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butte à toutes les cruautés qu'exercèrent sur eux les hommes les plus durs et les plus inhumains, à toute l'avidité la plus raffinée, et ils furent traités comme des esclaves, jusqu'à ce que BARTHÉLEMY DE LAS CASAS, évêque espagnol, obtint du roi CHARLES Ier, comme empereur allemand, CHARLES V, de faire exécuter une loi qui leur garantissait la liberté individuelle. Mais, depuis lors, commença la traite des nègres africains, qui, à la honte de la civilisation chrétienne, dure encore de nos jours. Plusieurs nations du Nouveau-Monde furent entièrement détruites, et l'Église s'est moins étendue en Amérique par la conversion des indigènes, que par la fondation des colonies européennes.

SECONDE SECTION

Schisme de l'Église grecque

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Commencement des divisions entre l'Église grecque et l'Église romaine

Des langues et des mœurs différentes séparaient l'Orient de l'Occident, le monde grec du monde romain, et déjà, dans la période précédente, s'étaient introduites de grandes différences dans les deux grandes moitiés de l'Église. L'éloignement en devint plus marqué lorsqu'il n'y eut plus de

DE CHARLEM, A LA RÉFORMATION (814 -1517) lien politique entre l'Occident et l'empire grec, lorsqu'il se forma de nouveaux rapports dans les contrées de l'Occident, depuis la formation des royaumes germaniques, et lorsque les victoires des Arabes et de l'islamisme eurent donné à l'Orient un nouvel aspect. Cependant il s'établit peu à peu un lien entre l'Orient et l'Occident, lien qui fut entretenu principalement par l'évêque de Rome et le patriarche de Constantinople. Mais la rivalité était ancienne entre ces deux chefs de la chrétienté, et la division entretenue de diverses manières éclata enfin publiquement dans la seconde moitié du IXe siècle. Des papes trouvèrent plus d'une occasion de se mêler des affaires de l'Église grecque, et surtout de se poser en arbitres, pendant la discorde qui existait entre divers patriarches, et surtout entre PHOTIUS, l'un d'entre eux, et la cour impériale. Cette intervention blessa les Grecs, et ils furent encore plus irrités lorsque, dans le même temps, les Bulgares (voy. § 65) furent conduits à s'unir à l'Église de Rome, et lorsque, plus tard, le nonce du pape au concile de Constantinople demanda que les Grecs se soumissent à l'Église de Rome. Des synodes furent assemblés, le pape et Photius s'accablèrent de reproches et s'excommunièrent réciproquement. Photius blàmait surtout l'Église romaine de ce qu'elle permettait de jeûner le samedi, de ce qu'elle défendait le mariage aux prêtres, et par-dessus tout de ce qu'elle avait altéré la confession de foi par l'addition de ces mots : Filio que (et du Fils) (voy. § 40).

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Le Schisme

Après la mort de Photius, qui mourut dans un cloître en 891, la bonne intelligence entre les Églises grecque et romaine ne fut pas entièrement rétablie; la froideur et la méfiance continuèrent des deux côtés, et la puissance croissante du pape en Occident augmenta encore la division, parce que les mêmes prétentions quant à l'Orient devaient surgir d'une manière d'autant plus forte. Mais comme les empereurs grecs espéraient du secours de l'Occident contre les attaques des mahométans, les discussions en restèrent lå pendant le xe siècle et la première moitié du xre, et au milieu de la division qui continuait, il y eut des rapports ecclésiastiques entre Rome et Constantinople. Mais en 1053, MICHEL CÉRULARIUS, qui était devenu, en 1043, patriarche de Constantinople, publia, de concert avec LÉON D'ACHRIDA, métropolitain de Bulgarie, une lettre adressée à JEAN DE TRANI, évêque dans la Pouille, où, aux reproches faits à l'Église romaine, il en joignait de nouveaux, et dans ce nombre signalait comme une hérésie judaïque l'usage du pain sans levain introduit par elle dans la sainte Cène. Le cardinal évêque HUMBERT traduisit cet écrit en latin et le présenta au pape Léon IX. Alors des écrits violents furent échangés, et le pape envoya une ambassade particulière à Constantinople pour demander satisfaction. L'empereur CONSTANTIN IX, qui, par des motifs politiques, désirait la paix avec Rome, reçut très-bien la députation, et exhorta le patriarche à mettre

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1 1054.

fin à la dispute. Mais comme les envoyés du pape voulaient humilier le patriarche, qui s'appuyait sur le peuple, ils se rendirent, le 16 juillet 1054, dans l'église de Sainte-Sophie, et lorsque le clergé se disposait à célébrer la Cène, ils déposèrent sur le maître-autel la sentence d'excommunication contre le patriarche. Mais cette entreprise échoua; le clergé grec ne reconnut pas cette déposition; bien plus, les autres patriarches catholiques de l'Orient se rattachèrent à Constantinople, et un concile grec prononça l'excommunication contre le pape. Dès lors la séparation qui existait depuis longtemps, quoique secrète, fut accomplie publiquement et prononcée d'une manière formelle. A dater de là, l'Église grecque a été séparée de l'Église romaine, et chacune d'elles élève les mêmes prétentions à une orthodoxie exclusive et à l'autorité dans l'Église,

savoir la catholicité.

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Essais de réunion entre l'Église grecque et l'Église

romaine

Les croisades rendirent la séparation encore plus grande, et ajoutèrent encore à la division des Églises les haines réciproques des deux nations. Seulement les maronites (voy. § 44) et quelques communautés arméniennes, sous la domination de l'Occident, qui leur laissa leur langue sacrée et les usages de leurs pères, s'unirent à l'Église romaine. L'animosité entre les Grecs et les Latins parvint au plus haut degré lorsque l'empire latin eut été rétabli à Constantinople (voy. § 68), et des tentatives furent faites alors pour accoutumer les Grecs aux usages romains et

pour les réunir à Rome. Mais cet empire succomba de nouveau, et Constantinople devint encore le siége de l'empire et de l'Église d'Orient, et les empereurs grecs, dans la position difficile où ils étaient, firent des tentatives pour la réunion de leur Église avec celle de Rome, afin d'obtenir par ce moyen du secours contre les Turcs. Ainsi MICHEL PALÉOLOGUE envoya au concile de Lyon' une ambassade qui abjura le schisme, qui reconnut le pape pour chef de l'Église, qui admit que le Saint-Esprit procédait du Père et du Fils, mais qui maintint l'observation des anciens usages de l'Église grecque.

Cependant, la plupart des Grecs étaient mécontents de cela, et l'empereur ne pouvait réussir à opérer une réconciliation, qui était plutôt une soumission qu'une union véritable. Aussi, les empereurs qui suivirent firent-ils d'inutiles tentatives d'accommodement. Enfin, JEAN PALÉOLOGUE II, accompagné du patriarche de Constantinople et d'autres ecclésiastiques renommés, partit lui-même pour le concile de Florence, et là, en 1439, on rédigea enfin une convention, par laquelle les Grecs reconnurent que le Saint-Esprit procède aussi du Fils, et admirent la primauté du pape; en compensation, ils purent conserver l'usage du pain levé, le mariage pour leurs ecclésiastiques, autant du moins qu'il leur avait été permis jusqu'alors, et leurs observances rituelles. Mais cette convention mécontenta le peuple grec et son clergé, et quoique, en 1452, lorsque Constantinople était déjà assiégé par les Turcs, on y solennisât une espèce de réconciliation, et qu'un cardinal légat de Rome célébrât la messe dans l'église de Sainte-Sophie, les deux Églises restèrent séparées, et le sont demeurées jusqu'à nos jours. Plus tard, l'Église ro

1 1274.

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