Obrazy na stronie
PDF
ePub

mourut sans s'être réconcilié avec l'Église. Mais le pape continua la lutte contre les Hohenstaufen, déclara que leur race avait pour toujours perdu le trône, et songea à réunir Naples et la Sicile aux États de l'Église. CONRAD IV, fils de Frédéric, conquit, il est vrai, le pays qu'il avait hérité en Italie; mais il mourut en 1254, et alors commença en Allemagne le triste interrègne, qui dura jusqu'à l'élection de RODOLPHE DE HABSBOURG. Enfin CLÉMENT IV donna le royaume des Deux-Siciles, comme s'il eût été sa propriété, à CHARLES D'Anjou, frère du roi de France; et CONRADIN, le dernier des Hohenstaufen, finit sa vie à Naples sur l'échafaud. Les papes avaient ainsi réussi à perdre leurs plus puissants ennemis; mais ils l'avaient acheté cher: ils l'avaient payé par le bouleversement de l'Allemagne, par la prépondérance de la France, et par le démembrement de l'Italie.

BONIFACE VIII ressentit cette prépondérance, lorsque, dans la guerre sanglante entre PHILIPPE LE BEL de France et EDOUARD Ier d'Angleterre, il prétendit au rôle d'arbitre, et voulut défendre à tous deux la confirmation des biens ecclésiastiques. Le pape promulgua contre Philippe plusieurs bulles, dans lesquelles il déclarait hérétique celui qui ne croyait pas que, dans les choses spirituelles et temporelles, le roi soit soumis au pape; il énonça la prétention que toute créature doit obéir au saint siége, sous peine de perdre la félicité éternelle; il excommunia le roi, suspendit le clergé de France, et prononça l'interdit sur ce royaume. Mais Philippe, soutenu par le peuple et par le clergé de son pays, convoqua les États du royaume, déclara insensé celui qui doutait de son indépendance dans les choses temporelles, en appela à un concile

[blocks in formation]

général, fit accuser le pape de crimes énormes, et le fit enfin prisonnier à Anagni dans les États de l'Église. Boniface fut rendu à la liberté au bout de trois jours par les habitants de cette ville; mais il mourut bientôt de chagrin du traitement qu'il avait enduré. Son histoire prouve que la puissance des papes commençait déjà à chanceler, et que l'opinion publique n'était plus au service de la papauté. Aussi le pape BENOÎT XI, qui lui succéda', se vitil contraint de se conformer aux circonstances qui avaient changé, et, après une ambassade honorable du roi Philippe, de révoquer, avec tous les ménagements possibles pour l'honneur pontifical, les résolutions qu'il avait prises contre lui.

87

Les papes à Avignon

Avec CLÉMENT V, qui fut couronné pape à Lyon, en 1305, commença la série des papes français. Il ne se rendit jamais en Italie, et transporta sa résidence à Avignon, qui appartenait alors aux comtes de Provence, mais qui était entièrement entourée par le territoire français. On compte ordinairement le séjour des papes dans cette ville de 1305 à 1377, et on le désigne sous le nom d'exil de Babylone, parce que, durant ce temps, ils furent dans une entière dépendance à l'égard des rois de France, et qn'on y vivait avec tant de dissipation et de luxe, que le poëte PÉTRARQUE, qui en fut témoin oculaire, appelle Avignon une nouvelle Babylone. Cependant les papes continuèrent encore à soutenir leurs prétentions contre les

[blocks in formation]

autres puissances. Ainsi, comme FRÉDÉRIC d'Autriche et LOUIS DE BAVIÈRE avaient combattu pour le trône impérial, et que le premier avait été fait prisonnier1, JEAN XXII somma Louis, qui était vainqueur, de se soumettre à sa décision; mais, comme celui-ci en appela à son droit contre une telle prétention, l'excommunication et l'interdit en furent pour lui les conséquences. Mais ces armes étaient déjà émoussées; Louis fut couronné à Rome, et les électeurs tinrent leur première assemblée à Rhense sur le Rhin, où la conduite du pape fut déclarée illégale, mise à néant, et où l'on établit pour toujours que le roi d'Allemagne et l'empereur romain ne devaient être élus que par les princes électeurs, et qu'ils n'avaient pas besoin de l'approbation ou de la confirmation pontificale.

CLÉMENT VI acheta, en 1348, la ville d'Avignon et son territoire. Cependant les papes, en demeurant trop longtemps éloignés de Rome, durent craindre de perdre leurs possessions italiennes; aussi GRÉGOIRE XI retourna à Rome en 1377, et il fut bien accueilli des Romains, qui allèrent en triomphe au-devant de lui.

La dépendance des papes à l'égard de la France dut rabaisser beaucoup leur position dans le monde; déjà le changement de leur résidence diminua leur considération, parce qu'on était accoutumé à rattacher à Rome l'idée de la succession de saint Pierre et la splendeur de la papauté. Ajoutez encore à cela que les revenus de l'État et de l'Église diminuèrent de beaucoup, et que les papes songèrent å employer de nouveaux moyens, mais des moyens indignes et révoltants, afin de se procurer de l'argent et de pressurer l'Église, moyens qui plus tard restèrent encore en

[blocks in formation]

usage. Par là des richesses prodigieuses abondèrent alors à Avignon, tellement, que Jean XXII, par exemple, doit avoir laissé dix-huit millions de florins d'or en effectif, et environ sept millions en bijoux. Mais la considération pour les papes baissa infiniment par là au sein de la chrétienté, et le besoin d'une réforme fondamentale de l'Église devint d'autant plus sensible.

88

Schisme d'Occident

Le grand schisme de l'Église, qui suivit immédiatement la captivité de Babylone, fut encore plus nuisible à la considération des papes. En effet, comme, après la mort de GRÉGOIRE XI1, on avait, suivant le désir du peuple romain, choisi pour pape un Italien, URBAIN VI, les cardinaux français élurent CLÉMENT VII, l'un d'eux, qui fixa sa résidence à Avignon. La France, la péninsule Pyrénaïque, l'Écosse, la Lorraine et la Savoie se déclarèrent pour lui, tandis que les autres contrées de l'Occident reconnurent URBAIN VI. Après la mort des deux papes, la division ne cessa pas, vu que chaque parti continua d'en élire un autre. Ainsi le parti italien-allemand choisit BONIFace IX, INNOCENT VII et GRÉGOIRE XII. Le parti français choisit BENOÎT XIII. Des deux côtés, les papes s'excommunièrent réciproquement, ainsi que le parti qui leur était opposé, et se traitèrent mutuellement de la manière la plus indigne. Tous deux, pour soutenir les grands frais de leur cour et ceux de la lutte, méditèrent de nouveaux moyens d'extor

1 1387.

sion, et se montrèrent d'autant plus indulgents pour les princes, qu'ils avaient plus besoin de leur aide. Ainsi se fit sentir toujours plus la nécessité d'une réforme de l'Église dans son chef et dans ses membres, et la maxime soutenue avec force par JEAN GERSON, chancelier de l'Université de Paris, qu'un concile général est au-dessus du pape, trouva dans la confusion de l'Église sa plus claire justification. La sainteté du siége romain et le vicariat de Dieu et de Christ, ne pouvaient continuer à subsister devant de telles preuves d'indignes bouleversements.

Comme le désordre dans les rapports ecclésiastiques et le scandale de la chrétienté devenaient toujours plus grands, plusieurs princes s'efforcèrent sérieusement de mettre fin à la lutte, et des universités, ainsi que des théologiens, firent des propositions pour terminer la division. Les deux papes s'étaient aussi engagés, à plusieurs reprises, à renoncer à leur dignité pour le salut de l'Église; mais ils surent se soustraire à l'accomplissement de cette promesse. Enfin, les cardinaux des deux partis furent engagés à convoquer un concile général à Pise. Les deux papes, qui se refusèrent à s'y rendre, furent déposés de leur dignité comme désobéissants et parjures, et l'on choisit pour les remplacer le pape ALEXANDRE V. Mais, quoique les cardinaux se fussent engagés réciproquement à ce que celui d'entre eux qui serait élu, travaillerait dans le présent concile à réformer l'Église dans son chef et dans ses membres, Alexandre V sut néanmoins différer une affaire d'un intérêt aussi pressant, et donner des espérances pour un concile qui aurait lieu plus tard. La cessation du schisme ne fut pas non plus opérée par le concile de Pise, car BENOIT XIII était encore reconnu pape par l'Espagne et par

1 1409.

« PoprzedniaDalej »