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enclins au protestantisme, ils furent reçus avec joie, soit par les savants, soit par la classe moyenne. Dans presque toutes les grandes villes, il y avait des individus ou des communautés entières qui étaient attachés à la nouvelle doctrine, et elle comptait des amis jusque dans les rangs du clergé. Mais ces éléments divers manquaient de lien, et la masse inférieure du peuple demeura étrangère au mouvement de la réformation. Pour l'étouffer, le pape PAUL III introduisit l'inquisition dans toute l'Italie (1542); armé d'une puissance redoutable, ce tribunal sévit avec cruauté contre tous ceux que rendaient suspects leurs convictions religieuses. Un grand nombre s'enfuirent au delà des Alpes, d'autres se rétractèrent, et, déjà à la fin du XVIe siècle, on vit disparaître les traces des communautés protestantes. Les Vaudois furent aussi dans les Calabres victimes de la fureur qui les persécutait.

L'Espagne, à laquelle le Portugal fut réuni de 1580 à 1640, ne demeura pas non plus étrangère à la réformation; les écrits de Luther y pénétrèrent; la suite de Charles V y apporta les nouvelles idées de l'Allemagne et des Pays-Bas, et leur gagna des sectateurs, cependant plus chez la noblesse et chez les savants que parmi le peuple; car, pour celui-ci, il avait en quelque sorte sucé avec le lait la foi sensuelle et l'attachement au culte pompeux de l'Église catholique. Aussi l'inquisition réussit-elle, par la confiscation des biens, par les tourments, par la prison et par les supplices qu'elle employait envers tous les suspects, surtout sous Philippe II, à déraciner la réforme, ou à contraindre ceux qui lui restaient fidèles, à renfermer leurs sentiments dans leurs cœurs.

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Guerre de Trente ans et paix de Westphalie

La haine et l'irritation toujours croissante entre les catholiques et les protestants fut la cause générale de la guerre de Trente ans. La paix religieuse d'Augsbourg n'avait satisfait aucun parti, et avait laissé bien des points indécis; d'aucun côté, les conditions de la paix n'avaient été ponctuellement observées, et les protestants, surtout dans les États dont les maîtres étaient catholiques, avaient à souffrir une cruelle oppression. Les jésuites étaient partout occupés à faire des prosélytes, à entretenir la haine des catholiques, et à presser leurs gouvernements d'opprimer leurs sujets protestants. FERDINAND Ier et MAXIMILIEN II3 avaient su entretenir la paix dans l'empire d'Allemagne parce qu'ils étaient tolérants, et aspiraient à être justes envers les deux partis. Mais, sous le faible gouvernement de Rodolphe II, prince bigot et dominé par les jésuites, la haine religieuse prit le dessus, et l'oppression, les persécutions que les protestants endurèrent dans les États héréditaires de l'empereur, comme en Styrie, en Bavière et autre part, les forcèrent à s'attendre à ce qu'il y avait de pis, à ne compter que sur eux-mêmes, une fois que les jésuites attaquaient la validité de la paix religieuse. Ainsi se forma en 1608, sous l'électeur palatin Frédéric V, l'Union protestante, à laquelle les catholiques, un an plus tard, opposèrent la ligue de Wurzbourg, placée sous le commandement du vaillant Maximilien, duc de Bavière. Mais, en Bohême, les utraquistes, qui avaient pris,

1618-1648. 2 1556-1564.

1564-1576. 41576-1612.

grâce à la réformation, un nouvel essor, et qui avaient accepté la confession d'Augsbourg, extorquèrent de l'empereur RODOLPHE la lettre de majesté qui leur assurait le libre exercice de leur religion, leur accordant l'université de Prague, et le droit d'établir de nouvelles églises et de nouvelles écoles'. Cependant MATTHIAS, successeur de Rodolphe, se permit déjà de violer à plusieurs reprises cette promesse solennelle, et le parti catholique, en particulier, voulait qu'on limitât au territoire des États utraquistes le droit de fonder de nouvelles églises et de nouvelles écoles. Mais les protestants, dans tout l'empire d'Allemagne, durent être remplis d'inquiétude, lorsque Matthias désigna pour son successeur son neveu l'archiduc FERDINAND de Styrie. Ce prince, en effet, élevé et dirigé par les jésuites, avait déjà, dans son zèle aveugle pour sa foi, chassé les protestants de ses États, et l'Église évangélique avait tout à redouter de l'accroissement de sa puissance.

Les deux partis étaient ainsi sur le qui-vive, l'un en présence de l'autre, pleins de soupçons et d'inimitiés, lorsque les catholiques fermèrent l'église de Braunau, bâtie en Bohême par les utraquistes, et détruisirent celle de Kloster-Grab. De là cette guerre, à laquelle donna lieu l'assemblage de tant de matières inflammables, et qui, pendant trente ans, troubla la paix des peuples, et dévasta l'Allemagne. En effet, après avoir inutilement adressé leurs plaintes à l'empereur, les Bohêmes prirent les armes, sous le comte MATTHIAS de Thurn, en 1618; déclarèrent le nouveau roi FERDINAND II déchu de son trône, et choisirent, pour le remplacer, le faible électeur palatin, FRÉDÉRIC V. Mais la malheureuse bataille qui eut lieu, en 1620, sur la montagne blanche, près de

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Prague, fut pour le nouveau royaume la cause d'une lamentable fin. FRÉDÉRIC s'enfuit de ses États; la lettre de majesté fut déchirée, le service protestant fut défendu en Bohême; la vengeance de l'empereur et la haine des jésuites persécutèrent tout ce qui avait pris part à la révolte, ou ce qui inclinait au protestantisme. De plus, I'Église catholique redevint dominante en Bohême, et il n'y a qu'un petit nombre de protestants, environ 60 mille, qui s'y soient conservés jusqu'à nos jours, sous une dure oppression.

Mais le protestantisme ne succomba pas encore avec la Bohême. De nouvelles puissances entrèrent en lutte pour sa cause, principalement le pieux roi de Suède, GUSTAVEADOLPHE (1630), et bientôt la politique, le désir des, conquêtes, et des intérêts de divers genres, se mêlèrent dans cette funeste guerre; car l'électeur de Saxe, tout protestant qu'il était, abandonna, lors de la paix de Prague, conclue en 1635, la cause de ses coreligionnaires; la France catholique favorisa le parti des protestants, et, en 1636, déclara la guerre à l'Espagne et à l'Autriche.

La guerre continua avec des chances diverses, jusqu'à ce que l'Allemagne eût été ravagée et réduite en désert, et que les puissances belligérantes fussent fatiguées et épuisées par la lutte. Après des négociations compliquées qui durèrent plusieurs années, on conclut enfin, en 1648, à Munster et à Osnabrück, la paix de Westphalie, dont les décisions durent être considérées comme des lois fondamentales de la nation allemande. Elle confirma la paix religieuse d'Augsbourg, et l'étendit aux réformés. Quant à la, possession des biens ecclésiastiques et au libre exercice du culte, les choses durent rester sur le pied qui avait été établi le 1er janvier 1624; mais le culte domestique ne pouvait nulle part être empêché dans l'empire. De

plus, la paix décida que tous les tribunaux de l'empire se composeraient d'un nombre égal de membres pris dans les deux partis religieux; elle établit encore que, dans les diètes, lorsque les deux partis seraient d'un avis différent, on ne déciderait pas d'après la majorité des voix, mais par un accommodement à l'amiable. La suprématie, dans le pays, fut assurée aux États impériaux, en même temps que le droit de conclure des alliances avec les puissances étrangères, pourvu que ce ne fût ni contre l'empereur ni contre l'empire. La Bavière conserva le haut Palatinat et la dignité d'électeur; le fils du vénérable électeur FRÉDÉRIC eut le bas Palatinat, et son pays forma un huitième électorat. La Suède et la France eurent en partage quelques provinces de l'empire d'Allemagne, en retour des concessions qu'elles avaient faites et de leurs sacrifices pendant la guerre; les princes reçurent des biens ecclésiastiques sécularisés, dont les catholiques étaient aussi avides que les protestants. Enfin l'indépendance de la Suisse et des Provinces-Unies fut aussi reconnue. Mais le pape INNOCENT X protesta contre les conclusions de la paix, et l'empereur FERDINAND III refusa d'appliquer à ses États héréditaires les stipulations qui concernaient l'Église.

Comme l'Allemagne avait été la victime de la guerre, elle dut supporter encore les frais de la paix. Deux puissances étrangères s'agrandirent à ses dépens, et continuèrent à exercer une grande influence sur ses affaires. L'empire d'Allemagne fut morcelé, et son unité entièrement anéantie. Mais l'Église évangélique avait obtenu un état assuré, et des droits égaux à ceux dont jouissait l'Église catholique.

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