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accident particulier, grêle, orage ou toute autre catastrophe, pour l'intelligence bornée qui n'en comprenait pas la cause, tout cela passait pour l'œuvre du diable ou de la sorcellerie. L'Église punissait les hommes qui avaient le malheur de passer pour magiciens, sorciers ou maîtres sorciers, et déjà le code saxon, dès le commencement du XIIIe siècle, les destinait au bûcher. Mais l'Église fit servir cette croyance à poursuivre des hérétiques, sous prétexte de sorcellerie, et à remplacer par des accusations de magie, les procès faits aux hérétiques, dont on ne voulait pas s'occuper en Allemagne. Il en fut ainsi sous INNOCENT VIII: il renouvela, en 1484, les lois contre la magie, se conformant dans toute son étendue à l'opinion publique, et il établit pour la haute Allemagne deux juges de sorcellerie, qui, en 1489, sous le titre de Marteau des sorciers, publièrent un écrit dans lequel ils représentaient la procédure à suivre dans les procès de sorcellerie, avec beaucoup de frais d'érudition et une plus grande abondance encore de superstitions et de sottises. La croyance aux sorciers s'étendit par là encore plus, et il y en eut des milliers qui furent victimes de cette funeste opinion, contre laquelle quelques personnes seulement osaient élever la voix.

La vigueur, et en partie la grossière sensualité du temps, se plut dans les extrêmes, et, à côté des jouissances et des plaisirs de la vie, survint la crainte des châtiments divins et des puissances ténébreuses. Les joies du paradis et les terreurs de l'enfer furent dépeintes, en parole et en peinture, avec les plus vives couleurs d'une imagination toute sensuelle. Comme l'an 1000 de l'Église chrétienne approchait de sa fin, on redoutait de toutes parts de voir arriver la fin du monde. Plusieurs, en se flagellant le corps, cherchèrent alors à expier des fautes graves et à apaiser les remords de leur conscience; ce furent surtout les

ordres mendiants qui recommandèrent ce moyen de mortifier la chair. L'Italie vit les premières troupes nombreuses qui, en longues files de pénitents, la tête voilée, et dépouillés jusqu'à la ceinture, allaient en procession avec des chants de repentir et se flagellaient jusqu'au sang. En Allemagne, les terreurs qu'inspirait la peste noire amenèrent la même superstition. Des troupes de plusieurs centaines de personnes, avec une croix, une bannière et des fouets, allaient de lieu en lieu, entonnant de lugubres cantiques, et se frappaient eux-mêmes jusqu'au sang, pour éloigner la grande mortalité. Cette excentricité des flagellants se renouvela encore plusieurs fois à l'occasion de fléaux publics et en d'autres circonstances, jusqu'à ce qu'enfin l'Église les condamna ouvertement.

La direction matérielle du temps voulut présenter aux sens des objets palpables d'adoration, et la piété trouva son expression et sa nourriture dans le culte des reliques et des saints. Les récits de leurs actions et de leur vie, appelés légendes, furent de même les livres d'édification du temps. La pensée que les saints veillaient sur les hommes pour les protéger, et représentaient leurs intérêts auprès de Dieu, poussa toujours de plus profondes racines; leur nombre s'accrut chaque année. Après avoir d'abord déterminé qui l'on devait adorer comme saint, les papes dans le xire siècle s'en attribuèrent le droit exclusif, quoique, pourtant, il fût aussi exercé par les grands conciles. L'acte par lequel un homme est placé parmi les saints s'appelle canonisation, parce que son nom est introduit dans le canon de la liturgie de la sainte Cène. L'acte de mettre au rang des bienheureux est considéré comme moindre que celui de mettre au rang des saints. Parmi

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les saintes femmes de ce temps, on honore principalement ELISABETH, la landgrave de Thuringe, sur le tombeau de laquelle s'élève à Marbourg un beau monument d'architecture allemande, en forme de voûte'; puis CATHERINE DE SIENNE.

L'estime que l'on fit de la sainteté du mariage, conduisit peu à peu à cet extrême de le regarder en général comme indissoluble. D'un autre côté, on établit des motifs pour lesquels un mariage pouvait être déclaré nul, et on compta surtout dans ce nombre la parenté des époux. INNOCENT III borna au quatrième degré de parenté ou d'alliance les motifs d'empêchement au mariage, et, par conséquent aussi, le droit de les déclarer non valides, et cette pratique subsiste encore à présent dans l'Église catholique.

Dans le temps où régnait le droit du plus fort, on établit la trève de Dieu, par laquelle, dans certains temps de l'année (l'avent et les temps de jeûnes), et dans des jours déterminés de la semaine (surtout le vendredi, le samedi et le dimanche), toutes les armes devaient être déposées, sous peine des châtiments les plus sévères. L'Église ne s'efforçait pas seulement de maintenir cette trève de Dieu, mais aussi, dans les temps de guerre, elle plaçait sous sa protection tous ceux qui ne pouvaient se défendre et tout ce qu'on avait institué et établi dans des vues pacifiques; elle offrait aussi un asile à ceux qui étaient persécutés. Elle eut, de plus, de l'influence sur les jugements de Dieu (ordalies), et par sa direction chercha à en diminuer le nombre, et à supprimer la coutume du duel. Les jugements de Dieu qui étaient déjà connus, il est vrai, des anciens Germains, mais qui devinrent d'un usage fréquent dans

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le moyen âge, font connaître l'esprit qui régnait alors. On croyait par là laisser le cas douteux à la décision divine, et en même temps l'on admettait que Dieu donne à l'innocent les secours nécessaires pour subir heureusement l'épreuve.

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Pèlerinages, jubilé et indulgences

Les pèlerinages (voy. § 58) se multiplièrent, et la foi aux miracles en ajouta de nouveaux à ceux qui existaient déjà. Ainsi d'innombrables pèlerins se précipitèrent vers Lorette, depuis la tradition du xive siècle qui portait que, dans la cathédrale de cette ville, se trouve le domicile de la vierge Marie, lequel, après la perte de la Palestine, aurait été apporté de Nazareth par des anges, et, après maintes pérégrinations, aurait été déposé dans le lieu où il est maintenant'. Comme les pèlerinages procuraient aux églises de grandes richesses, le pape BONIFACE VIII publia en 1300 une année d'indulgence et de jubilé, par laquelle il promettait un pardon complet de leurs péchés à tous les chrétiens qui visiteraient pendant ce temps avec pénitence les églises de Saint-Pierre et de Saint-Paul, à Rome. Pleins de confiance en cette promesse, non-seulement les Romains accoururent dans les églises de leurs patrons, mais encore de toute l'Italie, de l'Allemagne, de l'Angleterre et d'autres pays arrivèrent à Rome quelques cent milliers de pèlerins, pour recevoir l'indulgence promise. Les avantages que la présence de tant d'étrangers procurait à la ville de Rome

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et au souverain pontife, déterminèrent les papes à faire célébrer le jubilé à des intervalles plus rapprochés, afin que, le plus possible, un grand nombre de chrétiens pussent en recevoir les bienfaits. CLÉMENT VI l'établit tous les 50 ans'; URBAIN VI, tous les 33 ans, et PAUL II, tous les 25 ans ; et il est resté fixé comme ce dernier pape l'avait établi.

Avec les aumônes, les pèlerinages et d'autres actes de pénitence, on supposait, à la vérité, que la conversion du cœur et l'amélioration de la vie était la condition du pardon des péchés, mais il était bien facile de se méprendre et de s'abuser par intérêt sur la nature des indulgences, et les papes y faisaient d'autant moins attention, qu'ils étaient plus avides de l'argent qui en provenait abondamment pour eux. La doctrine du trésor des œuvres (voyez § 95) érigeait en un droit complet le pouvoir des papes de dispenser des peines ecclésiastiques et de pardonner les péchés, pouvoir s'étendant aux âmes déjà dans le purgatoire. Le commerce des indulgences fut exercé tellement sans honte, que ceux qui en étaient les fermiers et les sous-fermiers, sans faire le moindre cas du repentir et de la conversion, les vendaient comme le moyen exclusif de réconciliation avec Dieu, même pour les crimes à venir et pour ceux qu'on avait l'intention de commettre. Le revenu des indulgences, qui avait été précédemment consacré aux croisades, le fut plus tard à la guerre contre les Turcs et à la construction de l'église de Saint-Pierre, mais il fut, en grande partie, employé par les papes pour leurs besoins particuliers. Contre un désordre si grand d'extorsion et de démoralisation, on entendit s'élever à la fin de cette période des voix toujours plus nombreuses; quelques

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