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l'Écosse, et GRÉGOIRE XII par Naples, par quelques petits États italiens et par plusieurs évêques d'Allemagne. Ainsi la chrétienté en Occident avait alors trois papes.

Jean XXIII, successeur d'Alexandre V1, dut enfin condescendre au désir de l'empereur SIGISMOND, et convoquer à Constance un concile, qui dura de 1414 à 1418, c'està-dire trois ans et demi. Pour contrebalancer le trop grand nombre de cardinaux italiens, on établit que le vote aurait lieu par nation, et bientôt se fit jour la pensée, que le schisme finirait de la manière la plus prompte et la plus sûre, si les trois papes consentaient à abdiquer. Jean XXIII déclara aussi qu'il était prêt à le faire; mais comme la chose était prise au sérieux, il s'enfuit de Constance, grâce à la protection de Frédéric d'Autriche. Après quelques troubles occasionnés par cette fuite, le concile prononça son indépendance, et la maxime répétée qu'il était audessus du pape. Jean fut convaincu de fautes énormes, et enfin destitué.

GRÉGOIRE XII abdiqua, et BENOîr XIII, puis les deux successeurs qui lui furent donnés, ne furent reconnus que dans une très-petite portion de l'Espagne.

Le siége pontifical ainsi débarrassé, le parti de la réforme, soutenu par Sigismond, voulut que cette réforme tant désirée, mais dans laquelle il ne s'agissait pas de doctrine, eût lieu avant l'élection du nouveau pape. Il n'en fut cependant pas ainsi: MARTIN V fut élevé au saint siége, et les abus subsistèrent. Ainsi finit, en mai 1418, ce concile attendu avec tant d'espérance, et qui ne réussit guère å autre chose qu'à mettre fin au schisme.

1 1410. 21417.

sion, et se montrèrent d'autant plus indulgents pour les princes, qu'ils avaient plus besoin de leur aide. Ainsi se fit sentir toujours plus la nécessité d'une réforme de l'Église dans son chef et dans ses membres, et la maxime soutenue avec force par JEAN GERSON, chancelier de l'Université de Paris, qu'un concile général est au-dessus du pape, trouva dans la confusion de l'Église sa plus claire justification. La sainteté du siége romain et le vicariat de Dieu et de Christ, ne pouvaient continuer à subsister devant de telles preuves d'indignes bouleversements.

Comme le désordre dans les rapports ecclésiastiques et le scandale de la chrétienté devenaient toujours plus grands, plusieurs princes s'efforcèrent sérieusement de mettre fin à la lutte, et des universités, ainsi que des théologiens, firent des propositions pour terminer la division. Les deux papes s'étaient aussi engagés, à plusieurs reprises, à renoncer à leur dignité pour le salut de l'Église; mais ils surent se soustraire à l'accomplissement de cette promesse. Enfin, les cardinaux des deux partis furent engagés à convoquer1 un concile général à Pise. Les deux papes, qui se refusèrent à s'y rendre, furent déposés de leur dignité comme désobéissants et parjures, et l'on choisit pour les remplacer le pape ALEXANDRE V. Mais, quoique les cardinaux se fussent engagés réciproquement à ce que celui d'entre eux qui serait élu, travaillerait dans le présent concile à réformer l'Église dans son chef et dans ses membres, Alexandre V sut néanmoins différer une affaire d'un intérêt aussi pressant, et donner des espérances pour un concile qui aurait lieu plus tard. La cessation du schisme ne fut pas non plus opérée par le concile de Pise, car BENOIT XIII était encore reconnu pape par l'Espagne et par

l'Écosse, et GRÉGOIRE XII par Naples, par quelques petits États italiens et par plusieurs évêques d'Allemagne. Ainsi la chrétienté en Occident avait alors trois papes.

Jean XXIII, successeur d'Alexandre V', dut enfin condescendre au désir de l'empereur SIGISMOND, et convoquer à Constance un concile, qui dura de 1414 à 1418, c'està-dire trois ans et demi. Pour contrebalancer le trop grand nombre de cardinaux italiens, on établit que le vote aurait lieu par nation, et bientôt se fit jour la pensée, que le schisme finirait de la manière la plus prompte et la plus sûre, si les trois papes consentaient à abdiquer. Jean XXIII déclara aussi qu'il était prêt à le faire; mais comme la chose était prise au sérieux, il s'enfuit de Constance, grâce à la protection de Frédéric d'Autriche. Après quelques troubles occasionnés par cette fuite, le concile prononça son indépendance, et la maxime répétée qu'il était audessus du pape. Jean fut convaincu de fautes énormes, et enfin destitué.

GRÉGOIRE XII abdiqua, et BENOÎT XIII, puis les deux successeurs qui lui furent donnés, ne furent reconnus que dans une très-petite portion de l'Espagne.

Le siége pontifical ainsi débarrassé, le parti de la réforme, soutenu par Sigismond, voulut que cette réforme tant désirée, mais dans laquelle il ne s'agissait pas de doctrine, eût lieu avant l'élection du nouveau pape. Il n'en fut cependant pas ainsi: MARTIN V fut élevé au saint siége2, et les abus subsistèrent. Ainsi finit, en mai 1418, ce concile attendu avec tant d'espérance, et qui ne réussit guère à autre chose qu'à mettre fin au schisme.

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Les papes depuis Martin V jusqu'à la Réformation

La réforme de l'Église continua à être la pensée et le vœu principal des hommes les meilleurs et les plus éclairés, et Martin V, qui n'avait rien fait pour déraciner les abus depuis longtemps mis au jour, mais qui avait besoin d'un puissant secours contre les Hussites, fut tellement tourmenté, qu'il convoqua à Bâle le concile général qui avait été promis, et qui fut ouvert sous son successeur EUGÈNE VI'. L'assemblée commença sérieusement et avec zèle à s'occuper de la réforme de l'Église; elle mit des limites aux droits et aux revenus que les papes avaient usurpés, et chercha même à empiéter sur l'administration de l'Église. Mais Eugène, à qui cela ne plaisait pas, transporta le synode à Ferrare2, et de là à Florence (voy. § 77), ce qui n'empêcha pas un grand nombre d'évêques, qui étaient pour la réforme de l'Église, de continuer de siéger à Bâle. Le pape prononça contre eux l'excommunication, et eux, à leur tour, prononcèrent sa destitution, et choisirent comme pape l'ancien duc Amédée de Savoie, qu'ils élurent sous le nom de FÉLIX V; car le duc avait abandonné son duché à ses fils, et vivait en ermite sur les bords du lac de Genève.

Cependant les princes craignirent de voir éclater un nouveau schisme; et comme on engagea le nouvel empereur d'Autriche, FRÉDÉRIC III, à négocier un arrangement avec Rome, le crédit du concile de Bâle en fut peu à peu affaibli, et il se sépara de lui-même en 1449. La France tira le plus grand avantage de ces disputes, en ce qu'elle

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profita des embarras du pape pour s'appliquer, par la Pragmatique Sanction proclamée à Bourges', les conclusions du concile de Bâle relatives à l'indépendance de l'Église gallicane, et pour acquérir plus de droits et de libertés que les Églises des autres pays.

ÆNÉAS SYLVIUS, distingué par son esprit et son érudition, historien du concile de Bâle, avait, au commencement de cette assemblée, pris part à ses débats d'une manière libre et courageuse, mais ensuite il fut gagné aux intérêts du pape, et après s'être élevé au saint siége sous le nom de PIE II, il déclara nulles les décisions du concile de Bâle, et s'efforça, mais en vain, de supprimer la Pragmatique Sanction.

Cependant il semblait que les princes et les peuples élevaient inutilement la voix en faveur d'une réforme de l'Église, et, en particulier, de la papauté, et que les conciles avaient en vain fait valoir les droits et la sainteté des vues de l'Église, contre l'immoralité introduite dans le clergé. De nouveau s'élevèrent des papes qui, par leur conduite mondaine, leur vie réprouvée, déshonorèrent l'Église et scandalisèrent la piété des fidèles. SIXTE IV3, orgueilleux et vain, chercha, par l'usure et par d'autres moyens immoraux, à remplir ses caisses épuisées; il prit part à la conspiration contre la famille de Médicis à Florence, et fit répandre le sang pour gagner des principautés à ses neveux et à ses fils. Son successeur INNOCENT VIII fit la guerre au roi FERDINAND DE NAPLES, qui

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1438. 2 1458-1464. 3 1471-1484. Dans le sens pri

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mitif et étroit, ce mot signifiait d'abord petit-fils, puis, dans un sens plus large neveu, cousin et parents en général. Des faveurs non méritées accordées à des parents par le pape ou par quelque autre prince de l'Église, ont, dès lors, reçu le nom de népotisme. — 3 1484-1492.

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