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LILÉE1 dut abjurer à genoux devant l'inquisition, et expier dans un cachot, l'affirmation que la terre tourne autour du soleil.

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La papauté

Les papes, même après la réformation, n'abandonnèrent pas leurs prétentions, et continuèrent à soutenir la sainteté, l'infaillibilité et la puissance parfaite de leur Église. Une preuve, entre beaucoup d'autres, se trouve dans la bulle In cœná domini, dont l'origine remonte au XIIe siècle, et dans laquelle les papes commencèrent déjà, au jeudi saint, à prononcer l'excommunication, dans les formes les plus solennelles, contre les hérétiques et les scélérats. Elle a été plusieurs fois changée et augmentée de plusieurs articles, puis elle a reçu d'URBAIN VIII sa forme définitive. On y fait valoir toutes les prétentions de la hiérarchie du moyen âge, et les luthériens, comme les réformés, y sont condamnés à l'égal des pirates et des sarrasins. Pie V ordonna que cette bulle fût lue le jeudi saint dans toutes les églises catholiques. Cependant, cette mesure trouva, en plusieurs lieux, des oppositions, et CLÉMENT XIV (voy. § 142) eut l'âme assez élevée pour supprimer cette décision.

CLÉMENT VIII s'éleva avec ardeur contre l'édit de Nantes (voy. § 147), et PAUL V prononça, en 1606, l'excommunication contre Venise; mais il éprouva que le temps avait déjà émoussé cette arme, une fois si redoutable. Plus longue, plus féconde en conséquences fut la dispute de la

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papauté avec Louis XIV, roi de France. Dans ce pays, l'Église était de bonne heure entrée en possession d'une grande indépendance. La querelle dont nous parlons, eut pour objet la Régale, c'est-à-dire le droit du roi, pendant la vacance d'un évêché, de pourvoir aux places ecclésiastiques d'un ordre inférieur, restées sans titulaires; ce droit, le roi voulait aussi l'exercer dans les pays nouvellement acquis. En conséquence de cette querelle, Louis convoqua à Paris une assemblée des évêques et des barons, qui proclamèrent, en 1682, la célèbre déclaration du clergé de l'Église gallicane. A teneur des propositions qui y sont renfermées, la puissance du pape ne concerne que les affaires spirituelles, et même à cet égard elle dépend de la confirmation des conciles généraux; dans les questions judiciaires, ses décisions n'ont de valeur que si elles sont en accord avec les conciles et les coutumes de l'Église gallicane; et ses décrets, en matière de foi, ne peuvent être regardés comme infaillibles, que lorsqu'ils sont appuyés par l'autorité de l'Église. La querelle proprement dite fut, à la vérité, terminée par INNOCENT XII, en 1693, mais les propositions dont nous parlons ont été, plus tard, vivement défendues par une grande partie du clergé français.

CLÉMENT XI chercha, sans succès, à mettre la Sicile sous l'interdit', et lorsque l'électeur FREDERIC III de Brandebourg se fut déclaré roi de Prusse, en 1701, le pontife protesta contre ce titre. Plusieurs papes, comme INNOCENT XI et INNOCENT XII3, s'employèrent avec zèle à l'amélioration du clergé et à l'épuration des mœurs; d'autres surent, en se conformant avec intelligence aux circonstances du temps qui n'étaient plus les mêmes, conserver à la papauté

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la considération dont elle jouissait. Dans ce nombre il faut ranger le savant BENOIT XIV, et surtout Clément XIV, dont nous avons déjà parlé, qui fut doux et éclairé, et dont le cœur charitable fut avant tout disposé à soulager les pauvres.

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Disputes du molinisme, du jansénisme
et du quiétisme

Quoique l'Église catholique se glorifie de l'unité, elle n'a pu néanmoins empêcher que des contestations n'eussent lieu dans son sein. La plus violente et la plus longue, fut celle Jansénistes, à laquelle préluda celle des Molinistes. Depuis longtemps déjà, l'Église romaine s'était éloignée de la doctrine d'Augustin sur le péché originel et sur la grâce, et les jésuites surtout étaient attachés å celle de Pélage. La dispute avait déjà duré longtemps, lorsque le jésuite MOLINA, qui vivait en Espagne et en Portugal, essaya de nouveau, dans un écrit, d'adoucir la doctrine d'Augustin sur la grâce, et de concilier celleci avec la force et la liberté de la volonté humaine. Làdessus s'éleva une dispute générale entre les dominicains et les jésuites, jusqu'à ce que le pape, pressé de tous côtés, promit de décider dans un temps plus convenable, et imposa silence aux deux partis*.

La dispute fut renouvelée avec plus d'ardeur encore, par un ouvrage de JANSENIUS, évêque d'Ypres, ouvrage qui fut imprimé après sa mort, en 1638. Il défendait la

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doctrine d'Augustin, recommandait des pénitences rigoureuses, et combattait la morale commode des jésuites. Ceux-ci attaquèrent tellement cet ouvrage, et firent tant, qu'il fut mis à l'index; mais il trouva, surtout en France, parmi les savants et les ecclésiastiques, de zélés défenseurs, comme ANTOINE ARNAUD, BLAISE PASCAL et PASCHASE QUESNEL. La victoire demeura longtemps indécise, jusqu'à ce qu'INNOCENT X condamna de nouveau cinq propositions de l'ouvrage de Jansenius'. Les jansénistes prétendirent, il est vrai, que l'auteur y avait attaché une autre signification; mais Louis XIV, auquel ils étaient suspects par leur esprit de liberté, et dont la cour frivole contrastait d'une manière trop frappante avec leur moralité sévère, s’unit à Clément XI pour les perdre, et les expulsa, en 1709. Toutefois, la dispute continua, ranimée qu'elle fut par une Explication du Nouveau Testament, que publia Quesnel. Ce livre d'édification jouit bientôt d'une telle estime, que Clément XI publia, en 1713, la fameuse bulle ou Constitution Unigenitus, par laquelle il condamna comme hérétiques et dangereuses 101 propositions de l'ouvrage de Quesnel, et, même dans ce nombre, des sentences de la Bible et des Pères de l'Église, parce qu'elles pouvaient être interprétées dans un sens janséniste. Louis XIV désirait qu'on reçût la bulle sans restriction; mais une grande partie des membres du clergé français la refusèrent, et furent, de là, nommés les anti-constitutionnistes ou appelants. Après que, sous la régence du duc d'Orléans, les jansénistes eurent éprouvé un traitement plus doux, Louis XV chercha, par la déposition, l'empri

' 1653. 2 Cet ouvrage avait pour titre précis: Le Nouveau Testament en françois, avec des réflexions morales. Paris, 1693.-3 1715

établit, en 1706, la mission de Tranquebar; l'Église anglicane a, depuis 1815, un évêché à Calcutta, et des missionnaires anglais travaillent avec activité dans les Indes et dans les îles qui en dépendent. Dans le royaume d'Annam, situé à l'est des Indes, l'Église chrétienne a enduré, en ces derniers temps, de cruelles persécutions, qui ont surtout compté pour victimes des moines et des prêtres.

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Xavier déploya aussi son activité au Japon, et, de concert avec d'autres jésuites, assit, dans ces contrées, l'Église catholique sur de larges fondements. Mais, comme l'empereur craignait que le nombre croissant des chrétiens ne devînt dangereux pour l'empire, et comme les Européens avaient réellement aussi des vues politiques, des persécutions répétées eurent lieu, depuis 1587, contre les chrétiens japonais; toute entrée au Japon fut interdite aux étrangers, et, au milieu du XVIIe siècle, le christianisme. en fut entièrement banni. En Chine, où de bonne heure on avait tenté de l'introduire, il était tombé en décadence par l'exclusion des étrangers; ce furent encore les jésuites qui y fondèrent des communautés nombreuses, tout en s'accommodant aux mœurs du peuple, et même en laissant subsister plusieurs usages païens. Plus tard, des dominicains se rendirent aussi en Chine, et se plaignirent à Rome du mélange qu'on faisait là du christianisme avec le culte des idoles. Le pape se prononça en faveur des dominicains; mais il en résulta que, depuis 1746, les chrétiens endurèrent de sanglantes persécutions, qui, renouvelées de temps à autre, ont réduit leur nombre à 50,000 à peine. Les protestants ont, dès lors, fait des tentatives de conversion en Chine et au Japon, et principalement GUTZLAFF 2 a travaillé avec un grand dévouement à répan

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