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Fixation des détails de la doctrine

Parmi les dogmes qui existaient déjà, mais qui se précisèrent alors d'une manière plus catégorique et furent développés avec plus de soin, il faut ranger en premier lieu la doctrine du pardon des péchés, qu'on peut obtenir par des satisfactions et par les prières des saints. La doctrine suivant laquelle des satisfactions, c'est-à-dire des œuvres extérieures, possédaient une vertu expiatoire, trouve de bonne heure son point de départ, dans l'idée du caractère méritoire d'un renoncement volontaire, et dans l'application de la pénitence ecclésiastique aux rapports de l'homme avec Dieu (v. § 53). Mais alors cette doctrine se produisit avec plus de force, et, réunie à la foi en l'intercession des saints, devint presque le centre de la vie religieuse de cet âge. A la doctrine de la satisfaction se joignit celle du trésor des bonnes œuvres, et à cette dernière se lia d'une manière étroite la nécessité de la confession auriculaire. De bonne heure déjà, on s'était figuré que Christ avait satisfait par une seule goutte de son sang versée pour l'humanité pécheresse, et que les saints avaient fait plus qu'ils n'étaient réellement obligés de faire. De là naquit alors la doctrine que le sang du Sauveur et les mérites des saints formaient une provision infiniment grande, un trésor de bonnes œuvres, que l'Église avait à administrer, qu'elle pouvait distribuer aux fidèles, et qui avait le pouvoir de remplacer la vertu qui leur manquait. Cette doctrine fut établie surtout dans le XIIIe siècle, et confirmée, en 1343, par le pape CLÉMENT VI. Aussi s'y attacha-t-on d'autant plus fortement, qu'elle servait à justifier et à appuyer les indulgences.

La confession auriculaire (v. § 53), dans laquelle il était

indispensable, pour obtenir son pardon, de faire au prêtre une confession détaillée de ses péchés, fut imposée comme une loi par INNOCENT III, dans le quatrième concile de Latran1. Sa nécessité fut fondée principalement sur ce que le prêtre ne peut agir avec succès sur la sanctification de l'âme que lorsqu'il en connaît bien toutes les dispositions, et que, par conséquent, il peut déterminer les pénitences et les satisfactions à accomplir, d'après le degré des péchés à lui connus.

Une autre extension du dogme, qui fut riche en conséquences, concerna la sainte Cène. L'idée, déjà de bonne heure existante, que Christ était présent dans la sainte Cène, et qu'après la consécration, le pain et le vin n'étaient plus de la même nature, n'avait pas été jusque-là déterminée d'une manière exacte. Mais alors on essaya de pénétrer plus avant dans cette matière, et d'expliquer la manière dont le pain était uni au corps de Jésus-Christ. Ainsi prit naissance la doctrine de la transsubstantiation, c'est-à-dire l'enseignement que par la consécration du prêtre le pain et le vin sont changés, par la puissance divine, au corps et au sang de Jésus-Christ, en sorte qu'il ne reste plus que la forme et l'apparence du pain et du vin. PASCHASE RADBERT, moine et plus tard abbé de l'ancienne Corbie, mort vers 865, présenta, pour la première fois, cette doctrine d'une manière aussi déterminée, et quoique les hommes les plus savants d'alors se prononçassent contre elle, elle trouva néanmoins toujours plus d'accès, parce qu'elle flattait la croyance aux miracles, qui régnait à cette époque, toutes les tendances ecclésiastiques de ce temps, et parce qu'elle augmentait la considération du prêtre, par la médiation du

1215.

Mot, du reste, employé pour la première fois par Hildebert de Tours, en 1215.

quel le miracle de la transsubstantiation était opéré. On vit déjà, au xie siècle, combien cette doctrine de la modification du pain était répandue, lorsque BÉRENGER, supérieur de l'école de Tours, et depuis 1040 archidiacre à Angers, rejeta cet enseignement, et n'admit dans la sainte Cène qu'une présence spirituelle de Christ, dont l'âme jouit par la foi, qui lui rend comme présents le corps et le sang de JésusChrist. Il s'éleva là-dessus une vive contestation; on discuta dans plusieurs conciles la doctrine de Bérenger, et même GRÉGOIRE VII, qui lui était personnellement dévoué, ne put l'empêcher d'être rejetée. Innocent III fit confirmer la doctrine de la transsubstantiation, dans le concile de 1215 mentionné ci-dessus, et en fit ainsi un article de foi.

Aux développements du dogme appartient enfin la doctrine des sept sacrements. Déjà depuis longtemps on s'était accoutumé à employer le mot de sacrement1 pour désigner les actes du culte et les objets sacrés, particulièrement le baptême et la sainte Cène. Peu à peu prit naissance la doctrine de sept sacrements, c'est-à-dire d'actes qui figurent d'une manière sensible la grâce divine, qui la confèrent, et consacrent l'homme aux moments décisifs de sa vie. Les sacrements reconnus dans l'Église romaine sont: le baptême, la confirmation, la pénitence, la sainte Cène, l'ordination du prêtre, le mariage, et l'extrêmeonction. Mais, quoique cette doctrine fût déjà reçue dans le milieu du XIIe siècle, et que peu à peu elle se fût généralement introduite en Occident, elle fut néanmoins adoptée pour la première fois au xvIe siècle, dans le concile de Trente, et établie comme article de foi. Au reste, l'Église grecque s'accorde à cet égard avec l'Église romaine.

1 Ce mot signifiait d'abord engagement. Voir 1 Pierre III, 21. (Note du trad.)

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La science depuis Charlemagne jusqu'au milieu du XIe siècle

Les écoles fondées sous CHARLEMAGNE (v. § 51) durèrent encore sous ses successeurs. L'éducation scientifique y fut principalement conservée, et les hommes qui se distinguèrent dans ce temps par leur enseignement et par leurs écrits, sortirent pour la plupart des écoles épiscopales et des cloîtres. Parmi eux il faut d'abord faire mention de RABAN MAUR, disciple d'ALCUIN. Il fut le plus grand érudit de son temps, et acquit de véritables titres à la reconnaissance publique par l'amélioration des écoles. Abbé de Fulde, il fonda dans le cloître une école, qui parvint bientôt à une grande renommée, et où se formèrent d'habiles docteurs de l'Église. Il mourut en 856 archevêque de Mayence. Dans le débat sur la transsubstantiation (voy. chap. précédent), il se prononça contre Paschase Radbert, et se rangea, d'autre part, parmi les adversaires du moine GOTTSCHALK, qui admettait la doctrine d'Augustin sur la prédestination, comme si elle était une prédestination non-seulement au salut, mais encore à la damnation.

AGOBARD, archevêque de Lyon, mort en 841, blâma dans plusieurs de ses écrits différentes superstitions qui régnaient alors; et CLAUDE, évêque de Turin dans le même temps, manifesta son zèle contre le pape, les images et le culte des saints. AYMON, également disciple d'Alcuin, fut abbé du cloître d'Hersfeld, et enfin évêque à Halberstadt, où il mourut en 853. Il fit divers extraits d'anciens ouvrages. JEAN SCOT ERIGÈNE, d'un esprit original et profond, qui vint en 870 à la cour de

Charles le Chauve, alla plus tard en Angleterre, auprès du roi Alfred le Grand. Au Ixe siècle vivait pareillement HINCMAR, archevêque de Rheims; il fut particulièrement remarquable par sa participation aux événements ecclésiastiques de son temps, et par la fermeté avec laquelle il défendit les droits de l'Église nationale et de son archevêché. OTFRIED, savant moine du cloître de Weissembourg, sous le nom d'Harmonie des Évangiles en écrivit une traduction en rimes allemandes, qui est le principal ouvrage composé dès les anciens temps en haut allemand. Mais ce commencement d'une littérature allemande demeura isolé; on se servit dans la suite de la langue latine, et la science ne sortit pas du domaine ecclésiastique. Pour la première fois, dans le XIIe siècle, où commencèrent à paraître les Minnesænger, et où, dans maître Reinecke le Renard, on se moquait de la gloutonnerie des moines et de l'avidité des papes, commença pour les Allemands une littérature nationale indépendante, et les Nibelungen, qui, dans le XIIIe siècle, reçurent leur forme actuelle, sont rangées parmi les poésies épiques les plus remarquables.

Les troubles civils qui, dans le xe siècle, suivirent le morcellement de l'empire franc, firent tomber dans un état de sommeil les restes de la civilisation, et la science ne fut plus cultivée que dans les murs paisibles des couvents. Mais l'Occident chrétien fut redevable d'une nouvelle civilisation aux Arabes, qui, en raison de leur temps, se distinguèrent dans les sciences et dans les arts, et principalement dans l'astronomie, les mathématiques, la médecine et la philosophie d'Aristote, qu'ils étudièrent à l'aide des ouvrages grecs. L'école qu'ils fondèrent à Cordoue, en Espagne, en 980, éveilla l'attention des chrétiens de leur voisinage. Ce fut là, ainsi qu'à Séville, que GERBERT ac

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