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tantôt, au moins, il en limita et en resserra beaucoup les domaines.

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Mahomet

La grande péninsule de l'Arabie, où le judaïsme, le christianisme et le parsisme avaient pénétré et se maintenaient à côté de l'ancienne religion du pays, était en grande partie soumise à la domination des Romains, des Perses et des Éthiopiens. Seulement, l'Hedjas, ce petit pays dont les stériles déserts étaient habités par un peuple ami de la liberté, de la guerre et du brigandage, avait maintenu son indépendance, et vivait sous plusieurs petits princes qui formaient une confédération. Les princes de la Mecque, de la race des Koreïschites, étaient, par leur naissance, les chefs de l'armée, et en même temps les protecteurs de l'ancienne religion des Arabes, dont ils faisaient remonter l'origine à Ismaël et Agar, et préférablement même à Abraham; le centre de leur puissance et leur principal temple, la Kaaba, mot qui veut dire carré, se trouvait à la Mecque, où de nombreux pèlerins venaient le visiter. C'est de ces princes que descendait MAHOMET, qui naquit en 571. Orphelin de bonne heure, il avait été élevé par son oncle Abdallah, destiné à l'état de marchand, et souvent pris par ce parent pour l'accompagner dans ses voyages de commerce en Syrie et dans l'Arabie heureuse. Par son union avec une riche veuve, du nom de Khadidschah, il devint son propre maître et le chef d'une importante maison de commerce. Il était beau, prudent, plein d'éloquence et d'audace, et, autant que

son intérêt pouvait le lui permettre, juste et magnanime. Une imagination vive et ardente, développée par la solitude, l'habitude de se recueillir tranquillement en luimême, sa disposition au fanatisme religieux, l'orgueil et le désir de la domination, enfin les observations qu'il avait faites sur tout ce qui défigurait les religions indigènes, sur le caractère extérieur et cérémoniel du judaïsme, ainsi que sur l'adoration des saints, sur le culte des images, et particulièrement sur les disputes et les contestations qui avaient lieu entre les chrétiens, disputes relatives surtout à la personne de Christ et à la Trinité, qui pouvait aisément être comprise comme un trithéisme1 par une intelligence superficielle; tout cela se réunit pour agir sur Mahomet, de telle sorte, qu'il crut enfin lui-même ce qu'il désirait volontiers croire: savoir, qu'il était appelé, comme prophète du Très-Haut, à rétablir l'ancienne religion de ses pères, et à fonder le pur théisme. Mais ce qu'il semble avoir commencé avec droiture, la ruse et la puissance l'aidèrent à l'accomplir ensuite. En 611, il commença à annoncer qu'il n'y a point d'autre Dieu que Dieu, et que Mahomet est son prophète. Il se glorifiait de révélations divines qu'il recevait par l'archange Gabriel, mais qui étaient dirigées selon le besoin qu'il en avait chaque jour. Cependant Mahomet trouva peu de foi à la Mecque, et il se vit enfin forcé, le 15 juillet 622, de s'enfuir à Médine2. Dès lors la vengeance et l'ambition s'éveillèrent dans son âme; suivant ses révélations, dès ce moment-là, ce fut un droit à ses yeux d'employer la force et de répandre le sang pour la véritable foi. Les habitants de Médine le recurent volontiers; il les conduisit avec courage et avec

1 Adoration de trois dieux.

C'est de là que date l'hégire, qui est l'ère des Arabes; ce mot signifie fuite.

DE CONST. A LA MORT DE CHARLEM. (306-814) succès contre ses ennemis, et ses victoires devinrent dès lors la confirmation de sa mission divine. Il se forma

bientôt un petit État qui l'honora comme un prophète et un maître, et plus son armée pénétrait au loin, plus loin aussi s'étendait la foi en sa mission prophétique. Il conquit la Mecque au commencement de 630; il y détruisit toutes les idoles, et mourut en 632, comme grand prêtre et comme dominateur absolu de toute l'Arabie. Sa mort fut l'effet d'un poison qu'une femme lui avait présenté pour s'assurer s'il était réellement invulnérable.

La religion de Mahomet se compose d'éléments chrétiens, d'éléments judaïques et d'éléments empruntés aux cultes nationaux de l'Arabie; elle est adaptée au caractère des peuples de l'Orient. Voici ses enseignements fondamentaux : la foi en un seul Dieu, foi qui rejette bien loin toutes les notions du polythéisme, ainsi que les images et les allégories; Mahomet est le plus grand parmi les prophètes, au rang desquels il met aussi Moïse et Jésus-Christ; la foi en une vie éternelle, parée des plus riches couleurs de l'imagination, et flattant la sensualité la plus voluptueuse; la foi en un destin, en un fatum absolu, qui règle le sort de chacun d'une manière purement arbitraire. La soumission illimitée aux décrets de Dieu est en conséquence un trait caractéristique de la religion mahométane, en vertu duquel elle s'est elle-même donné le nom d'islamisme, c'est-à-dire soumission. Dieu est alors représenté comme un être sévère et renfermé en lui-même, plutôt que comme un être rapproché de l'homme; et ici, comme dans la doctrine du destin, peut se trouver le fondement de ce caractère sérieux, mélancolique et sombre, qui s'est communiqué aux musulmans. Mais la doctrine d'une prédestination absolue, la peinture d'un paradis voluptueux, la nécessité de combattre et de mourir pour

la foi, et la promesse qui l'accompagne, d'obtenir avec certitude, par une telle mort, le pardon des péchés et les joies glorieuses du paradis, excitaient dans la guerre la bravoure, et élevèrent le courage militaire jusqu'au degré d'un tranquille mépris de la mort. La morale de Mahomet défend l'usage du vin, permet la pluralité des femmes, exige une douce activité, une hospitalité bienveillante, la fidélité dans les promesses, le respect sacré du serment, ainsi que des prières déterminées, des jeûnes, des ablutions, et, au moins une fois dans la vie, le pèlerinage à la Mecque. La circoncision, la défense de manger du porc, les répétitions dans les prières, témoignent de sa ressemblance avec le judaïsme. Mahomet lui-même n'a rien laissé par écrit; mais, deux ans après sa mort, ses principes et ses enseignements ont été rassemblés par ABUBEcker, son beau-père et son successeur, dans un livre qui est appelé Koran, ou, avec l'article arabe, Alcoran, c'est-à-dire le livre, qui est l'Écriture sainte des mahométans. Outre le Koran, une partie des musulmans admet la Sunna, c'està-dire la loi non écrite, ou les traditions orales. Ceux-là se nomment Sunnites, par opposition aux Schiites, qui repoussent ces traditions.

Quelque douloureux que puisse paraître le dommage causé par le mahométisme à l'Église chrétienne, celle-ci fut conduite par l'opposition et par la lutte à se rajeunir, et à se relever par une vie nouvelle. Elle se sentit entraînée à abandonner le culte extérieur de la lettre, les fatigantes querelles de la dogmatique, puis à recourir à l'esprit apostolique qui restaure l'âme. La foi trouva donc ainsi une nouvelle occasion de s'épurer dans l'épreuve, et le christianisme, un contraste propre à faire briller d'une manière plus. frappante sa vérité divine et sa force morale; car, comme la vie de Mahomet, avec ses désirs terrestres et ses efforts

pour arriver à la puissance mondaine, ne permet aucune comparaison avec la paix du ciel et avec la couronne d'épines du Sauveur, entourée d'une lumière divine; de même la propagation du mahométisme par la force des armes, ses victoires charnelles, son union avec la puissance mondaine, et la manière dont il s'accommode à des nationalités déterminées, nous montrent que l'islamisme est seulement de ce monde, et qu'il porte en lui-même le principe de sa destruction. Et, quoiqu'il ait produit des vertus éclatantes, et qu'en se propageant, il ait fait connaître les sciences et les arts à maint peuple barbare, et ait ainsi en partie préparé la civilisation des temps postérieurs, on ne trouve point en lui la force sûre et spirituelle de l'Évangile, cette lumière divine qui pénètre dans les profondeurs de l'àme, et qui excite l'homme pécheur à naître de nouveau et à se renouveler par le Saint-Esprit. La résignation du mahométan repose sur une nécessité inévitable, et n'est point la résignation morale et libre du chrétien, pleine de cette joie filiale qui découle d'une confiance vivante en l'amour paternel de Dieu. La source de ses vertus est l'espérance et la crainte, plutôt que cet amour, cette reconnaissance d'un enfant pour son père, qui facilite l'obéissance aux commandements divins. Le repos n'y est pas cette paix du ciel, qui, au milieu des tempêtes de la vie, permet au chrétien d'être heureux en Dieu. En un mot, les clartés divines manquent à l'islamisme, ainsi que la pure vérité d'en haut, et la transformation morale'.

'Les sectateurs de Mahomet s'appellent musulmans, c'est-à-dire croyants. De même que nous comptons les années depuis la naissance de Jésus-Christ, ils les comptent pour eux depuis la fuite de Mahomet, et ils nomment cette ère l'hégire. Leurs années sont lunaires, comme chez les Juifs, et, comme chez ceux-ci, on les égalise avec le temps

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