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s'enfonça dans des recherches sur les mystères de la nature, sur le royaume des esprits, et il en vint à croire qu'il était digne de communiquer avec eux. Ses sectateurs, les Swedenborgiens ou l'Église de la Nouvelle Jérusalem, ne se rassemblèrent qu'après sa mort en communautés; depuis 1783, ils eurent en Angleterre des chapelles; puis ils s'étendirent dans le nord de l'Amérique, où ils vivent au nombre d'environ quatre mille, avec trente-huit prédicateurs, et même dans les Indes orientales et dans le midi de l'Afrique; en Suède, ils sont à peu près deux mille. En Allemagne et en France, les doctrines de Swedenborg ont aussi trouvé de la faveur.

Suivant la doctrine des swedenborgiens, l'organe par lequel on se met en rapport avec le monde des esprits peut être délié dans chaque homme. Outre le sens littéral de l'Écriture sainte, à laquelle ils associent les écrits de Swedenborg, ils en admettent encore un qui est spirituel. Ils rejettent les enseignements de l'Église sur la trinité, mais ils croient que le Dieu unique s'est révélé en Christ de trois manières diverses, « pour mettre la foi à la portée de l'homme, et pour repousser l'enfer à l'arrière-plan; » ils ne croient pas à la satisfaction par Christ, ni à l'élection de grâce, ni à la résurrection de la chair. La constitution de leur société a pour fondement leur volonté de ne pas former seulement une association d'Églises, mais d'être encore un peuple de Dieu, auquel sera donnée un jour la domination sur toute l'Église. Ils ont des évêques et des prédicateurs qui ont reçu l'ordination, et la réception dans leur communauté par le baptême n'a lieu qu'à un âge déjà mûr.

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Les Quakers

GEORGES FOX, né en 1624, dans le comté de Leicester, cordonnier sans éducation, mais plein d'une ardeur enthousiaste, se vanta de révélations intérieures, et se crut appelé à devenir réformateur d'un monde corrompu. Recouvert d'une peau de bête, il parcourut l'Angleterre, prêchant, dans les rues et dans les maisons, la pénitence et l'Évangile, se lamentant sur les péchés des chrétiens, et annonçant un nouveau règne de Dieu. Il fonda ainsi, depuis 1649, la Société des Amis, qui s'appellent eux-mêmes les enfants de la lumière, mais qui reçoivent du peuple le nom de Quakers, c'est-à-dire Trembleurs, soit que dans leurs assemblées quelques-uns aient coutume de tomber dans des extases convulsives, soit qu'un jour, dans un interrogatoire, Fox lui-même ait crié à son juge: Quake! c'est-à-dire, tremble (devant la Parole de Dieu)! Les quakers partent de l'idée que tout sentiment religieux est un effet immédiat de l'Esprit divin, et que tous ceux qui le recherchent sérieusement, ou par une paisible contemplation, ou par un pieux retour sur eux-mêmes, peuvent participer à la révélation divine, ou allumer en eux la lumière intérieure. La parole intérieure, comme ils appellent cette lumière, est placée par eux à côté et même au-dessus de la parole extérieure ou de la Bible. Ils rejettent, par conséquent, tout ce qui est extérieur dans le service divin et dans l'organisation, savoir, la charge de prédicateur avec le bagage de la théologie, et la répétition extérieure des sacrements, qu'ils ne regardent que comme des images symboliques de leur état intérieur. Aussi

leur culte est-il extraordinairement simple: dans leurs maisons de prières, il n'y a ni tableaux, ni autel, ni orgues, ni chant. Ils ont aussi écarté la sonnerie des cloches. Dans leurs assemblées, ils s'asseient ensemble en se recueillant en silence, jusqu'à ce que l'un d'entre eux, homme ou femme, se sente excité à parler par la parole intérieure. Si personne ne se sent pressé par l'Esprit, l'assemblée se termine en silence, souvent après qu'ils se sont encore assis de longues heures ensemble. Ils considèrent comme défendus le service militaire, le serment et les dîmes, aussi bien que les plaisirs sensuels, comme la chasse, la danse, le théâtre, les jeux de cartes, et ils sont généralement fort sévères dans leurs mœurs. Ils évitent les marques d'honneur qu'on donne à la naissance, tutoient tout le monde, ne se découvrent devant personne, et refusent d'accepter les emplois de la magistrature. Ils ont aussi un habillement particulier: les hommes portent un chapeau avec de larges bords rabattus, et un habit sans boutons; les femmes sont reconnaissables à leur bonnet noir et à leur tablier vert. Leur constitution ecclésiastique repose sur l'entière égalité des membres. Des assemblées ont lieu chaque mois pour délibérer de leurs affaires; les délégués de plusieurs assemblées se réunissent trois fois chaque année, et la grande réunion des délégués d'un ou de plusieurs pays a lieu une fois chaque année, à Londres, pour les assemblées européennes.

En général, on loue l'application des quakers au travail, leur bienfaisance, leur droiture, la rigoureuse moralité de leur vie. Au commencement, ils avaient un caractère enthousiaste et violent. Fox et ses partisans pénétraient dans les églises, troublaient le service divin, et chassaient même les prédicateurs de leurs chaires. Comme, d'après leurs principes, ils refusaient alors de s'acquitter

de plusieurs devoirs civils, ils eurent à souffrir sous Cromwell de cruelles persécutions, et plusieurs d'entre eux furent mis à mort. Mais peu à peu ils renoncèrent à leur caractère inquiet et enthousiaste, et ce fut en particulier le noble WILLIAM PENN1 qui les ramena à un esprit calme et réfléchi, qui organisa leur communauté, tandis que ROBERT BARCLAY donnait à leur doctrine sa forme scientifique. Comme ils étaient encore persécutés en Angleterre, Penn leur procura, par attachement à leur foi, un asile paisible dans le nord de l'Amérique, où, depuis 1681, par des colonies placées sous la protection du gouvernement anglais, il fonda l'État de Pensylvanie. Cependant ils obtinrent aussi en Angleterre, en 1686, les droits accordés aux dissidents, et on évalue maintenant leur nombre dans ce pays à un demi-million à peu près. En Amérique ils sont au nombre de deux à trois cents mille. Il se trouve aussi des quakers en Hollande et en Allemagne. Il en existe, entre autres, une petite communauté à Friedensthal, près de Pyrmont.

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Les Herrnhuter ou les Moraves

Le piétisme (voy. § 172) donna naissance à la communauté évangélique des frères, ou à la société des Herrnhuter, dont le fondateur fut le comte LOUIS DE Zinzendorf. Il naquit à Dresde, en 1700, et fut dès son enfance attiré vers les exercices de piété qui avaient lieu chaque jour dans la maison de sa grand'mère. Son esprit, déjà enclin

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à la dévotion, reçut plus tard, de ses rapports avec les piétistes, une nourriture abondante, et déjà à Halle, comme étudiant, il tenait des assemblées d'édification. Quoique voué au droit par la volonté de son père, et placé plus tard àå Dresde, comme conseiller de justice, il fut dominé de bonne heure par la pensée de réformer l'Église et de propager l'Évangile au milieu des païens. En conséquence, lorsqu'en 1772 des frères Bohêmes et Moraves (voy. § 113), cherchant un refuge en Lusace, s'établirent sur ses propriétés, près de Berthelsdorf, et bâtirent, près de Hutberg, le village de Herrnhut, ses pensées et ses désirs reçurent une direction déterminée. Zinzendorf donna à leur communauté une constitution conforme aux anciennes traditions, et fit dès lors des efforts continuels pour fonder une communauté chrétienne sur le modèle qu'avaient laissé les apôtres. Il abandonna son emploi, étudia la théologie, subit les examens de candidat, et se fit consacrer comme évêque; puis il entreprit, à travers l'Europe, un grand nombre de voyages, en grande partie pénibles et dangereux, et même il se rendit chez les peuples païens de l'Amérique, pour répandre ses vues religieuses et pour établir des communautés. Il mourut à Herrnhut en 1760. Maintenant les herrnhuter sont répandus dans une grande partie de l'Europe, et ils se sont établis aussi dans d'autres contrées de la terre. On évalue leur nombre à un demi-million. Ils appartiennent à l'Église protestante, et se divisent en trois branches: la branche luthérienne, la branche réformée, et la branche morave. La religion est avant tout pour eux une affaire de sentiment; ils saisissent, avec une ardeur intime et presque sensuelle, leurs rapports avec Christ, qu'ils se représentent préférablement sous l'image de l'époux, ou de l'agneau; un amour confiant et une âme remplie de dévouement pour

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