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GÉRARD GROOT, prêtre à Deventer1. Elle se composa presque uniquement de clercs, qui, en partie, vivaient dans leur communauté, en partie habitaient ensemble dans les maisons des frères, et se nourrissaient par leur travail. L'Union s'étendit dans les Pays-Bas et dans le nord de l'Allemagne, et elle établit aussi des maisons de sœurs. Les membres cherchaient par leur exemple et par leurs enseignements à avancer la piété chrétienne, et travaillèrent principalement à l'instruction évangélique de la jeunesse, s'appliquant surtout à former de bons conducteurs spirituels, et à faire lire la sainte Écriture en langue vulgaire. Ils ont répandu une semence qui a porté ses fruits dans le temps de la réformation.

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Ordres religieux de chevalerie

Les ordres religieux et militaires naquirent, à l'époque des croisades, de l'union du monachisme et de la chevalerie, du besoin d'agir et du pieux désir de vivre et de mourir au service du Seigneur. Chacun des trois ordres suivants se divisa en trois degrés, chevaliers, prêtres et frères servants, et eut à sa tête un grand maître, des commandeurs et des chapitres de chevaliers. Mais avec l'esprit du moyen âge ils perdirent aussi leur importance, et il n'en est pas resté beaucoup plus que le nom et le souvenir, tandis que les ordres séculiers de chevalerie, formés sur leur modèle au XIIIe et au XIVe siècle, se sont si fort étendus dans le monde moderne.

Déjà, dans l'année 1048, des marchands d'Amalfi avaient

'ten 1384.

fondé, pour recevoir et soigner les pèlerins, une association à Jérusalem et un hôpital bâti près d'une église, dans le voisinage du saint sépulcre. Cet établissement s'éleva beaucoup, depuis que les chrétiens furent devenus maîtres de Jérusalem, et leurs chefs se réunirent pour former une confrérie particulière, qui adopta les vœux monacaux, et qui prit le nom d'hospitaliers, ou de chevaliers de saint Jean de Jérusalem. RAYMOND DU PUY, son second grand maître, ajouta pour les chevaliers aux devoirs d'hospitalité et aux soins des malades, ceux de combattre pour l'Église, de protéger les veuves et les orphelins', et il donna sa règle à l'ordre. Dès lors, les chevaliers de saint Jean se firent connaître par beaucoup d'actions héroïques, et acquirent des propriétés considérables. Lorsque les chrétiens perdirent leur dernière possession en Palestine (v. §68), l'ordre transporta sa résidence en Chypre, et conquit, en 1310, l'île de Rhodes, depuis laquelle, devenu surtout puissance maritime, il soutint contre les Turcs des guerres continuelles; et, dès ce moment, les chevaliers de saint Jean recurent le nom de chevaliers de Rhodes. Ayant vu, en 1522, cette île tomber au pouvoir des Turcs, ils reçurent de l'empereur CHARLES V l'île de Malte, d'où leur est venu le nom plus usité de chevaliers de Malte. L'ordre eut beaucoup à souffrir de la réformation, et perdit ses biens dans la plupart des pays protestants. A la suite de la révolution française, ses biens furent aussi confisqués en France et dans l'Italie septentrionale, et, après que NAPOLÉON, en 1798, se fut emparé de Malte, l'ordre perdit les propriétés qui lui restaient encore ailleurs; quoiqu'il n'ait pas été supprimé, il ne lui est guère resté que son nom.

Les mêmes dispositions donnèrent naissance, à peu près

1 1118.

dans le même temps, à l'ordre des Templiers, ou des chevaliers du Temple; car plusieurs chevaliers français, ayant à leur tête HUGUES DES PAYENS, firent le vœu monacal de chevalerie entre les mains du patriarche de Jérusalem', et s'engagèrent surtout à escorter les pèlerins. Cette association fut confirmée comme ordre religieux, et tira son nom de sa résidence dans le palais des rois, qui était bâti à la place de l'ancien temple de Salomon. Cet ordre acquit aussi des droits importants et des richesses extraordinaires. Il fut surtout puissant en France, et richement doté; mais cela excita l'avidité du roi PHILIPPE LE BEL; l'ordre fut accusé d'erreur dans la doctrine et de mœurs corrompues. L'information commença par l'emprisonnement de tous les templiers de France, et par la confiscation de leurs biens3. Même avant la fin de l'enquête, le roi fit brûler 54 chevaliers, sort que partagèrent ensuite un grand nombre, et parmi eux JACQUES DE MOLAY, leur grand maître, tandis que d'autres furent condamnés à la prison perpétuelle. Cependant, si l'ordre même se laissa maintes fois entraîner à diverses fautes, et si maint chevalier ne fut pas exempt de crime, la manière dont on se conduisit envers eux fut violente et entièrement illégale. Le pape Clément, qui dépendait entièrement du roi (v. § 87), supprima l'ordre, en 1312; Philippe s'enrichit de ses biens, de tous ceux du moins qui étaient situés en France. Ailleurs les chevaliers de l'ordre conservèrent la vie, la liberté et des moyens d'existence.

Un autre ordre des Templiers, qui, déjà depuis le commencement du XVIIIe siècle, existait comme société secrète, et fut connu publiquement en France en 1831,

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n'a presque rien eu de commun avec les chevaliers du Temple que le nom et le costume.

L'ordre des Chevaliers teutoniques, ainsi nommé parce qu'il devait se composer uniquement d'Allemands, tira son origine d'un hôpital qu'en 1190 les bourgeois de Lubeck et de Brême fondèrent au siége d'Acre, pour soigner les malades de l'armée. Le duc FRÉDÉRIC DE SOUABE et d'autres princes allemands donnèrent tout leur intérêt à cette fondation, et un ordre militaire religieux fut fondé par le premier. Il s'appela l'ordre des Chevaliers allemands de la vierge Marie, ou les chevaliers de Marie; plus tard il fut nommé aussi l'ordre des Chevaliers teutons, et acquit bientôt de grandes richesses. Il obtint surtout une grande considération sous son grand maître HERMANN DE SALZA1, et, au commencement du xive siècle, il était le plus riche et le plus puissant des ordres de chevalerie; mais il s'était beaucoup éloigné de sa destination primitive. (Pour le reste de son histoire, voyez § 70, page 200.)

CHAPITRE III

DOCTRINE ET SCIENCE

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État général de la doctrine ecclésiastique

Ce qui avait été fixé dans la précédente période quant aux matières de foi, subsista et fut respecté dans celle-ci. L'autorité de l'Église fut et demeura le fondement de la

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foi; car, quoique l'Écriture sainte fût considérée, sans aucun doute, comme la source des connaissances chrétiennes, c'était pourtant l'Église qui l'interprétait et l'expliquait. La Vulgate (v. § 50) fut prise pour la base des interprétations; et comme tous les partis ennemis de l'Église se servaient de l'Écriture pour montrer les contradictions qui existaient entre cette même Église et le christianisme primitif, ceux qui étaient en possession du pouvoir ecclésiastique se montrèrent toujours plus décidés à empêcher la lecture de l'Écriture sainte en langue vulgaire, et à soumettre au jugement de l'Église chaque traduction qui en était faite. La foi prescrite par le clergé, propagée par lui et appuyée de son autorité, prévalut comme une doctrine au-dessus de tout examen; l'accord avec cette foi ecclésiastique, décoré du nom d'orthodoxie, devint comme le premier devoir du chrétien, et tout ce qui s'en écartait fut considéré comme le plus grand crime; aussi ne fallaitil pas penser à rechercher avec liberté et à examiner les fondements de l'Écriture sainte. Comme le contenu de la foi était prescrit à l'avance, la science devait se borner å le mettre en ordre, à en distribuer les diverses parties, et à le démontrer aussi exactement que possible. C'est aussi pour cela que, dans quelques points de doctrine destinés à ceux auxquels l'occasion ne s'était pas offerte de les comprendre plus exactement, l'enseignement de l'Église obtint d'être mieux déterminé et expliqué avec plus de soin.

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