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sentiraient à le prêter. La convention nationale introduisit un nouveau calendrier datant les années de l'ère de la république; elle déclara le christianisme aboli, et ordonna qu'on célébrât un culte de la raison, montrant ainsi à quel point l'homme peut s'égarer dans sa présomption. Plus tard, cette même assemblée nationale décréta la croyance en Dieu et à l'immortalité de l'âme; mais, malgré cela, le culte chrétien ne fut pas encore rétabli. Cependant, comme le besoin religieux finit toujours par se faire sentir, on fit, en 1796, la tentative d'établir un culte fondé sur la religion naturelle, et qui se rapportait à Dieu, à l'immortalité, à la vertu et aux changements alternatifs de la nature. Ce culte, dont les partisans s'appelèrent Théophilanthropes, se répandit d'abord quelque peu, mais il prit fin dès que NAPOLÉON lui eut enlevé les églises, en 1802.

Les victoires de Napoléon ébranlèrent non-seulement la puissance temporelle du pape, mais menacèrent encore son autorité ecclésiastique. Une année après la paix de Tolentino', que PIE VI avait achetée avec de grands sacrifices de territoire, d'argent et de précieux objets d'art, la république fut proclamée à Rome, et le pape fut envoyé prisonnier en France, où il mourut à Valence en 1799. Le nouveau pape PIE VII, qui fut élu à Venise, obtint de nouveau, par la paix de Lunéville, la restitution des États de l'Église, et, quoique Napoléon fùt personnellement assez indifférent pour cette grande institution, cependant il considéra le rétablissement de l'Église catholique comme une nécessité politique. Pour cela, il conclut avec Pie VII un Concordat, par lequel il reconnaissait le catholicisme comme la religion de la majorité du

' 1797. — 1800.- 1801. - 1801.

peuple français, et le pape comme le chef de l'Église, néanmoins, en limitant beaucoup ses droits par rapport à la France. Aussi le pape consentit à se rendre à Paris pour donner la consécration de l'Église au nouvel empire1. Mais, après un petit nombre d'années, survinrent de nouvelles complications; le pape se décida à lancer l'excommunication contre Napoléon, et celui-ci le fit, par représailles, conduire prisonnier à Savone, dans l'État de Gênes*. Pie VII supporta son sort avec courage et résignation, et ni les menaces, ni les prières du puissant empereur, ne purent l'engager à sacrifier quelque chose de sa dignité.

L'Église catholique subit aussi, en d'autres pays, les conséquences des victoires françaises. En Allemagne, les principautés et les fondations ecclésiastiques furent sécularisées; plusieurs évêchés demeurèrent sans titulaires; l'ancienne constitution fut annulée, sans être remplacée par une nouvelle, et on laissa à quelques gouvernements le soin de pourvoir, comme ils le jugeraient convenable, aux nécessités du moment. En Italie et en Espagne, aussi loin que s'étendait le pouvoir de Napoléon, la plupart des couvents furent supprimés, ainsi que l'inquisition; les biens de l'Église furent confisqués, et l'on adopta les institutions de l'Église gallicane.

1 1804.-2 1809.

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Époque de la restauration (1814-1830)

La chute de Napoléon rendit au pape la liberté et la domination temporelle1; le monde protestant lui-même se réjouit de l'heureuse fin de ses souffrances. Mais aussitôt se manifesta la tendance à rétablir la papauté dans son ancienne gloire, à reconquérir les droits qu'elle avait perdus, à renouveler des prétentions et des usurpations qui, déjà, ne semblaient plus appartenir qu'à l'histoire, et surtout à rétablir le plus possible l'Église catholique dans son ancien état. Ces efforts vinrent, sans nul doute, de Rome d'abord, et se continuent maintenant encore avec la persévérance qu'on lui connaît. Mais la plupart des gouvernements virent, dans la restauration de l'ancien état de l'Église, un moyen de protéger les trônes et de conjurer le nouvel esprit du temps. Même les princes protestants, comme le roi de Prusse FRÉDÉRIC-GUILLAUME III, crurent, en donnant à l'Église catholique de leur pays une base aristocratique et hiérarchique, apaiser les flots tumultueux de la vie populaire, et surtout pouvoir réconcilier avec les changements qui leur étaient imposés, les sujets catholiques qu'ils avaient nouvellement acquis.

Pie VII protesta contre les actes du congrès de Vienne qui concernaient l'ancien territoire de l'Église. Il rétablit l'ordre des Jésuites (voy. § 142), permit d'étendre le nombre des cloîtres, et stigmatisa comme une peste les sociétés bibliques. Ses successeurs, LÉON XII et PIE VIII, agirent dans le même esprit, et déployèrent leur activité contre les sociétés bibliques, les traductions de la Bible et les

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séductions de la philosophie. Le premier publia, en 1825, un jubilé pour remercier Dieu de la victoire sur les conspirateurs du xixe siècle, et pour lui demander l'extirpation des hérésies.

De même que, dans l'État de l'Église, la réaction s'occupa aussi dans le reste de l'Italie à ramener les peuples dans la vieille ornière de la foi et de l'obéissance aveugle, au moyen des cloîtres, des ordres, de la censure et d'une sévère surveillance exercée sur l'instruction, aussi bien que par le rétablissement des anciennes institutions de l'Église. En France, sous les Bourbons, le clergé recouvra sa puissance. La nouvelle charte même, qui, suivant lui, accordait encore trop de liberté, déclara le catholicisme religion de l'État; les jésuites s'emparèrent toujours plus de l'instruction, et la loi sur le sacrilége, c'est-à-dire contre la violation ou la profanation de la religion et de l'Église, rendit facile, en 1825, de punir les idées de liberté comme une attaque à la religion de l'État. Dans la Suisse catholique, l'influence des prêtres et des jésuites devint encore plus grande, et l'opposition contre les cantons protestants reçut une forme toujours plus prononcée. En Espagne, FERDINAND VII récompensa par des cloitres, par l'inquisition et par les jésuites, la fidélité de son peuple, qui s'était sacrifié pour lui; et, en Portugal, DON MIGUEL, depuis 1828, chercha, dans la faveur du clergé, un appui à sa puissance. La plupart des États allemands conclurent avec le pape, depuis 1814, des concordats, qui ne furent pas le moins du monde défavorables au siége pontifical, et qui rendirent à l'Église catholique une organisation stable. En Bavière, sous le roi Louis, et, depuis 1825, un grand nombre de cloîtres furent rétablis, et de nouveaux furent fondés. L'instruction passa en grande partie dans les mains des ordres

religieux, et les Ultramontains, c'est-à-dire les catholiques romains les plus rigoureux, ou les papistes, acquirent une grande influence sur le gouvernement du pays. Les provinces qui furent réunies à la Prusse, ne songèrent pas seulement à se montrer généreuses envers l'Église catholique, elles reconnurent aussi le principe, que les revenus des prêtres ne devaient pas leur être accordés comme salaire, mais comme dotation, en remplacement des biens de l'Église que l'État avait confisqués.

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Les temps modernes

La papauté pouvait bien triompher avec ses anciennes prétentions et ses droits nouveaux; un parti puissant, soit dans le clergé, soit dans les ordres, pouvait bien s'efforcer partout de diriger les gouvernements et les peuples selon les vues de Rome; les idées du temps n'étaient, pour cela, ni étouffées ni modifiées. Aussi, bientôt quelques savants, comme HERMÈS, professeur à Bonn', et ses adhérents, entrèrent en conflit avec le siége de Rome; tantôt des ecclésiastiques s'efforçaient, par leurs représentations et par leurs requêtes, de faire supprimer des règles oppressives, par exemple, celle du célibat; tantôt il se formait de nouvelles communautés (voy. § 167); tantôt les gouvernements qui ne voulaient pas consentir à tout ce qui était l'objet des désirs de Rome, se voyaient entraînés dans la lutte. Une dispute de ce genre fut celle qu'occasionna AUGUSTE DROSTE de Vischering, depuis 1836 archevê

† en 1831.

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