Obrazy na stronie
PDF
ePub

BOSSUET, elle fut mise quelque temps à la Bastille. Le célèbre FÉNELON, archevêque de Cambrai, s'intéressa à elle; mais la seule conséquence qui en résulta, fut que 23 thèses de son livre furent, à l'instigation de Bossuet, condamnées à Rome comme hérétiques.

161

Les esprits forts et les incrédules

Lorsque l'esprit est arrêté dans son développement naturel, lorsqu'on lui impose des liens contre nature, et que les abus sont consacrés même par l'autorité souveraine de l'Église, il tombe aisément dans des extrêmes opposés : il se produit en lui une opposition qui, à la fin, ne persiste pas dans ce qui est faux et abusif, mais qui, confondant l'un avec l'autre, le faux et le vrai, l'humain et le divin, attaque l'Église même et les vérités éternelles du christianisme, comme si elles étaient responsables de ce qu'a engendré la folie humaine. Telle ne fut pas une des moindres causes de l'incrédulité qui, dans le XVIIIme siècle, et particulièrement en France, leva hardiment la tête, et aveugla des millions d'âmes. Déjà sous Louis XIV, il se forma, dans ce pays, un parti opposé à l'Église, qui dut néanmoins se tenir caché, parce que la manière de penser de la cour était connue. Mais, après la mort de ce roi, il se produisit plus librement au dehors, et il parut une multitude d'écrits qui demandaient le progrès des lumières, et recommandaient la tolérance et la liberté de penser, mais qui attaquaient en même temps, non-seulement le sacerdoce et le catholicisme, mais encore le christianisme lui-même. Le plus influent parmi les écrivains

de cette espèce, fut VOLTAIRE', qui exerça une influence d'autant plus pernicieuse, qu'il était fort spirituel, avait une manière agréable de présenter les choses, et avait å son commandement un esprit satirique et railleur. Ses nombreux écrits se répandirent au loin, et infectèrent un grand nombre d'âmes de cet esprit d'impiété, pour lequel la religion est indifférente, ou qui pense, par les railleries qu'il en fait et le mépris qu'il en témoigne, donner une preuve de ses lumières et un témoignage de son élévation. Après Voltaire, ce furent les Encyclopédistes qui exercèrent le plus d'influence; c'était une société de savants français, qui, par leur Encyclopédie, ou dictionnaire universel pour toutes les branches des sciences humaines, répandirent, il est vrai, de nouvelles connaissances et de nouvelles idées, mais qui rabaissèrent dans la fange de la vie sensuelle tout ce qui y est réellement supérieur. A leur tête étaient d'ALEMBERT et DIDEROT3. JEAN-Jacques ROUSSEAU, qui était né à Genève, en 1712, eut aussi une grande influence sur l'opinion publique. Il avait été élevé dans l'Église réformée, mais, fort jeune encore, il avait passé au catholicisme. Il sentait vivement l'élévation, la pureté de la morale chrétienne, mais il combattit la base miraculeuse donnée par l'histoire au christianisme, blâma amèrement le mode d'éducation suivi jusqu'alors, et les rapports artificiels et forcés de la vie. D'autres écrivains allèrent encore plus loin, et l'auteur du Système de la nature eut l'impudence de prêcher ouvertement l'incrédulité, et de déclarer que toutes les doctrines religieuses et morales étaient des inventions de la folie ou des calculs de la ruse.

Le gouvernement français défendit, à la vérité, les écrits

[blocks in formation]

de cette nature, et l'Église parvint à les faire brûler par le bourreau; mais l'opinion publique leur était acquise, et même une grande partie du clergé était favorable à cet esprit.

162

Mouvements en Allemague

L'incrédulité française s'introduisit aussi en Allemagne, ainsi que d'autres choses à la mode, mais seulement dans les classes élevées; la masse du peuple n'en fut point atteinte, parce que le caractère allemand est sérieux, plein de bon sens et de piété. Mais précisément cette gravité, qu'il apportait dans la science comme dans ses sentiments, menaçait la puissance papale, et des vues toujours plus libres et plus répandues aspiraient à la resserrer dans des bornes plus étroites. Un écrit de l'évêque NICOLAS DE HONTHEIM y contribua beaucoup; il avait pour titre: La situation de l'Église et le pouvoir légal du pape. Dans cet ouvrage, qu'il publia en 1763, sous le nom de JUSTINUS FÉBRONIUS, non-seulement il combattit l'opinion que la puissance papale repose sur un commandement de JésusChrist, mais encore il attribua uniquement aux conciles généraux le droit de déterminer la foi, et taxa d'usurpations un grand nombre de droits que Rome s'arrogeait. Il fut contraint à se rétracter; mais, par cela même, ses opinions ne s'en propagèrent que plus, et à peine l'empereur JOSEPH II était-il entré, suivant ses désirs, en possession des États héréditaires de l'Autriche', qu'il entreprit une réforme fondamentale de l'organisation ecclésias

1 1780.

tique. Il accorda aux différentes Églises une tolérance légale, sans les mettre néanmoins sur un pied d'égalité avec l'Église catholique, et il s'efforça d'affranchir celle-ci de toute influence étrangère, de la soumettre au gouvernement de l'État, et d'en faire une école pour l'éducation du peuple. En conséquence, il défendit les appels à Rome et la publication des dispenses papales sans son consentement; il supprima un grand nombre de cloitres, et fonda, à leur place, pour l'éducation du clergé, des établissements animés d'un esprit libéral; il limita aussi le nombre des fêtes, et s'occupa de l'amélioration du service divin. Toutes les objections contre ses mesures furent inutiles, et même le voyage du pape PIE VI à Vienne, en 1782, ne détourna point l'empereur de ses réformes. Mais Joseph était, à un grand nombre d'égards, plus avancé que son temps; pour telle ou telle mesure, il usa de précipitation; la bonté de ses vues fut méconnue en diverses manières, et sa tentative de réunir les diverses contrées et nationalités de son royaume sous une seule constitution et sous une seule législation, blessa d'anciennes habitudes, et souleva contre lui des préventions. Aussi fut-il facile au clergé et aux jésuites, qui continuaient à subsister en secret, d'exciter les peuples déjà irrités contre les mesures impériales, et d'en entraver l'exécution. Après sa mort, un grand nombre de ses créations furent, il est vrai, sacrifiées au sacerdoce, et même son édit de tolérance ne put obtenir grâce; mais l'esprit joséphin n'a pas disparu pour

cela.

Dans le reste de l'Allemagne aussi, l'esprit de liberté s'efforça de prévaloir et d'assurer l'indépendance de l'Église; mais, lorsqu'un nonce du pape fut installé à Munich, les archevêques de Cologne, de Trèves, de Mayence et de Salzbourg, se réunirent à Ems pour maintenir l'indépen

dance de l'Église allemande sur la base du pouvoir archiépiscopal, et pour s'opposer à une juridiction extraordinaire du pape en Allemagne. Mais, comme les évêques aimaient mieux obéir au pape, qui était éloigné, qu'aux archevêques qui résidaient près d'eux, et comme la révolution française, qui éclatait alors, était un motif à l'union, une réconciliation avec le saint-siége eut déjà lieu en 1789.

163

La révolution française et le règne de Napoléon

Dans la révolution française, l'indifférence religieuse et l'incrédulité se réunirent à la fureur de détruire presque toutes les positions consacrées par l'histoire, et bientôt on les vit à l'œuvre. Il ne s'agissait d'abord, il est vrai, que d'abattre la puissance temporelle du sacerdoce, et de sauver l'État au moyen des richesses du clergé. Mais déjà l'assemblée constituante de 1789 proclama une liberté de conscience générale, supprima les cloîtres, et convertit en propriété nationale tous les biens de l'Église, propriété qui devait désormais donner à l'État le moyen de salarier le clergé, et même de fournir des pensions convenables aux religieux sortis des couvents. Il fut interdit à tout évêque étranger de s'immiscer dans les affaires de l'Église; l'élection des ecclésiastiques fut remise au peuple, et tous les ministres de l'Église durent s'engager par serment à se soumettre à ces lois. Ceux qui s'y refusèrent furent destitués de leurs charges, tandis que, d'un autre côté, le pape1 menaça de déposition ceux qui con

· 1791.

« PoprzedniaDalej »