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princes fermèrent leur territoire aux prédicateurs d'indulgences, ou leur enlevèrent leurs trésors, et des savants, comme des prédicateurs pieux, éprouvèrent le besoin de manifester leur zèle contre un commerce tellement funeste aux âmes.

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Le service divin

Le service divin porta entièrement l'empreinte du temps: une piété sincère, mais qui cherchait à se satisfaire par des dons et des privations matérielles; une crainte de Dieu bien réelle, mais qui aspirait à apaiser le Maître du monde, à se le rendre favorable par des actes tout extérieurs, et qui, par conséquent, considérait l'adoration comme un service qu'on rend à Dieu; la profondeur du sentiment germanique, et la grossièreté d'autant plus forte même pour des peuples gagnés seulement alors à la civilisation; les germes divins de la foi et de la vie chrétienne, surchargés de traditions humaines, et de diverses images voluptueuses, enfantées par la superstition: tout cela donnait lieu à ce que des âmes richement douées, remarquables par la profondeur et surtout par la grâce qu'elles avaient reçue, n'apercevaient dans le service divin de leur temps que le voile derrière lequel elles pressentaient, elles aimaient, elles adoraient le Saint des saints. Le service divin même était avant tout calculé pour les sens; l'éclat extérieur était son caractère dominant, et la Parole disparaissait toujours plus derrière les rites du culte. Cependant l'enseignement de l'Église était particulièrement donné par les moines mendiants dans leurs pérégrinations; et si

la plupart des prédications étaient guindées ou obscures, et trahissaient plus de prétentions savantes et de haine contre les hérétiques qu'elles ne respiraient l'esprit chrétien, il y eut cependant aussi quelques orateurs populaires qui annonçaient la Parole de Dieu et qui savaient ébranler les âmes. L'esprit et le comique ne furent pas non plus dédaignés, et l'on regarda comme permis, à la fête de Pâques, de faire en chaire des contes et de grosses plaisanteries pour exciter la risée. Le chant de l'église continua d'avoir lieu en latin, et le peuple n'y prit part que dans les solennités extraordinaires.

La célébration de la messe demeura toujours le centre du service divin, mais elle subit dans cette période quelques changements, auxquels contribua surtout la doctrine de la transsubstantiation (voy. § 95). L'adoration de l'hostie consacrée s'établit alors, et l'on se prosterna devant elle comme devant Dieu. Elle fut conservée dans un étui précieux, appelé ciboire, et ainsi promenée et élevée dans les occasions solennelles. Mais, ce qui entraîna encore plus de conséquences, c'est que, dans la sainte Cène, le calice fut enlevé aux laïques, et qu'elle fut ainsi distribuée sous une seule espèce. Ce qui en fut la première occasion ce fut la crainte superstitieuse de profaner le sang de Christ, lorsqu'en distribuant le vin de la Cène quelque partie en aurait été répandue par mégarde. Pour cette raison, suivant un usage de l'Église grecque, on trempait le pain dans le vin, et ici et là, pendant les croisades, on se servait de petits tubes pour boire. A la fin du xire siècle, on estima que le parti le plus sage était de retrancher la coupe aux laïques, et le clergé chercha d'autant plus à répandre cet usage, que sa considération devait s'élever encore, par la distinction réservée à lui seul de communier avec le vin. Ce retranchement de la coupe, qu'on s'ef

força de justifier alors par divers motifs et surtout par la prétention que, dans le corps de Christ, il doit y avoir nécessairement du sang, était, déjà dans le XIIIe siècle, reçu généralement dans l'Église d'Occident, et les papes n'accordèrent qu'aux princes, et cela comme une faveur, le droit de communier sous les deux espèces. Cependant il n'y eut pas encore à cet égard de loi générale, et, pour la première fois, le concile de Constance établit d'une manière fixe, la distribution de la Cène sous une seule espèce1.

Le rosaire montre aussi à quel point la dévotion et la piété consistaient en actes extérieurs. Au XIIIe siècle, les dominicains en généralisèrent l'usage, mais il était déjà connu antérieurement, et on le trouve pareillement chez les païens et les mahométans. Son nom vient de ce que les premiers rosaires étaient faits en bois de rose de l'Orient ou en feuilles de roses desséchées. Le rosaire en usage dans l'Église romaine et dans l'Église grecque est une chaîne composée de 150 petits grains et de 15 plus gros, au moyen de laquelle on compte les prières de manière qu'à chaque petit grain, on commence la salutation angélique ou la prière adressée à Marie avec les paroles de l'ange2, et, à chaque gros grain qui succède à 10 petits, on récite le pater. Cette proportion de nombre est, en même temps, une preuve que l'adoration de la Vierge prédominait alors.

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Fêtes

Aux fêtes déjà établies dans la période précédente, s'en joignirent un grand nombre de nouvelles qui témoignent presque toutes de la superstition du temps. De ce nombre est la Toussaint, le 2 novembre, pour la délivrance des âmes du purgatoire, fête qui, de Clugny', passa à toute l'Église d'Occident. Elle prit sa source dans la superstition du peuple qui voyait l'entrée du purgatoire dans les volcans des îles de Lipari, et qui s'appuyait sur le récit d'un ermíte sicilien, que, souvent dans le voisinage de ces volcans, des flammes s'élançaient de la terre, que les morts y enduraient des châtiments, et qu'ils avaient demandé les prières des fidèles pour leur prompte délivrance.

Aux fêtes de Marie on ajouta celle de son Assomption (le 15 août), et celle de sa Nativité (le 8 septembre), dont on trouve déjà des traces dans la période précédente ; l'Immaculée Conception (8 décembre), qui fut pour la première fois célébrée à Lyon en 1140, et qui, malgré des oppositions multipliées, se répandit en Occident dans le XIVe siècle; la fête de sa Visitation (2 juillet), qui fut consacrée au souvenir de sa visite à Élisabeth, et qui prit naissance au XIVe siècle; la Fête-Dieu, dont l'établissement est dû à la doctrine de la transsubstantiation, et qui fut pour la première fois célébrée à Liége vers 1230; URBAIN IV en fit une fête générale en 1264, et, comme depuis elle fut négligée, CLÉMENT V2 ordonna qu'elle fût de nouveau partout célébrée. C'est la fête la plus brillante

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de l'Église romaine; l'hostie y est portée dans le ciboire, en dehors de l'église, en procession solennelle au milieu de chants et de prières. Rome fut, au Ixe siècle le point de départ de la saint Grégoire consacrée à Grégoire le Grand, et destinée principalement aux écoles de la jeunesse. On la célèbre par des chants et par des réjouissances. La fête des fous et celle de l'âne furent aussi célébrées en plusieurs endroits, mais on y abusa des choses sacrées pour amuser les spectateurs et pour exciter une grossière gaîté.

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Architecture de l'église

Comme l'Église avait donné naissance à la peinture nouvelle pour représenter les objets de la foi et de la vie ecclésiastique, la haute architecture fut aussi principalement encouragée par elle, et eut l'inspiration des œuvres magnifiques par lesquelles se manifestèrent la piété et l'esprit de grandeur propres à cette époque. Durant les premiers siècles après Charlemagne, on construisit dans le style byzantin, que font reconnaître ses formes unies et ses arcs en demi-cercle. Mais, depuis le xiie siècle, se développa l'architecture qu'on a coutume de nommer gothique, et qu'avec plus de raison on appelle germanique, parce que, née chez les peuples germains, elle se développa surtout en Allemagne. Son plus haut point de perfection se montre dans les églises du temps. Ses formes fondamentales sont la croix et l'ogive. « Chose prodigieuse, dit Schmitthenner dans son Histoire d'Allemagne, des masses gigantesques s'élèvent dans les airs, comme une œuvre

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