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prudence et modération, à prêcher contre les indulgences, les pèlerinages et l'adoration des saints, en même temps qu'à faire sentir à son évêque la nécessité d'une réformation dans l'Église. A la fin de l'année 1518, il reçut une vocation pour la cathédrale de Zurich, et dès lors il éleva sa voix éloquente d'une manière prononcée et courageuse pour l'amélioration de l'Église et des mœurs; et, comme le franciscain BERNARDIN SAMSON cherchait, ainsi que TETZEL, à introduire en Suisse le commerce des indulgences, Zwingli prêcha contre lui, et Zurich lui ferma ses portes.

Encouragé par l'appui des magistrats de Zurich et par le suffrage du peuple, Zwingli alla toujours plus loin dans ses améliorations, et, comme Luther, il s'attacha fermement à cette base que l'Écriture sainte doit seule décider des questions religieuses. Il avait pour fidèle appui JEAN ECOLAMPADE', qui, pour l'érudition et pour le caractère, était un second Mélanchthon. Déjà en 1520, le grand conseil de Zurich ordonna à tous les prédicateurs de s'en tenir à la sainte Écriture, mais de garder le silence sur les nouveautés et les choses accessoires. Mais, comme il ne manquait pas d'ardents contradicteurs, il ordonna, pour le 29 juin 1523, une dispute publique sur la religion, où Zwingli présenta 67 thèses, principalement dirigées contre la puissance séculière du pape, les richesses du clergé, le célibat des prêtres, aussi bien que contre le purgatoire et les indulgences. Mais, parmi les 600 personnes présentes, ecclésiastiques ou laïques, il n'y eut que le vicaire général FABER, de Constance, qui fit quelques objections contre Zwingli. Aussi, « le conseil se levat-il pour s'en aller, et permit-il à Zwingli de continuer à prêcher tout ce qu'il pourrait prouver par la Parole de Dieu;

'Nom tiré du grec et signifiant umière de la Imaison.

puis il défendit à tout le monde, sous peine de châtiment, de l'insulter et de l'interrompre en aucune manière. »

Zwingli, en rejetant tout le cérémonial du service divin, alla beaucoup plus loin que Luther: il fit remplacer les autels par de simples tables, parce qu'ils semblaient favoriser l'idée que la sainte Cène était un sacrifice; il fit ôter des églises les baptistères, les images et tout ornement extérieur, comme étant un prestige inutile pour les sens; il ne voulut point tolérer de musique, et se déclara dès le commencement contre la sonnerie des cloches et le jeu de l'orgue, quoiqu'il aimât beaucoup la musique et fût grand connaisseur dans cet art. L'année suivante, en 1524, le grand conseil introduisit la nouvelle organisation ecclésiastique; les couvents furent abandonnés et changés en écoles de pauvres; les ecclésiastiques se marièrent, et parmi eux Zwingli, en 1524. Le collègue de Zwingli, LÉON DE JUDA, traduisit le Nouveau Testament de la version de Luther en dialecte suisse, et, de 1525 à 1529, l'Ancien Testament fut traduit d'après le texte original.

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Progrès de la réformation en Suisse. Combat et mort de Zwingli

De Zurich, la réformation s'étendit rapidement dans d'autres parties de la Suisse; ainsi, dans les Rhodes-Extérieures d'Appenzell, à Berne, à Bâle, à Glaris, et dans quelques parties de l'État de Saint-Gall; tandis que dans le pays des Grisons la prépondérance était indécise entre les deux partis, jusqu'à ce qu'enfin elle se déclara plus

tard pour les réformés. Les papes, qui tiraient leurs soldats de la Suisse, et qui ne pouvaient pas volontiers rompre avec les confédérés, laissèrent au commencement se passer d'une manière paisible ce qu'à la fin ils ne purent plus changer, et, en 1523, Zwingli reçut encore d'Adrien VI un écrit fort gracieux, dans lequel ses innovations étaient entièrement passées sous silence. Une grande partie de la Suisse demeura encore catholique, et principalement les habitants des montagnes, toujours attachés aux anciennes idées. Ce furent surtout Schwytz, Uri, Unterwald et Lucerne, qui entreprirent, à la vérité par euxmêmes, quelques améliorations extérieures dans l'Église, mais qui, pour le reste, demeurèrent attachés à l'Église catholique, et, dans une assemblée tenue à Lucerne, en 1524, ils s'unirent pour la défendre. Déjà se commirent quelques violences; alors les cantons réformés contractėrent aussi, sous le nom de bourgeoisie chrétienne, une alliance, à laquelle se joignirent Strasbourg et Constance. En 1529, les cinq cantons catholiques formèrent une ligue avec FERDINAND D'AUTRICHE pour protéger leur foi, et, la même année, deux armées suisses, prêtes à en venir aux mains, se trouvèrent l'une vis-à-vis de l'autre. Zwingli lui-même était présent; car, quoiqu'on l'eût dispensé, comme prédicateur, de sortir avec la bannière, cependant il était monté à cheval à ses propres frais, et avait pris une hallebarde sur son épaule. Les réformés eurent l'avantage, et Zwingli ne voulut pas entendre parler de la paix avant que le budget annuel eût été voté pour toujours, et que la prédication de l'Évangile eût été permise dans tous les cantons de la Suisse. Mais des considérations de plusieurs sortes militèrent en faveur de la paix; ce fut la première paix dite de Cappel, conclue en 1529, et dans laquelle les cantons catholiques renoncèrent à

l'alliance de l'Autriche, promirent de payer les frais de la guerre, de punir les paroles injurieuses, et consentirent formellement à la condition posée par la bourgeoisie des villes, que, dans chaque circonscription ecclésiastique des bailliages communs, ce serait la majorité qui prononcerait sur les questions de foi. Outre cela, on se promit mutuellement qu'aucun des deux partis n'userait de violences à l'égard de l'autre quant à la religion. Le but que se proposait Zwingli n'était sans doute pas alors atteint. Cependant, à la suite de la paix, la réformation prit un essor plus hardi. Schaffhouse se décida pour elle; à Glaris elle parvint à dominer seule, et elle trouva encore accès dans d'autres endroits de la Suisse.

Les cantons catholiques n'étaient toutefois pas disposés à observer exactement la paix de Cappel. Ils opprimèrent les évangéliques sur leur propre territoire et laissèrent les calomniateurs impunis. Zwingli désirait que l'on attaquât sans délai; mais, au lieu de cela, on essaya d'abord de contraindre l'ennemi à l'attaque en renonçant à toutes les mesures propres à maintenir l'observation de la paix. Alors les cinq cantons catholiques prirent les armes, et surprirent Zurich, qui n'était point préparée à se défendre, et à laquelle ses alliés ne pouvaient prêter secours en si peu de temps. La bataille eut lieu près de Cappel, le 11 octobre 1531. Les Zuricois, dont le nombre montait à peine à 2000, succombèrent, malgré toute leur vaillance, devant un ennemi quatre fois plus fort; 500 d'entre eux périrent, et, parmi eux, les hommes les plus distingués et les plus zélés partisans de l'Évangile. Zwingli aussi, qui était parti avec la bannière comme prédicateur, fut trouvé parmi les morts. Dans les derniers jours de sa vie, il avait été rempli de sombres pressentiments; mais son héroïsme, qui puisait sa force en Dieu, ne l'abandonna jamais. Les

vainqueurs firent partager son corps en quatre parties, le brûlérent et jetèrent ses cendres au vent.

Zurich reprit bientôt courage, et conduisit au combat 12,000 hommes, soit du pays, soit de l'étranger; les villes alliées en fournirent presque autant, et ils l'auraient emporté de beaucoup sur l'ennemi, si l'union, et pour plusieurs le vrai zèle n'eussent fait défaut. Aussi la paix de religion qui eut lieu le 16 novembre 1531, fut peu favorable aux évangéliques. On y reconnut, à la vérité, le droit de chaque canton de confesser librement sa foi et de régler les affaires de l'Église; mais, dans les endroits encore indécis, et dans les bailliages communs, les anciennes formes d'Église furent presque partout rétablies par la violence.

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Luther et Zwingli

La gloire commune aux deux réformateurs est celle de l'amour de la vérité, de la franchise, du désintéressement, de la fermeté et d'une activité infatigable. Luther avait un caractère germanique de la nature la plus élevée; profond, plein de sentimeut et de force, il saisissait l'homme de toutes parts, et, presque en toutes choses, était dirigé par un sens admirablement pratique. Dans Zwingli, c'étaient la pénétration et la clarté de l'intelligence qui étaient domi nantes. Il s'adressait aux besoins de la vie journalière; il était sobre, raisonnable, et, quoiqu'il pût parler d'une manière incisive, il n'atteignait pas cependant l'abondance et la force qui distinguaient l'éloquence de Luther. Mais, si la manière de penser de ce dernier se ressentait encore à divers égards des idées de l'Église romaine

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