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BURY' et TINDAL. WOOLSTON ne vit que des allégories dans les miracles de Jésus, et mourut pour cela en prison, en 1733. MORGAN déclara que toute la partie historique du christianisme n'était qu'une tromperie des prètres. Les ecclésiastiques combattirent cette incrédulité dans de nombreux écrits, mais ils ne contribuèrent qu'à répandre dans un cercle plus étendu le doute et l'indifférence pour la révélation chrétienne, et à les propager dans les hautes positions sociales. Ce fut surtout le célèbre philosophe et historien DAVID HUME qui, par sa doctrine de l'incertitude de toutes les choses humaines, ébranla la foi religieuse d'un grand nombre; mais il fraya ainsi de nouvelles routes à la pensée scientifique.

Il s'éleva aussi en Allemagne chez quelques-uns une haine incontestable contre le christianisme, soit par opposition contre une dogmatique immuable, soit par un point de vue étroit de l'intelligence humaine méconnaissant la manière profonde et élevée dont le christianisme considère la vie. Ainsi DIPPEL, sous le nom du Démocrite chrétien, se moqua du papisme protestant et de la doctrine d'une satisfaction expiatoire, et EDELMANN nia toute révélation divine et se déchaina d'une manière grossière contre la sainte Écriture. Avec plus de sérieux et de subtilité les Fragments de Wolfenbüttel, rédigés en grande partie par REIMAR et publiés par LESSING, combattirent la croyance à la révélation et prirent, en diverses manières, le parti de la raison si décriée du haut de la chaire. BAHRDT porta sa légèreté d'esprit dans son enseignement même et dans ses écrits, et il attaqua en termes

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3 † en 1734. — * † en 1767.

† en 1743. † en 1768.

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pleins d'audace et de trivialité, soit la Bible même, soit surtout les fondements historiques de la religion. chrétienne.

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La science

Malgré les attaques que le christianisme éprouva de la part des déistes anglais, des incrédules de France et des naturalistes allemands, la partie respectable du peuple conserva, soit en Allemagne, soit dans les pays du Nord, l'héritage de la foi chrétienne; et la science sérieuse, qui suivit sa route progressive sans attaquer les bases du christianisme, contribua essentiellement à préserver les âmes des effets funestes du doute et de l'incrédulité; elle contribua à réconcilier avec la foi, aux yeux d'un grand nombre d'esprits, la direction nouvelle que prenait la pensée. Des philosophes célèbres, comme LOCKE' en Angleterre, SPINOSA en Hollande, LEIBNITZ et WOLF ouvrirent à l'esprit humain de nouvelles routes, et firent de l'examen le plus libre usage. Mais le vrai christianisme n'avait rien à en redouter, parce que la vérité porte en soi-même la garantie de sa victoire. THOMASIUS aussi, qui, le premier, avait enseigné en allemand à l'université. de Halle, agit dans cette direction, et s'éleva avec succès contre les procès faits aux sorciers, procès qui cessèrent entièrement dans la seconde moitié du XVIe siècle. Mais tous ces efforts contribuèrent à ébranler la force obliga

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toire des livres symboliques, à faire cesser l'aigreur et les disputes relatives à la lettre de l'enseignement ecclésiastique, et à empêcher la science théologique de se mouvoir plus longtemps dans les étroites limites que lui imposait l'Église. La Bible fut de nouveau reconnue comme l'unique source, la base et l'autorité réelle en fait de doctrine; l'examen et l'interprétation de ses livres se recommandèrent de préférence au travail des savants; et des théologiens distingués, comme MOSHEIM1 à Helmstædt et à Gættingue, MICHAELIS2 à Goettingue, Ernesti3, à Leipzig, et SEMLER à Halle, propagèrent, sur l'interprétation de l'Écriture, des idées plus libérales, et adoucirent par leurs explications maintes doctrines de l'Église. Mais ils conservèrent le sérieux de la science, et restèrent attachés à la base historique et surnaturelle du christianisme. Il en fut autrement sous le règne de FRÉDÉRIC LE GRAND, parmi les classes aisées et soi-disant instruites ; on y redoutait le reproche de superstition et de préjugé presque autant que jadis le soupçon d'hérésie. Là régnaient, soit l'indifférence religieuse, soit une froide religion de tête, et un enseignement moral dépouillé des racines vivantes de la foi. Il faut dire que le grand roi, dans le royaume duquel chacun pouvait à sa manière faire son salut, donna lieu à cette direction par son éducation française et par le point de vue sous lequel il envisageait la religion.

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Efforts pour soutenir la foi de l'Église

Des esprits ardents et inquiets pensaient déjà que le christianisme était menacé avec la foi de l'Église ; mais il faut reconnaître aussi que la religion du Christ et ses archives saintes étaient dépréciées par un grand nombre. On pensa pouvoir s'opposer à ces innovations funestes, par des écrits, par l'éducation de la jeunesse, et par des associations. Dans ce but, il se forma à Stockholm, en 1771, une société en faveur de la foi et du christianisme, et une autre à la Haye, en 1787, pour la défense de la religion chrétienne contre ses adversaires; puis une association beaucoup plus étendue fut fondée, en 1779, par le prédicateur URLSPERGER pour les progrès de la science chrétienne et de la véritable piété; son siége principal était à Bâle. Il y eut aussi plusieurs savants qui défendirent dans leurs écrits le christianisme et son origine divine, par exemple, BENTLEY1, SHERLOCK2, LARDNER3, JÉRUSALEM, DŒderlein*, LESS, et KLEUKER'. Des gouvernements même crurent devoir employer le bras séculier pour secourir la foi menacée. Ainsi, en Prusse, FRÉDÉRIC-GUILLAUME II, d'après l'avis de WELLNER, son ministre des cultes, publia, en 1788, un édit qui menaçait de la déposition, et même d'une peine plus grave après récidive, tous les ecclésiastiques et les instituteurs primaires qui s'écarteraient de la doctrine des livres symboliques. Une loi de censure fut publiée, un nouveau catéchisme introduit dans le pays,

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et une commission d'enquête, établie et placée immédiatement sous la direction de Wollner, pour assurer l'exécution de l'édit. Mais des universités, des autorités compétentes, soit ecclésiastiques soit séculières, se prononcèrent contre une telle contrainte, et l'opinion publique, ainsi que le besoin de développement qu'éprouvaient les esprits, eut plus d'influence que le pouvoir extérieur, qui ne fit exécuter l'édit que dans un petit nombre de cas. Lorsque, en 1797, FRÉDÉRIC-GUILLAUME III monta sur le trône, Woellner fut renvoyé, et l'édit n'eut plus de force, tandis que le roi, distingué par sa piété, déclarait « que la religion n'a pas besoin de la contrainte de la loi, qu'elle est une affaire de conscience, et, qu'avec la raison et la philosophie, ses compagnes inséparables, elle peut subsister par elle-même. »>

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Doctrine et foi à la fin du XVIIIe siècle et pendant le premier quart du XIXe

La science continua ses progrès paisibles, et de grands philosophes, non-seulement réveillèrent l'esprit de recherche, mais opérèrent dans toutes les parties de la science et des connaissances de très-grands changements, dont l'influence dure encore. Parmi eux, on compte KANT1, FICHTE, JACOBI, HEGEL et SCHELLING. Mais il était naturel que, devant les grands contrastes que présentaient la foi à la révélation et le culte de la raison pure, l'auto

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Nous devons prévenir le lecteur que nous avons légèrement modifié l'ordre de ce paragraphe. (Note du trad.)

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en 1804.

• Né en 1775.

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