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surhumaine. La piété inspirée de l'artiste, qui a mis dans son œuvre toute sa science et toute sa volonté, respire encore dans ces formes entrelacées, où la grandeur s'unit à la grâce, où fenêtres sur fenêtres s'arrangent avec ordre, où arcs sur arcs s'arrondissent en voûtes, où colonnes s'élèvent sur colonnes, où des fleurs artistement travaillées s'entortillent à l'entour des figures les plus hardies. Mais ce qui saisit surtout l'âme, ce sont ces ornements symboliques sur les chapiteaux, les colonnes et les portes; ces formes rares et grotesques, ces images bienveillantes et douces du pélican, du paon, de la colombe, entourant les difformités les plus hideuses, de griffons, des chimères, des figures de juifs grimaçantes, qui fixent, d'une manière insolente et désagréable, l'œil du spectateur. Hardies et comparables à la pensée du chrétien qui cherche à sortir du labyrinthe de la vie sur les ailes de la foi, les tours s'élèvent comme des géants unis qui se donnent mutuellement la main, tantôt menaçant d'un péril, tantôt donnant le vertige; images de ces désirs ardents qui s'élèvent vers un monde meilleur, leurs flèches s'élancent sveltes et légères vers l'azur infini des cieux. En entrant sous ces immenses voûtes, on éprouve comme un frissonnement de l'éternité; la pensée qui habite ces colossales. masses apparaît à l'âme, accablante par sa majesté céleste, et se plongeant, pour ainsi dire, dans le sentiment sans fond de l'infini. Le chœur s'élève en face de l'orient, et au-dessous, voilée comme par le crépuscule, est la chapelle où se célèbrent les messes des morts; les statues des plus remarquables d'entre eux sont rangées tout à l'entour; les rayons du soleil tombent sur les figures des saints, adoucis et réfractés à travers les vitraux coloriés des fenêtres, et il se produit ainsi un demi-jour solennel. >>

Cette architecture fleurit surtout au XIIIe et au XIVe siècles. L'archevêque CONRAD DE HOCHSTEDT posa la première pierre fondamentale du dôme de Cologne1, et ERWIN DE STEINBACH fit, en 1275, le plan de la cathédrale de Strasbourg, dont il dirigea longtemps aussi les travaux. L'église de Saint-Laurent, à Nurenberg, s'éleva depuis 1274. Mais, avec le xve siècle, la construction de ces grands édifices alla diminuant, parce que l'esprit particulier du moyen âge disparaissait, ainsi que le sentiment général de piété, qui avait pour de longs siècles enfanté de pareils ouvrages.

QUATRIÈME SECTION

Oppositions dans l'Église et essais de réforme

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Oppositions jusqu'au milieu du XIIe siècle

Quoique la considération et la doctrine de l'Église fussent affermies, il y eut cependant toujours, tantôt des communautés entières, tantôt des individus qui s'éloignérent de telle ou telle de ses doctrines, et qui étaient mécontents de la manière dont se célébrait le service divin. Quelques-uns y furent conduits par le fanatisme et par des erreurs toutes contraires à celles qu'on voulait combattre; mais un grand nombre aussi, par l'esprit de la vérité évangélique, qui déploie son activité dans tous les temps, et

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par le modèle de l'Église apostolique, en opposition au christianisme dominant. Mais l'histoire de ces oppositions à l'Église est en grande partie incertaine et obscure, parce que l'Église dominante étouffait ou défigurait les vues qui lui déplaisaient, et parce que c'était surtout dans les États inférieurs que se propageaient les opinions hérétiques.

L'Église grecque, manquant de fraîcheur et de vie, ne compta parmi ses adversaires qu'un petit nombre de partis. Dans cette catégorie se placent les Pauliciens et les Bogomiles (voy. § 141), de même que les Hésychustes, c'està-dire les amis du repos et de la tranquillité. Ils habitaient, au xive siècle, le mont Athos en Macédoine, et furent ainsi appelés parce qu'ils faisaient consister le grand but de la piété à prier dans une paix imperturbable, afin de parvenir à voir avec les yeux du corps la lumière et l'essence divines. Les Hésychastes donnèrent lieu, il est vrai, à quelques disputes dans l'Église grecque, mais ils n'ont eu aucune influence importante.

En France, en Italie et en Allemagne apparurent des partis, qui reçurent le nom de Manichéens et de Cathares, et qui furent l'objet de violentes persécutions. On les appelait manichéens, parce que c'était le nom le plus général et le plus odieux qu'on pût donner aux hérétiques; mais le nom de cathares, c'est-à-dire les purs, semble indiquer qu'ils aspiraient à une pureté plus grande que celle qu'on trouvait dans l'Église universelle. Ils paraissent avoir mis peu de prix au culte extérieur et aux cérémonies de l'Église, avoir préféré l'adoration intérieure à celle qui n'est qu'extérieure, et avoir cru aux inspirations immédiates du Saint-Esprit.

Parmi les adversaires isolés de l'Église dominante, PIERRE DE BRUYS, prêtre dégradé, mérite une mention particulière.

Il prêchait dans le midi de la France contre le baptême des enfants, contre le célibat, et contre la transsubstantiation; il ne voulait pas qu'on adorât la croix, parce qu'elle avait été l'instrument du martyre de Christ, et il déclarait inutiles les prières pour les morts. Après des mouvements orageux en 1124, il fut arrêté et brûlé à Saint-Gilles, par une populace échauffée. Un moine défroqué du nom de HENRI, répandit dans le même endroit de pareils principes; il déployait son zèle contre la corruption du clergé, et, au commencement, il était en grande vénération auprès de lui; mais, en 1148, une assemblée ecclésiastique, tenue à Rheims, le condamna à la prison, où il languit pendant longtemps.

ARNOLD DE BRESCIA, élève d'ABÉLARD, regardait la situation de l'Église apostolique comme devant servir de règle à tous les temps, et il affirmait courageusement que des biens temporels ne convenaient pas au clergé, et qu'ils étaient dans l'Église la source de tous les abus. Mais il fut, pour cela, chassé d'Italie et de France, et, quoiqu'il fût plus tard à la tête du parti populaire, il tomba néanmoins victime de la haine papale: il fut étranglé et brûlé à Rome en 1155, et ses cendres furent jetées dans le Tibre.

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Vaudois et Albigeois

L'opposition des Vaudois eut plus d'importance que celles dont nous avons fait mention jusqu'ici, car si celles-ci s'éteignirent bientôt, ou si elles parurent sous un autre nom, celle-là s'est conservée jusqu'à nos jours, et on y voit manifestement l'idée de la réformation de l'É

glise. Le fondateur des Vaudois fut PIERRE VALDO, riche bourgeois de Lyon, qui apprit à connaître par l'Écriture sainte les abus de l'Église dominante, et ses nombreuses déviations de la doctrine de l'Évangile et de la constitution apostolique. Entraîné par son désir ardent de rétablir la pureté originelle de la doctrine et de l'organisation de l'Église, il donna tout son bien aux pauvres, se mit à enseigner çà et là un christianisme pur et pratique, et rassembla une communauté. Il blâmait surtout la richesse et les priviléges du clergé; il réclamait pour les laïques les fonctions de l'enseignement, et rejetait la messe, le célibat, l'ordination, les indulgences, la confession auriculaire, le purgatoire, l'adoration des saints, l'emploi de la langue latine dans le service divin, et dans la prière. Il trouva de nombreux sectateurs, surtout dans le midi de la France, en Piémont, en Savoie, et même dans l'Espagne méridionale, au point même, que les plus cruelles persécutions ne purent les anéantir. Ajoutez à cela qu'ils se distinguaient par la rigoureuse sévérité de leurs mœurs et par leur abstinence, de même que par leur bienveillance et leur générosité. Au commencement, ils ne pensèrent point à se séparer de l'Église; mais, comme le pape Lucius III, en 1184, prononça contre eux l'excommunication, ils formèrent une société distincte de l'Église dominante, et se prononcèrent d'une manière toujours plus décidée contre tout ce qui avait rapport au pape et aux cérémonies catholiques. Mais, à leur zèle excité par la persécution se mêlait aussi beaucoup de fanatisme, de sorte que, non-seulement ils rejetèrent le serment, mais qu'ils demandèrent à ceux qui voulaient être des chrétiens accomplis de renoncer à toute propriété. On nommait aussi les Vaudois Pauvres de Lyon,

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