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Commencements de l'Église catholique

Le régime diocésain et métropolitain opéra, dans les différents pays, une véritable liaison entre les Églises. Mais, depuis le Ie siècle, se manifesta aussi maintenant une tendance à l'unité de toutes les Églises chrétiennes, soit dans la doctrine, soit dans les rites; car, tandis que, au commencement, on avait laissé une grande liberté au libre développement de chacun, peu à peu se fit jour la pensée que l'Église devait être une et avoir la même foi; dès lors on ne se contenta plus de la simple Parole de Dieu, on chercha surtout à la fixer avec plus d'exactitude, à la décomposer en dogines déterminés qui allèrent se multipliant avec le temps. Par l'application des sciences, et surtout par celle de la philosophie à la doctrine chrétienne, puis par d'autres influences', la diversité devint plus grande dans la manière de comprendre le christianisme, et on le vit aspirer avec d'autant plus d'ardeur à l'unité et à une solide fixation de la doctrine dans les points de détail. Ainsi se formèrent dans l'Église différents partis religieux. Mais le plus grand nombre se fortifiait contre eux dans le sentiment qu'il possédait l'unité en esprit et en foi, et s'appuyait des écrits et de la tradition des apôtres comme moyen d'union et comme préservatif contre tout ce qui leur était étranger. Ainsi se forma cette Église qui s'attribua le nom de catholique, c'est-à-dire d'universelle, et qui prétendit toujours plus être seule en possession de la vérité; c'est par ce motif qu'elle commença par déclarer hérétiques ceux qui pensaient

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d'une manière différente. Elle représentait le parti moyen qui l'emportait de beaucoup par le nombre entre deux extrêmes opposés, celui des hommes qui, d'un côté, comprenaient trop extérieurement le christianisme et en négligeaient l'esprit, et celui des hommes qui, d'un autre côté, réduisaient presque à rien la religion de la vie, et menaçaient d'effacer du christianisme les faits historiques. L'Église catholique se fondait sans doute sur le juste sentiment qu'elle possédait la foi et la vie, transmises par les apôtres; mais l'opposition qu'on lui fit, et la victoire qu'elle remporta, la conduisirent insensiblement à ceci, c'est que l'acceptation de dogmes déterminés fut, plus que l'esprit chrétien et la vie chrétienne, regardée comme le critère du christianisme, c'est que la liberté des recherches et de la pensée reçut dès lors une atteinte, et que les décisions sur la foi furent rendues dépendantes d'autorités et de majorités humaines. Cette unité se réalisa dans maints rapports des évêques et des communautés, en même temps que dans une commune lutte contre les vues et les partis divergents. Mais, malgré cette unité, une Église d'Orient et une Église d'Occident commencèrent à se distinguer entre elles par la langue qui leur était propre, par la civilisation et par les usages.

L'unité du gouvernement séculier dans l'empire romain contribua aussi beaucoup à l'unité de l'Église, mais surtout les conciles ou synodes. Ils étaient en partie diocésains, en partie provinciaux ou nationaux, en partie généraux ou œcuméniques, mais les derniers ne s'établirent qu'au commencement de la re période. Les conciles provinciaux eurent lieu, en Grèce, au commencement du IIIe siècle; ils furent bientôt convoqués régulièrement dans tout l'0rient, et ils passaient pour le tribunal le plus élevé de l'Église. Tous les évêques de la province y siégeaient et y

avaient leur voix, et, par exception aussi, de temps à autre, des prêtres et des confesseurs'; les assemblées étaient publiques, et le peuple qui était à l'entour faisait valoir sa voix. Les conclusions étaient transmises aux autres provinces, mais non pas imposées. Les conciles provinciaux eurent une grande influence pour former et conserver, au sein des Églises catholiques, des Églises provinciales et des Églises nationales.

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Histoire des partis chrétiens

Avec la liberté que le christianisme donnait à l'esprit humain, il était naturel qu'il se formât bientôt différentes vues sur les objets de la foi et de la vie, une fois que des idées juives et païennes, orientales et occidentales, se mêlaient à la manière de comprendre le christianisme. Ainsi il y eut, déjà du temps des apôtres, des chrétiens judaïsants, qui voulaient obliger les chrétiens à l'observation de la loi judaïque, tandis que la direction représentée principalement par saint Paul, ouvrait à tous accès au royaume de Dieu, sans les contraindre au judaïsme, et elle réussit à être universellement reconnue. Maintenant, comme on s'efforçait, dans l'Église, d'arriver à l'unité et à une formule de foi plus exacte, les contradictions et les oppositions s'élevèrent avec d'autant plus de force; et il se forma des partis qui furent, en tant qu'hérétiques, rejetés de l'Église dominante, c'est-à-dire de celle qui se composait du plus grand nombre de chrétiens. Les plus remarquables de ces partis, durant la rre période, furent les suivants:

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Les Nazaréens et les Ébionites étaient les chrétiens qui reconnaissaient aussi au judaïsme une importance réelle dans l'Église chrétienne; suivant quelques-uns, il n'y avait pas de différence entre eux, mais d'après le plus grand nombre, ils se distinguaient en ceci, c'est que les Nazaréens regardaient la loi mosaïque comme obligatoire seulement pour les juifs chrétiens, mais ne la déclaraient pas nécessaire pour le salut. Avec l'Église catholique, ils croyaient aussi en Jésus, qu'ils regardaient comme fils de Dieu, conçu du Saint-Esprit par la vierge Marie; tandis que les Ébionites estimaient la loi mosaïque indispensable à tous les chrétiens, et considéraient Jésus comme fils de Joseph et de Marie; ils étaient opposés à Paul et à ses écrits, et ils attendaient le règne temporel du christianisme pendant mille ans'. A la suite des persécutions qu'éprouvaient les juifs, le nombre de ces chrétiens judaïsants fut trèsréduit, cependant il s'en conserva quelques restes jusqu'au viie siècle.

On désigna, en général, par le nom de Gnose, une doctrine profonde et une connaissance du christianisme, fondée principalement sur la philosophie, et en opposition à la conception populaire; et ceux qui la possédaient furent appelés gnostiques. Mais on nomme surtout gnostiques, les hérétiques qui mélangèrent au christianisme leurs idées. et leur manière de voir orientales. Ils s'occupaient principalement de la question de l'origine du mal, et en cherchaient la cause dans la matière, de l'empire de laquelle le développement du monde avait pour but de délivrer les esprits; c'est pour cela que plusieurs d'entre eux disaient que le Christ n'avait eu un corps qu'en apparence*, et presque tous les gnostiques insistaient sur l'anéantis

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Le millénium, les millénaires. 'Les Docètes.

sement de la sensualité. Ceux d'entre eux qui pratiquaient une sévère abstinence, et ne faisaient usage ni de viande ni de vin, étaient nommés Encratites. Les plus célèbres des gnostiques furent BASILIDE, SATURNIN, CARPOCRATE, VALENTIN, MARCION et TATIEN, qui vivaient les uns et les autres au Ie siècle. Malgré toutes leurs erreurs, et dans le temps où ils florissaient, les gnostiques ont, sans contredit, introduit dans la vie ecclésiastique une certaine activité spirituelle, favorisé dans l'Église l'étude des arts et des sciences, beaucoup contribué à former la conscience ecclésiastique, et repoussé à l'arrière-plan les éléments judaïques du christianisme. Mais, déjà au Ie siècle, le gnosticisme avait perdu sa force créatrice, et, au Ive siècle, il n'avait déjà plus d'importance, quoique en Orient il en subsistât encore quelques restes dans les siècles suivants.

Des gnostiques se rapprochaient les Manichéens, qui tiraient leur origine et leur nom de MANI OU MANÈS. Dans la première moitié du me siècle, il s'était élevé un nouveau royaume de Perse, et avec lui s'était réveillé l'amour des anciens habitants de ce pays pour l'instruction et la science; maintenant, comme, depuis le Ie siècle, la connaissance du christianisme s'était répandue en Perse, on avait eu plusieurs fois la pensée d'unir le christianisme à la religion de Zoroastre, qui constitue essentiellement un dualisme. Manès fit une tentative d'une bien plus grande portée. C'était un mage qui avait embrassé assez tard le christianisme, et il se donna pour le consolateur promis par Jésus-Christ (pour le Paraclet); il admettait un royaume de la lumière et un royaume des ténèbres 1; il distinguait dans l'homme une âme de lumière et une âme mauvaise, et déclarait que la matière, le corps, appartenait au prince

'Le bien et le mal.

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