans fin. Il crut avoir pénétré dans la profondeur de la divinité et dans l'essence des choses; il vanta le bonheur de cette contemplation, et décrivit ses révélations, tantôt avec esprit, tantôt d'une manière confuse et obscure; on voit souvent percer dans ses écrits, dont le principal est: L'aurore à son lever, à travers l'obscurité qui leur est propre, des éclairs de pensées admirables, et partout se révèle ce sentiment intime de la piété qui aspire à connaître sans intermédiaire et à s'unir étroitement avec Dieu. Quelques-uns furent entraînés à une exagération encore plus grande. Ainsi le poëte KUHLMANN de Breslau, qui, dans l'ardeur de son amour pour le Sauveur, parcourut le monde et voulut fonder un royaume spirituel, fut brûlé à Moscou en 1689.

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Les Swedenborgiens

EMMANUEL SWEDENBORG, né en 1689, devint, en 1716, assesseur au collége de Berg, à Stockholm; mais il renonça à cet emploi en 1747, pour se consacrer entièrement à l'Église de la nouvelle Jérusalem, à la fondation de laquelle il s'était cru appelé par une révélation du Seigneur. Il partit, dans ce but, pour Amsterdam et pour Londres, et mourut, en 1772, dans cette dernière ville. Instruit à la fois en théologie et en philosophie, versé dans les sciences naturelles, et encore plus encouragé par les écrits des hommes qui avaient des tendances rapprochées de la sienne, surtout par ceux de Paracelse et de Boehme, il

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