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férentes petites communautés religieuses, et que différentes sectes se soient en partie séparées d'elle. Il nous reste donc à les examiner à cette heure.

Les Sociniens peuvent être considérés, il est vrai, comme ne faisant pas partie de l'Église protestante; mais, en tant qu'ils ont pris part au mouvement de la réformation, et qu'ils sont nés de l'opposition au catholicisme, on peut leur accorder une place dans cette communion. Les réformateurs n'avaient pas attaqué la doctrine de l'ancienne Église catholique telle qu'elle avait été établie dans les premiers conciles généraux; ils avaient bien plutôt mon-. tré expressément, dans leurs confessions de foi, qu'ils étaient d'accord avec elle. Toutefois il s'était formé une opposition secrète contre cette doctrine, et le dogme de la Trinité, en particulier, rencontra des adversaires, que les protestants repoussèrent, comme le faisaient les catholiques. Non-seulement SERVET (voy. § 139) endura la mort pour avoir librement soutenu son opinion; mais d'autres encore, pour la même cause, payèrent leur conviction de leur vie ou de leur liberté; par exemple, le Napolitain GENTILIS, qui fut décapité à Berne1, en qualité d'arien, et CAMPANUS, qui mourut à Clèves en prison, vers l'an 1578. En tant qu'adversaires du dogme de la trinité, on les nomma antitrinitaires, ou encore unitaires. Plusieurs d'entre eux s'enfuirent en Pologne, où ils trouvèrent un libre asile; ils y fondèrent des communautés, et, depuis 1563, ils trouvèrent à Rakau un centre de ralliement. Dans la Transylvanie ils parvinrent, par l'entremise du Piémontais BLANDRATA, qui était médecin du prince de ce pays, à être publiquement reconnus. Une petite communauté d'antitrinitaires subsista

1 1566.

aussi secrètement à Altdorf, en Franconie, jusqu'en 1616.

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Ce fut par LÉLIUS SOCIN de la noble famille des Socini de Sienne, et plus encore par son neveu FAUST SOCIN, que les unitaires parvinrent à une doctrine plus déterminée, à une constitution commune à tous, et reçurent le nom de Sociniens. Le premier agit surtout par des écrits d'un genre scientifique, et soutint même des rapports avec les réformateurs. Mais Faust Socin avait une activité infatigable pour répandre ses vues, et il réussit en Pologne à procurer une existence assurée à ceux qui partageaient sa foi. Mais, depuis 1638, les sociniens furent persécutés dans ce pays, leurs églises furent fermées, leurs écoles détruites, et, en 1658, la diète polonaise interdit, sous peine de mort, la confession de foi socinienne. Un grand nombre s'enfuirent en Transylvanie, en Hongrie, en Prusse, en Silésie et en Angleterre; c'est de ce dernier pays que leur doctrine se répandit dans le nord de l'Amérique. Dans l'État de Massachussets, les unitaires formèrent cependant le plus grand nombre sans se mêler avec les sociniens. Ces derniers s'élèvent environ au nombre de 50 mille. Leur doctrine est contenue dans le Catéchisme de Rakau, qui parut en 1604, et qui fut regardé comme leur confession de foi. Jésus est pour eux un simple homme, merveilleusement comblé néanmoins des grâces de Dieu qui lui conféra sa dignité de Fils en récompense de son obéissance parfaite et de la sainteté de sa vie, et qui l'enleva au ciel pour gouverner et bénir dans tous les temps ses disciples comme médiateur et comme roi. Ils considèrent la Bible comme la règle de leur foi et de leur vie, mais ils se permettent souvent des inter

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prétations hardies et arbitraires pour l'accommoder à l'intelligence humaine. Ils repoussent les doctrines de la trinité, de la satisfaction et du péché originel. Les sacrements ne sont pour eux que des actes symboliques, et ils regardent comme défendus le serment, la guerre et la peine de mort.

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Schwenkfeld. Les Théosophes

GASPARD DE SCHWENKFELD, qui vivait à la cour de Liegnitz, avait saisi avec enthousiasme l'idée de la réformation, et s'était lié personnellement avec Luther; mais il s'éloigna bientôt de lui, non-seulement quant à la doctrine de la sainte Cène, mais surtout en repoussant une doctrine obligatoire qui était établie par l'Église, et un culte extérieur qui se liait avec une constitution et des pratiques déterminées. Il plaçait au-dessus de la Parole écrite la parole intérieure de Dieu, que l'homme reçoit en esprit; il enseignait une inspiration divine continuelle, immédiate, que l'homme pieux peut recevoir par un profond recueillement, et il ne voulait d'autre christianisme que celui qui nait du sens intime. Banni de la Silésie en 1527, il se rendit à Strasbourg, plus tard à Augsbourg, et mourut à Ulm en 1561. Il se défendit du reproche de vouloir former une secte; mais il trouva, surtout en Silésie, des adhérents, que, d'après lui, on nomma Schwenkfeldiens. Persécutés, ils émigrèrent en grande partie vers le nord de l'Amérique, et, encore aujourd'hui, il en existe quelques disciples et quelques communautés qui méritent le respect par leur modération, leur activité, et la sévérité de leurs mœurs.

Le besoin de sentiments religieux plus profonds, en opposition au culte de la lettre et aux disputes de l'Église, ainsi que le désir d'arriver à une connaissance plus immédiate de Dieu et de la nature, produisirent encore d'autres manifestations, et ces manifestations doivent, il est vrai, être signalées comme du fanatisme et comme franchissant les bornes imposées à l'esprit humain; mais elles peuvent servir d'avertissement à l'Église, et l'engager à ne pas se perdre dans ce qui est étranger au fond de la doctrine. On nomme Théosophes, c'est-à-dire sages en Dieu, les hommes de cette sorte, parce qu'ils se vantaient d'une lumière divine intérieure, parce qu'ils prétendaient recevoir de Dieu une science plus élevée et plus immédiate, ou parce qu'ils cherchaient, par une intuition pleine de génie, à pénétrer dans les profondeurs du sentiment, et à expliquer par une révélation qu'ils auraient reçue, les mystères de l'essence divine et de l'ensemble des choses. A leur tête fut BOMBASTE PARACELSE', qui, comme médecin, opéra des réformes importantes dans l'art de guérir, fut honoré ici et là comme thaumaturge, et qui, dans un langage mystique, obscur et fantastique, énonça des vues tout à fait particulières sur Dieu et sur ses rapports avec le monde. VALENTIN WEIGEL, prédicateur à Tzschopau, se montra aussi theosophe dans ses écrits posthumes; il expliqua allégoriquement les dogmes de l'Église, ne reconnut d'autorité qu'à la lumière divine intérieure, et, par conséquent, n'attacha aucune importance à l'organisation extérieure. JACOB BEHME3, cordonnier à Gorlitz, s'avança encore davantage dans cette direction. D'une âme pleine de force et rempli de sentiments religieux et profonds, mais d'un esprit fantastique, sans

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culture, étranger aux connaissances élevées des écoles, il s'abandonna à des recherches et à des rêveries sans fin. Il crut avoir pénétré dans la profondeur de la divinité et dans l'essence des choses; il vanta le bonheur de cette contemplation, et décrivit ses révélations, tantôt avec esprit, tantôt d'une manière confuse et obscure; on voit souvent percer dans ses écrits, dont le principal est: L'aurore à son lever, à travers l'obscurité qui leur est propre, des éclairs de pensées admirables, et partout se révèle ce sentiment intime de la piété qui aspire à connaître sans intermédiaire et à s'unir étroitement avec Dieu. Quelques-uns furent entraînés à une exagération encore plus grande. Ainsi le poëte KUHLMANN de Breslau, qui, dans l'ardeur de son amour pour le Sauveur, parcourut le monde et voulut fonder un royaume spirituel, fut brûlé à Moscou en 1689.

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Les Swedenborgiens

EMMANUEL SWEDENBORG, né en 1689, devint, en 1716, assesseur au collège de Berg, à Stockholm; mais il renonça à cet emploi en 1747, pour se consacrer entièrement à l'Église de la nouvelle Jérusalem, à la fondation de laquelle il s'était cru appelé par une révélation du Seigneur. Il partit, dans ce but, pour Amsterdam et pour Londres, et mourut, en 1772, dans cette dernière ville. Instruit à la fois en théologie et en philosophie, versé dans les sciences naturelles, et encore plus encouragé par les écrits des hommes qui avaient des tendances rapprochées de la sienne, surtout par ceux de Paracelse et de Boehme, il

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