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siége pontifical, auquel fut élu le sage et pieux Suger, évêque de Bamberg, et attaché à la suite d'Henri. Il prit le nom de CLÉMENT II, et couronna HENRI III comme empereur romain et comme patrice de Rome. Clément II chercha, à la vérité, à abolir les abus les plus criants; mais il mourut dans l'année suivante, et Benoît IX s'empara encore une fois du siége pontifical; mais il fut de nouveau chassé par Henri III, et termina dans un cloître sa criminelle vie.

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Papes réformateurs au XIe siècle. Grégoire VII

La simonie', c'est-à-dire la vente des charges et des bénéfices ecclésiastiques, était si générale dans ces temps, et la manière de vivre d'un grand nombre de clercs était devenue si scandaleuse, que HENRI III s'occupa de la réforme de l'Église, et détermina, dans ce but, le choix de plusieurs papes. LÉON IX travailla surtout avec le plus grand zèle à déraciner la simonie, ainsi qu'à réformer les mœurs du clergé. Il déposa plusieurs évêques italiens qui avaient acheté leurs emplois, et voyagea même en France et en Allemagne pour déposer de leur dignité les évêques convaincus là aussi de simonie et d'impureté.

Ces tentatives de réforme augmentèrent beaucoup la considération des papes; car, comme dans les jugements des évêques accusés de simonie ou d'impureté, ils agissaient selon la plénitude de leur puissance, on s'accoutuma

Ce nom est emprunté à SIMON le magicien, qui, d'après le Livre des Actes, chap. VIII, v. 18, voulait acheter à prix d'argent les dons du Saint-Esprit. 1048-1054.

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ainsi à leur attribuer le pouvoir illimité de juger les évêques; et comme leurs efforts eurent une bienfaisante influence, et qu'ils se présentaient en personne comme juges sévères des mœurs, on ne fit pas attention à ce qu'il y avait de nouveau et d'extraordinaire dans leur conduite, et l'on eut ainsi un motif de plus pour vénérer le chef de l'Église.

Ces efforts pour améliorer l'état ecclésiastique, et pour augmenter aussi la puissance pontificale, furent continués par plusieurs papes successivement, surtout par GRÉGOIRE VII, homme d'une rare intelligence, qui, à cause de l'étendue et de l'élévation de ses desseins, comme de la hardiesse, de l'énergie et de la fermeté avec lesquelles il cherchait à les exécuter, a acquis dans le monde historique une importance toujours croissante. Il se nommait d'abord HILDEBRAND, et naquit vraisemblablement à Sienne. Il était fils d'un simple ouvrier; il fut élevé en France, dans le monastère de Clugny, où il prit le froc; il retourna à Rome en 1045, et s'y lia avec les personnages distingués du parti alors dominant. Il eut déjà une grande influence auprès de Léon IX, et des papes suivants : VICTOR II, ETIENNE IX, NICOLAS II et ALEXANDRE II, lui furent principalement redevables de leur élection. Hildebrand détermina Nicolas II' à prendre deux mesures de la plus haute importance: il l'engagea surtout à se joindre aux Normands, et à investir leur chef, ROBERT GUISCARD, des provinces de la basse Italie, qu'ils avaient déjà conquises, et de la Sicile, qui devait être encore enlevée aux Sarrasins. Il eut ainsi un contrepoids à opposer aux grands de l'Italie et à l'empereur d'Allemagne. La seconde mesure consista dans une loi de l'an 1059, par laquelle l'élection

1 1 1058-1061.

du pape était transportée au collège des Cardinaux, et était soustraite ainsi aux intérêts de parti chez la noblesse et aux orages populaires 1.

Déjà sous Alexandre II, des ambassadeurs de Saxe vinrent à Rome pour élever des plaintes contre l'empereur HENRI IV, qui gouverna de 1056 à 1106, à cause de l'oppression insupportable qu'il faisait peser sur ses sujets, et à cause d'un trafic qu'il avait établi pour les charges ecclésiastiques. Le pape le manda à Rome, pour qu'il pùt se justifier. Mais Henri songeait à se venger d'une exigence si inouïe, lorsque la nouvelle de la mort subite d'Alexandre II refroidit sa colère.

Hildebrand fut alors élevé au trône pontifical, sous le nom de GRÉGOIRE VII', et il commença dès lors la lutte pour parvenir à la plus haute puissance qui existât sur la terre; et en cela l'inconstance passionnée et la violence d'Henri, les efforts des grands en Allemagne pour se rendre indépendants du pouvoir royal, et le mécontentement des Saxons, ne lui furent pas peu favorables.

On appelait cardinaux, dans les premiers temps, tous les ecclésiastiques attachés d'une manière permanente à une église, et ces ecclésiastiques, de toute ancienneté, formaient à Rome, comme ailleurs, le consistoire de l'évêque romain. Depuis le ixe siècle, on rangea aussi dans ce nombre les évêques du territoire pontifical; la considération dont ils jouissaient comme conseillers légats et vicaires du pape alla croissant avec la sienne; et, depuis le xre siècle, le nom de cardinal fut exclusivement donné aux évêques placés dans la circonscription temporelle du pape et aux prêtres des églises principales ou cardinales. de Rome. L'influence des cardinaux fut sensiblement augmentée, une fois qu'on leur eut confié l'élection des papes, et ce sont eux qui, après le souverain pontife, occupent la plus haute position dans l'Église ; leur nombre fut plus tard fixé à 70.— (Note du trad.) Outre les cardinauxévêques et les cardinaux-prêtres, il faut encore mentionner les cardinaux-diacres, dont le nombre doit être fixé à 7. — 1061-1073. 3 1073-1085.

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Grégoire voulait non-seulement donner au siége de Rome le plus haut pouvoir sur l'Église, et mettre toute la plénitude de la puissance ecclésiastique dans les mains du pape, mais surtout rendre l'Église entièrement indépendante du pouvoir de l'État, et enlever aux princes toute influence dans les affaires ecclésiastiques. Il voulait aussi fonder une théocratie, dans laquelle le pape, comme le représentant de Dieu, le souverain le plus élevé dans les affaires politiques et ecclésiastiques, placé entre les princes et les peuples, pourrait humilier ceux-ci et déposer ceux-là.

Grégoire VII fit renouveler, dans un concile à Rome', les anciennes lois sur le célibat, et menacer de l'excommunication, non-seulement tous les ecclésiastiques mariés, mais aussi tous les laïques qui se confesseraient ou entendraient la messe auprès d'eux. La croyance à la sainteté du célibat peut aussi avoir eu part à cette mesure; mais le motif déterminant en cela fut de rendre le clergé indépendant du monde et des pouvoirs temporels, et l'on voit, par le grand mouvement que cette mesure excita dans le clergé, qu'un grand nombre d'ecclésiastiques continuèrent à vivre dans le mariage, puisque maintenant elle n'a pas encore pu prévaloir partout.

En 1075, Grégoire VII défendit, par une seconde loi et sous peine d'excommunication, qu'aucun laïque pût recevoir ou accorder un emploi ecclésiastique. Là-dessus s'éleva la fameuse querelle des investitures. On entend par ce mot la confirmation dans un emploi, et surtout celle des possessions et des biens qui en dépendent; en particulier, on nomme ainsi la confirmation des évêques et la collation des domaines et des bénéfices qui ressortissent

1 1074.

à leur évêché. Les marques de cette dernière investiture étaient la crosse1 et l'anneau, qui furent souvent aussi donnés aux abbés. La première devait être le symbole des fonctions pastorales, et la seconde représenter l'étroite union entre l'évêque et la communauté. Les grands de la terre n'étaient pas disposés à renoncer à ce droit d'investiture, auquel en étaient liés d'autres des plus importants; ce fut surtout Henri IV qui s'opposa à cette défense du pape et à son exécution. Alors Grégoire le manda à Rome pour qu'il se justifiât, en le menaçant d'excommunication2, et, en retour, Henri fit déclarer, dans un concile à Worms, la déchéance du pape, qui lança l'excommunication contre l'empereur, et délia, par ce moyen, tous ses sujets et tous ses vassaux du serment de fidélité. Ce fut une occasion parfaite pour les Saxons mécontents et pour quelques princes allemands, de se révolter contre l'empereur, et, dans une assemblée de princes à Tribur, dans le grand-duché de Hesse, de déclarer Henri déchu du trône, si, pendant la durée de l'hiver, il n'était pas relevé de l'excommunication. L'empereur, réduit à cette extrémité, partit pour l'Italie, par l'hiver le plus rigoureux, accompagné d'une escorte peu nombreuse, pour implorer son absolution. Dans la haute Italie, on se serait volontiers déclaré pour lui contre le pape qu'on haïssait. Mais le courage de l'empereur était abattu, et il pouvait aussi avoir l'espérance d'être libéré de l'excommunication sans trop s'humilier. C'est ainsi qu'il fut couvert de la plus grande ignominie qui ait jamais atteint une tête impériale.

1 Crosse vient du mot italien croce, parce qu'elle avait d'abord la forme d'une croix ; ce fut plus tard seulement qu'on lui donna la forme d'un bâton recourbé au sommet, comme la houlette d'un berger. (Note du trad.) 1076.

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