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blessèrent ainsi le sentiment de la nationalité polonaise. Après les partages de la Pologne et la décomposition du royaume, leur sort fut lié à celui des trois États qui se l'étaient partagé; ceux-ci leur rendirent la paix, et leur accordèrent une position meilleure.

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Le piétisme, Spener et Francke

Depuis la réformation, la pure foi évangélique est toujours le partage d'un grand nombre d'âmes, et, par sa piété paisible, elle a exercé plus d'influence que par la renommée d'une grande érudition et de systèmes prononcés; mais, à côté d'elle, il y a encore diverses tendances et différents partis, qui, pour la plupart, ont pour base des extrêmes opposés, et qui ne trouvent que là leur explication.

Les luthériens, et, en partie aussi les réformés, avaient été poussés, par leurs opinions opposées et par leurs débats, à s'attacher peu à peu d'une manière scrupuleuse et servile à l'enseignement littéral des réformateurs, en sorte qu'ils y cherchaient le christianisme, la piété, le salut, et condamnaient tout ce qui s'en écartait en réalité ou seulement même en apparence. Ce n'était pas uniquement dans les écrits des savants, mais encore dans la prédication et dans l'enseignement, que des questions controversées et subtiles étaient agitées, et, de la sorte, on négligeait l'instruction chrétienne et l'édification du peuple. Des hommes craignant Dieu l'observèrent avec douleur, et élevèrent leurs voix pour prémunir contre cette manière de penser et d'agir qui tuait l'esprit et le cœur.

JEAN ARNDT, surintendant général à Celle1, cherchait, dans son fameux livre Du vrai christianisme, à s'opposer à ce mesquin attachement à la lettre, et à répandre la véritable piété chrétienne. Mais ce fut surtout PHILIPPEJACOB SPENER qui, avec un zèle infatigable, que couronna le succès, chercha à réveiller l'Église de son engourdissement, et à lui donner l'esprit vivant de la foi et de la piété. Né en 1635, à Rappoltsweiler, et ayant étudié à Strasbourg, il devint, en 1660, prédicateur et doyen du clergé à Francfort sur le Mein, en 1686 premier prédicateur de la cour à Dresde, et, en 1691, surintendant à Berlin, où il mourut en 1705. Il dirigea surtout son attention sur l'instruction du peuple, qui était négligée, et insista, dans ses prédications aussi édifiantes que populaires, sur les dispositions chrétiennes et sur l'intégrité de la conduite. Pour avancer encore l'œuvre chrétienne, il consacra dans sa maison des heures spéciales destinées à entretenir la piété, usage qui fut imité ailleurs par ceux qui étaient animés des mêmes dispositions. Plus étaient grands les succès de Spener, plus grandes aussi furent la haine et l'envie qui s'élevèrent contre lui. On l'accusa de s'écarter de l'enseignement de l'Église, et, par défaut de connaissances approfondies, de méconnaître le prix de la science; on reprocha à ses sectateurs de faire peu de cas de l'Église et du service divin, de nourrir un véritable orgueil spirituel, et de rechercher seulement l'apparence de la piété. Le noble Spener et un grand nombre de ceux qui le suivaient étaient bien éloignés de

' † en 1621. * Nous n'avons pas trouvé en français d'autre mot pour rendre le terme de Propst, qui est dérivé du latin præpositus, et qui signifierait préposé. Il y a encore à Berlin une rue nommée la rue du Propst: Propstgasse. (Note du trad.)

mériter ces reproches ; mais, parmi ses sectateurs, il y en avait aussi beaucoup qui n'avaient pas l'humilité et l'esprit de Spener, qui, aveuglés par un véritable orgueil spirituel, se considéraient comme les seuls enfants, les élus de Dieu, et regardaient les membres des autres communautés comme des enfants du monde et comme dignes de condamnation. Plusieurs, qui avaient fort peu à cœur la sanctification, renchérirent en actes de piété purement extérieurs et se séparérent de l'Église. Mais le zèle aveugle de leurs adversaires ne distingua pas le vrai du faux, la véritable piété de Spener, d'une exagération hypocrite et erronée; et, par forme de mépris, on appela Piétisme la tendance qui lui était propre, et l'on donna à ses sectateurs le nom de Piétistes. Dès lors le nom a été pris dans un bon sens comme dans un mauvais; dans un bon, pour désigner ceux qui recherchent le royaume de Dieu et sa justice, et qui montrent, non-seulement des dispositions chrétiennes et une conduite vertueuse, mais encore un dévouement plein de foi au Seigneur et Maître qu'ils veulent servir, puis qui se mettent en rapport avec lui par de fréquents exercices de piété; dans un mauvais sens, pour indiquer ceux qui ont et qui recherchent l'apparence de la piété plutôt que ce qui en fait réellement l'es

sence.

Parmi les hommes qui suivirent la direction de Spener, AUGUSTE-HERMANN FRANCKE, né à Lubeck, en 1663, occupe la place la plus distinguée. Avec d'autres jeunes savants, il fonda à Leipzig, en 1687, une société pour

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« La séparation, dit Spener, n'est pas le vrai moyen de guérir les « maux de l'Église, c'est bien plutôt un remède plus dangereux que la « maladie elle-même, et c'est une chose qui peut causer la ruine com« plète de l'Église évangélique. » Réflexions théologiques, T. II, p. 46.

l'explication scientifique de la sainte Écriture et pour son application pratique aux besoins de la piété. Ils donnèrent aussi en langue allemande plusieurs cours édifiants sur le Nouveau Testament, cours qui furent suivis avec assiduité par des étudiants et par des particuliers. Chassé de Leipzig et d'Erfurt, où il avait été prédicateur, Francke, en 1691, se dirigea vers Halle, où, avec son savant ami THOMASIUS, exilé comme lui, il contribua à la fondation de l'université, en 1694. Là, il travailla jusqu'à sa mort (en 1727) comme pasteur et comme professeur. Distingué par une piété sincère et par un véritable amour des hommes, toute sa vie fut consacrée à l'instruction et à l'éducation chrétienne. D'abord il instruisit dans sa maison les enfants complétement abandonnés, il réunit autour de lui quelques orphelins, et bientôt, se confiant en Dieu et dans l'appui de quelques âmes généreuses, il prit la résolution de créer pour ces orphelins une maison, dont les fondements furent jetés en 1698. Mais il fallut bientôt donner les plus grandes dimensions à cet établissement, sur lequel reposait la bénédiction de Dieu, et qui devint, dans les différentes branches, un centre d'éducation pour la jeunesse de toutes les conditions et surtout pour les instituteurs futurs; déjà en 1710, l'institut biblique du baron HILDEBRAND DE CANSTEIN y fut adjoint, et la maison même des orphelins ne forma plus qu'une partie du grand tout qu'on a coutume de désigner sous le nom de « fondations de Francke.» Sans contredit, le piétisme a répandu beaucoup de bénédictions; il s'est occupé avec le plus grand soin de l'éducation religieuse du peuple; il a travaillé à ce que le christianisme devint davantage une affaire de cœur et pénétrât dans la vie de famille; il a donné à la théologie scientifique une direction bienfaisante, en sorte qu'elle n'a plus entièrement consisté en stériles discus

sions d'école, mais s'est dirigée de nouveau avec plus d'intelligence vers les recherches chrétiennes. Plus tard néanmoins cette tendance perdit de son esprit, de sa fraîcheur, et l'on vit s'introduire toujours plus le faux piétisme, qui fait de la religion, par préférence ou par exclusion, une affaire de sentiment, qui fait peu de cas de la science théologique, qui se répand en plaintes sur la corruption du monde, qui n'envisage le christianisme que sous une face et de l'unique point de vue du péché originel, comme de la satisfaction expiatoire, et qui enfin nourrit un véritable orgueil spirituel, avec toutes les apparences de l'humilité.

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Les libres penseurs ou les déistes

Avant même que l'incrédulité se fût développée en France (voy. § 161), la foi en la révélation rencontra des adversaires chez les libres penseurs anglais, qui reconnaissaient, il est vrai, l'existence de Dieu, mais qui rejetaient l'origine divine du christianisme, niaient une révélation surnaturelle, admettaient comme la véritable religion, suffisante pour conduire au salut, la connaissance naturelle de Dieu et la conscience. On leur donna le nom de Déistes, mot par lequel on désigne ceux qui confessent la foi en un seul Dieu, mais qui repoussent la révélation divine; on les appela aussi Naturalistes, parce qu'ils considèrent les forces naturelles de l'esprit humain comme l'unique source des connaissances religieuses. Parmi ces déistes, on compte lord HERBERT de Cherbury', HOBBES2, le comte SHAFTES

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