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quit des connaissances tellement au-dessus de la portée de son peuple, qu'il fut considéré comme un magicien. Ses écrits traitent surtout des mathématiques et de la physique. De même les relations de la famille impériale de Saxe (les Othons) avec la cour grecque donnèrent du mouvement aux esprits, et firent revivre le souvenir de l'antiquité grecque. HROSVITHA, abbesse de Gandersheim dans le Brunswick actuel († en 984), célébra en hexamètres latins et rimés les exploits d'Othon le Grand, et écrivit en langue latine, d'après le poëte Térence, des drames religieux. Notker, qui dirigea l'école du cloître de Saint-Gall, et qui y mourut comme abbé en 1022, eut le mérite de perfectionner la langue allemande. Parmi ses traductions en langue germanique, on connait particulièrement celle des Psaumes.

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Les scholastiques

Les diverses influences dont nous avons parlé dans le paragraphe précédent, et le rétablissement d'un ordre meilleur dans l'État et dans l'Église, eurent pour conséquence que depuis la seconde moitié du XIe siècle se manifesta une vie religieuse mieux réglée, et qu'il s'établit dans l'enseignement une méthode nouvelle et originale: on la nomma scholastique, ou théologie scholastique, et scholastiques les docteurs qui la suivirent, parce qu'ils enseignaient surtout dans les écoles des cloîtres et des évêques, et que la scholastique dominait principalement parmi eux. Comme les esprits réfléchis ne se laissent pas arrêter par l'ancienneté des choses ou des idées, on cherchait à se frayer alors une route nouvelle, entraîné qu'on était surtout par

les écrits d'Aristote, conservés vraisemblablement par les Arabes, et qui, dans de pauvres traductions latines, continuaient de servir de règle aux savants, et d'être le principal objet de leurs occupations. Mais, comme la foi était exactement ténorisée d'avance par l'Église dans chacun de ses détails, et que tout examen qui pouvait la mettre en doute était défendu, il ne restait plus alors d'autre soin au penseur que de distribuer les objets de la foi dans leurs parties essentielles, avec de fines distinctions et des idées subtiles, de les déterminer de la manière la plus exacte, d'en lier et d'en accorder les parties les unes avec les autres, et, là où cela était possible, de soutenir la foi par le raisonnement. Ainsi s'élevaient souvent de nouvelles questions de l'espèce la plus bizarre, des essais pour résoudre ce qui était insoluble, et qui allaient souvent jusqu'au ridicule. Mais, quoique en cela la scholastique fût plus artificielle que véritablement spirituelle, qu'elle s'occupât de la forme plutôt que de créer réellement, que le temps de son éclat dût une fois passer, vu qu'elle s'était perdue sans ressource dans des questions de fond et de forme dépourvues de toute valeur sérieuse, elle a cependant donné de maintes manières une forte impulsion à l'esprit humain, a exercé ses forces, préparé les progrès des temps modernes, et il faut reconnaître que plusieurs scholastiques, par leur érudition et par leur esprit, occupent une place distinguée dans l'histoire de la science théologique.

LANFRANC est regardé comme l'avant-coureur des scholastiques; il dirigea comme abbé plusieurs écoles de couvent et plusieurs cloîtres, forma des hommes distingués, et fut enfin archevêque de Cantorbéry1. Parmi les scholastiques eux-mêmes, ANSELME, son disciple et son suc

'† en 1089.

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cesseur dans son archevêché', obtint la première place. Il aspira à élever la foi au rang de science par le raisonnement. Il fonda la doctrine de la satisfaction expiatoire*, d'après laquelle Christ, l'Homme-Dieu, devait souffrir la mort pour satisfaire, satisfaire, à la place des hommes, à la justice de Dieu; et surtout il ouvrit les voies à la preuve ontologique de l'existence de Dieu. ABÉLARD s'éleva encore plus haut en esprit et en profondeur; il partit du principe, qu'il ne faut croire que ce que l'on comprend, et employa le raisonnement et les enseignements de l'Église pour démontrer sa proposition; mais, par suite de cela, il fut accusé d'hérésie, et subit des persécutions multipliées. Il fut le plus célèbre professeur de philosophie et de théologie que possédât l'université de Paris; mais son amour pour la belle Héloïse lui en rendit les parents hostiles; il s'enfuit dans le cloitre de Saint-Denis, et Héloïse prit le voile par amour pour lui. Plus tard il retourna à Paris, il est vrai, occuper sa chaire de professeur; mais la haine de ses adversaires ne se ralentit pas: deux synodes le condamnèrent comme hérétique, et il dut endurer une étroite réclusion dans un cloître, jusqu'à ce que, peu de temps avant sa mort (1142), il recouvrât sa liberté dans le cloître de Clugny. PIERRE LOMBARD, d'abord docteur et enfin évêque de Paris (1164), fut, il est vrai, pour le talent et pour la science, bien loin d'Abélard, mais il jouit pareillement d'une grande faveur, et parvint à une influence qui s'éten

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+ en 1109. Satisfactio vicaria. 3 Le sens primitif de ce mot est, d'après le grec, science des êtres, et la preuve dont il est ici question se formule ainsi : « Je me représente Dieu, il doit, par conséquent, exister. » Cette preuve se fonde sur ce que nous avons dans notre esprit l'idée d'un être parfait, dont toute raison cultivée a involontairement conscience, et sur ce que la réalité ou l'existence de la perfection réside nécessairement au dehors de l'intelligence pure.

dit fort au delà de son temps. Ses Sentences, où il condensa en un tout scientifique la doctrine de l'Église extraite des Pères, prévalurent longtemps comme autorité et comme modèle, ce dont elles furent redevables à la constance avec laquelle il se tient rigoureusement attaché à la doctrine de l'Église, à la clarté qui y règne partout, et à la tentative qu'il fit de faire disparaître les contradictions.

Parmi les scholastiques les plus distingués qui parurent plus tard, il faut compter ALEXANDRE DE HALES († en 1245), et ALBERT, surnommé le Grand, qui était Allemand de naissance, qui étudia à Padoue et à Paris, devint évêque de Ratisbonne, et se rendit à Cologne, où il mourut (1280). De nombreux écrits de ce dernier concernent non-seulement la religion et la philosophie d'Aristote, mais surtout les sciences naturelles, dont il emprunta la connaissance aux Arabes. Mais il faut principalement nommer ici THOMAS D'AQUIN, de l'ordre de saint Dominique, qui enseigna avec beaucoup de succès à Paris et dans d'autres villes († en 1294), et le franciscain DUNS SCOT, docteur à Paris, à Cologne et à Oxford. Les deux derniers ont formé deux partis philosophico-théologiques, auxquels ils ont donné leur nom. Ce sont les Thomistes et les Scotistes, dont la lutte réciproque fut longue et obstinée, parce que les dominicains étaient du côté des thomistes, et les franciscains de celui des scotistes, et que les disputes des deux ordres se mêlaient aux discussions de la science. Un des plus célèbres disciples de Duns Scot fut GUILLAUME OCCAM, docteur à Paris, puis provincial des franciscains en Angleterre, et qui s'établit enfin à la cour de l'empereur LOUIS DE BAVIÈRE.

Dans le xire et le XIIIe siècles, la scholastique était parvenue au plus haut degré; et si, dans le xive siècle, affranchie des autorités extérieures, elle prétendit ensuite à

la prépondérance sur les autres enseignements, cependant elle dégénéra toujours plus en stériles disputes et en vaines subtilités, qui rendirent toujours plus manifeste l'opposition des libres penseurs du xve siècle contre les scholastiques.

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Les mystiques

Comme un extrême a coutume d'en provoquer un autre, le point de vue étroit de la scholastique, qui occupait, il est vrai, l'intelligence, et qui aspirait à contenter le désir de connaître, mais qui ne satisfaisait point le sentiment religieux et les besoins d'une piété avant tout désireuse de croire, conduisirent à un extrême opposé, c'est-à-dire à la mystique1. Dans tous les temps recherchée par quelques natures d'élite, qui se plaisent à vivre en elles-mêmes, cette dernière disposition cessa surtout alors d'être une voie particulière à quelques esprits seulement. On entend

'Ce mot mystique est originaire du grec; il a, avec le mot mystère, une racine commune, dont le sens fondamental est de fermer les yeux, et il désigne positivement le genre mystérieux, ce qui concerne la vie cachée en Dieu. Mais si la mystique se prend ordinairement dans un bon sens, on a coutume d'entendre par le mysticisme une direction religieuse du sentiment, exagérée, exclusive, et par conséquent faussée. Cependant on les distingue aussi l'un de l'autre, en ce sens que la mystique aurait surtout résidé dans cette foi du moyen âge dont il est question dans le texte, au lieu que le mysticisme représenterait les tendances analogues, mais moins profondes, plus bornées, des temps modernes ; ou bien en ce sens que le mysticisme serait le système et la méthode, et la mystique, au contraire, le genre de religion particulier à certains individus.

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