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Conversions accomplies par Boniface et par
Charlemagne

Ce fut le moine anglais WINFRIED, que la postérité reconnaissante nomme l'apôtre des Allemands, qui parvint à convertir une grande partie de l'Allemagne. Il était né à Kirton, dans le Devonshire, d'une famille considérée, et il fut élevé dans deux cloîtres de ce pays. Comblé des bénédictions du christianisme, son zèle pour la foi, son dévouement à Dieu le portèrent à consacrer toute sa vie à répandre l'Évangile. La grandeur de son courage, sa pleine confiance en Dieu et en son secours, l'accompagnèrent partout dans sa route difficile et dangereuse; et il ne craignit point de combattre, au péril même de sa vie, les superstitions païennes et la rudesse germanique. Dans ce but, il se rendit d'abord en Frise, où il ne put faire que peu de chose et où il ne resta que peu de temps. En 718, il se rendit à Rome, où le pape GRÉGOIRE II, non-seulement le confirma comme missionnaire auprès des peuples allemands', mais encore lui confia une puissance plus étendue, et lui fit de pressantes recommandations. Il établit l'Église chrétienne dans la Hesse, dans la Thuringe et dans la Bavière; à Amonebourg et plus tard à Fritzlar, il fonda des cloîtres. Près du village de Geismar, il abattit le chêne du tonnerre, qui était considéré comme sacré; il jeta, en 736, les fondements de l'abbaye d'Hessfeld, qui ne fut achevée que par son disciple LULLUS, premier abbé de cette maison; enfin il fonda, en 744, le cloitre de Fulda dans.

'Ce fut alors qu'il reçut le nom de BONIFACE.

la forêt de Buchonia. Le premier abbé de ce cloître fut STURM, qui eut pour principal but soit l'affermissement de l'Église chrétienne, soit l'avancement de la culture et de la science dans le sens le plus relevé. En Thuringe ou près d'Altenberga, dans le voisinage de la source de Rheinhard, fut fondée la première Église chrétienne, en 724. Winfried fonda aussi le cloître d'Ohrdruff, et les évêchés d'Erfurt et d'Eichstædt; ce dernier appartint plus tard à la France. En Bavière, les évêchés de Salzbourg, Ratisbonne, Freisingen et Passau s'élevèrent par ses soins; sa féconde activité fut reconnue par Rome, qui lui en fit honneur, en tant que le pape Grégoire II le nomma, en Allemagne, évêque de toutes les Églises qui viendraient à être établies', et Grégoire III l'éleva à la dignité d'archevêque3. En cette qualité, il fut regardé comme l'évêque universel de l'Allemagne. Au commencement, il n'avait pourtant aucune résidence déterminée; mais plus tard il s'établit à Cologne, et, en 745, une diète allemande lui assigna dans ce but l'ancienne ville épiscopale de Mayence. Après avoir demandé pour successeur son disciple et son compagnon d'œuvre Lullus, il entreprit encore une fois, dans un âge avancé, la conversion des Frisons, qui lui avait mal réussi dans sa jeunesse. Mais, près de Dokkum, dans les Pays-Bas, il fut surpris par des Frisons païens et massacré avec les siens en 755. Néanmoins, son cadavre fut arraché à ces bandes sauvages, transporté d'Utrecht à Fulde, et placé là dans le cloître qu'il avait toujours préféré.

Que Boniface ait, plus qu'un autre avant lui, répandu le christianisme en Allemagne; qu'il ait fondé l'Église allemande; qu'il ait beaucoup travaillé, soit pour la réforme des mœurs, soit pour l'avancement de l'agriculture,

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DE CONST. A LA MORT DE CHARLEM. (306-814) c'est un mérite qu'on ne peut lui contester. Mais il a rendu l'Église de son pays dépendante des papes, et lui a donné un tel fondement, que le culte romain s'y est établi d'une manière d'autant plus durable, et que même dans les choses temporelles, comme l'établissement tardif du droit romain, le lien entre l'Allemagne et Rome est devenu toujours plus étroit. Cependant, il ne faut pas perdre de vue que l'Église avait besoin d'autorité et d'un point d'appui solide, afin d'être en état de revendiquer ses droits contre la résistance des peuples, et contre le paganisme, auquel ils étaient habitués, et qui ne céda pas si tôt son empire sur les esprits.

CHARLEMAGNE, qui régna, de 768 à 814, comme empereur des Francs, acheva la conversion de l'Allemagne, qui, au nord-est, n'avait de limites assurées que jusqu'à l'Elbe. Mais ici nous rencontrons le premier grand exemple de conversion opérée par le glaive, et le premier exemple de l'ambition abusant du christianisme, et s'en servant comme de prétexte pour soumettre un peuple indépendant; car la guerre sanglante contre les Saxons, qui habitaient depuis le Hartz et l'Elbe jusqu'au Rhin, eut pour but l'agrandissement et l'affermissement de l'empire des Francs, bien plutôt que la propagation de l'Évangile d'amour; aussi, pour les Saxons, devenir chrétiens ou Francs avait la même signification. Mais eux, peuple énergique, aimaient leur indépendance, et demeurèrent fidèles à la foi de leurs pères; c'est pourquoi ce ne fut qu'après trente ans d'une guerre cruelle, dans laquelle il déshonora le nom chrétien, que Charlemagne parvint à les soumettre et à les amener au christianisme, après que Wittikind et Albion leurs chefs, ainsi que d'autres Saxons, eurent consenti les premiers à recevoir le baptême'. Pour affermir sa domination sur les '772-803.

chrétiens, et pour favoriser la cause du christianisme, Charlemagne fonda les évêchés de Paderborn, Osnabrück, Minden, Münster, Brême et Verden.

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Moyens de conversion employés dans cette période

A cette époque, un grand nombre de personnes, poussées par un mouvement de leur cœur, s'étaient approchées de Jésus, et avaient abandonné avec joie la foi de leurs pères, pour confesser l'Évangile de la croix; mais la plupart, au commencement, ne connaissaient que l'extérieur du christianisme, et ne se représentaient que sous un point de vue païen les usages chrétiens et les formes ecclésiastiques. Tantôt c'était l'exemple de leur prince ou de leur chef, tantôt l'influence de leurs relations extérieures, tantôt, quoiqu'ils n'en eussent pas conscience, le besoin, non satisfait par le paganisme, d'un profond sentiment religieux, qui les conduisait à la religion chrétienne. C'est aussi parce que l'héritage de nos ancêtres nous est toujours précieux, parce que la religion se mêle de toutes manières avec la vie, et que les idées qui dominent chez un peuple préoccupent les sens et la pensée, que les missionnaires de la foi chrétienne se contentaient, dans leurs conversions, d'une connaissance extérieure, et qu'au milieu des usages et des fêtes du christianisme, ils toléraient des habitudes et des pratiques païennes; de là l'introduction dans la vie chrétienne de certains restes de paganisme. Cependant, le christianisme conservait encore là, comme toujours et partout, sa force divine, et prenait de plus en plus racine dans le cœur des peuples, en semant les germes d'une vie consacrée à Dieu, en élevant et en

adoucissant les mœurs. En particulier, le caractère de pureté morale et la profondeur de sentiment des peuples germaniques devaient les attirer d'autant plus facilement vers la religion chrétienne et la leur faire adopter de cœur, tandis que, d'autre part, la force indomptée et la vie pleine de fraîcheur qui distinguaient leur nationalité, en faisaient les principaux promoteurs du développement de l'Église

en Occident.

DEUXIÈME SECTION

État de l'Église

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Sécularisation de l'Église

De l'état où elle se trouvait auparavant, l'Église, grâce à la faveur de Constantin, parvint à un très-haut degré d'éclat et de puissance; tout en s'occupant des intérêts du ciel, elle servit désormais l'État et le monde; en recevant d'eux une abondante mesure de leurs biens, elle reçut aussi leur empreinte mondaine, de telle sorte que l'adoration de Dieu en esprit et en vérité fut de plus en plus étouffée, soit par des articles de foi, soit par un culte cérémoniel, soit enfin par la prétendue sainteté des œuvres. Mais, comme l'État faisait servir l'Église à ses fins et influait sur elle de mille manières, l'Église aussi se servait de l'État pour arriver à son but, l'impliquait dans ses débats intérieurs, et exerçait une influence multiple sur les rapports du gouvernement, de manière que souvent celui-ci, mais pas toujours pour son bien, était déterminé dans

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