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la célébration de la sainte Cène, un repas où l'on sacrifiait et où l'on mangeait de la chair humaine; le mystère des assemblées chrétiennes, augmenté par les persécutions, fut soupçonné de cacher un engagement à des crimes secrets; et comme les chrétiens ne prenaient aucune part à la vie publique, à cause des cérémonies païennes qui s'y trouvaient liées, qu'ils se retiraient dans la vie privée, et qu'ils se refusaient à rendre des honneurs divins aux empereurs, cela fut considéré comme l'effet d'une sombre mélancolie et de la haine des hommes, puis aussi comme une révolte contre l'autorité temporelle. On compte ordinairement dix persécutions dans l'empire romain; ce qui est beaucoup trop si l'on entend par là seulement les persécutions générales qui s'étendirent à tout l'empire, et c'est, au contraire, trop peu, si l'on a en vue toutes celles qui eurent lieu dans les différentes parties de l'empire.

Parmi les empereurs romains, Néron fut le premier qui persécuta les chrétiens, néanmoins non pas tant par les motifs développés ci-dessus que par un effet de son humeur tyrannique, et dans le but de repousser loin de lui la pensée qu'il eût voulu incendier Rome. Aussi la persécution ne s'étendit-elle pas au delà de cette ville. Le christianisme servit aussi de prétexte à Domitien pour écarter de sa route des hommes qui lui étaient odieux ou suspects, ou pour améliorer ses finances épuisées. Trajan ne connut pas encore l'importance de la société religieuse nouvellement établie; mais il voulut qu'on ne punît que les chrétiens qui étaient particulièrement accusés, ceux qui étaient exaltés et qui persévéraient dans leur foi. Parmi eux fut l'évêque Ignace d'Antioche, qui fut déchiré par des lions dans le Colysée, l'an 116, pour l'amusement du peuple. Sous Adrien (117138), le peuple commença à demander le supplice des chrétiens, soit dans les

fêtes publiques, soit dans les calamités nationales; cependant, à cet égard, l'empereur exigea l'observation rigoureuse de la procédure. Sous son gouvernement, la révolte des juifs, excitée par Bar Cochba, attira de dures persécutions sur les chrétiens de la Palestine.

Dès ce moment, le but universel du christianisme parut toujours plus déterminé; ce qui engagea quelques empereurs à prendre, contre les chrétiens, des mesures trop étendues. Cependant les empereurs romains n'agirent pas tous d'une manière uniforme, et quelques-uns mêmes d'entre eux furent favorables aux chrétiens. Dans la suite néanmoins, jusqu'à Constantin, le gouvernement se trouva en opposition avec le christianisme, et même sous les empereurs qui ne le persécutaient point, les chrétiens vivaient dans une position peu sûre et peu stable, formant une société qu'on tolérait encore en silence, mais qui n'était point reconnue par l'État. Sous les empereurs même qui étaient bien intentionnés, les rigueurs des anciennes lois n'étant pas abolies, les chrétiens furent encore abandonnés comme une proie au caprice de quelques gouverneurs.

Sous Marc Aurèle (161-180), de sanglantes persécutions eurent lieu dans l'Asie Mineure et dans les nouvelles Églises de la Gaule, surtout à Lyon et à Vienne 1. Septime Sévère se borna à défendre de répandre plus au loin le christianisme, parce qu'il donnait lieu dans quelques provinces, surtout à Carthage, à de cruelles persécutions. Après Sévère, les chrétiens jouirent d'une heureuse tranquillité, ils purent célébrer publiquement leur culte, bâtir des églises, et osèrent ouvertement assembler leurs synodes. Alexandre Sévère en particulier (222 - 235), plaça l'image du christianisme parmi ses dieux domestiques, et sa mère

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Julia Mammæa, prit plaisir à Antioche à l'érudition d'Origène. Maximin le Thrace (235 - 238) fit persécuter les chrétiens, et particulièrement ceux qui enseignaient et présidaient parmi eux; parmi ses successeurs, au contraire, qui se succédaient rapidement, Philippe l'Arabe (244-249) fut si favorable aux disciples de Christ, que le bruit se répandit qu'il était devenu chrétien. Alors l'Église chrétienne était déjà si forte, qu'il fallait qu'elle fût reconnue par l'État ou persécutée par toute sa puissance. Décius (249-251) prit ce dernier parti, en déchaînant contre les chrétiens la première persécution générale, qui surpassa toutes les précédentes en étendue, en rigueur et en cruauté, qui enleva à des milliers de personnes leurs biens, leur liberté, leur vie, et entraîna à l'apostasie un grand nombre de chrétiens gâtés par un long repos. Après le règne si court de Décius, vinrent quelques années où on laissa les chrétiens tranquilles, jusqu'à Valérien, qui, après les avoir favorisés peu de temps, fit persécuter l'Église chrétienne et ses conducteurs.

Mais vint ensuite pour les chrétiens un temps de repos qui dura plus de quarante années, pendant lesquelles ils s'étendirent toujours plus, de manière que, dans tous les rangs de la société, à la cour même et à l'armée, ils avaient des alliés et des protecteurs.

Cependant la division religieuse dans l'empire parut mettre en danger son existence; le paganisme et le gouvernement païen se crurent menacés par le christianisme. Le paganisme, ne pouvant espérer la victoire par un pacifique développement, essaya une dernière lutte redoutable; ainsi en est-il partout dans le passage de la vie à la mort, lorsque ce qui va finir ranime encore une fois ses forces

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affaiblies, avant de céder pour toujours la place à de nouvelles créations. Ce fut l'empereur Dioclétien (284-305) qui, encouragé par Galère, à la fois son associé au trône et son gendre, suscita, après de longues hésitations, la dernière persécution contre les chrétiens, mais aussi la plus violente et la plus étendue. Elle commença l'an 303 par la ruine de la magnifique église de Nicomédie, capitale de la Bythinie; puis un édit de l'empereur défendit, pour l'avenir, sous menace des plus sévères châtiments, tout rassemblement des chrétiens: il ordonna de renverser leurs maisons de prières et leurs églises, de brûler leurs livres saints, et déclara que tous ceux qui persisteraient dans le christianisme perdraient leurs emplois, leurs dignités et leurs droits de citoyens. L'irritation réciproque s'était augmentée: suivirent bientôt des lois et des mesures plus rigoureuses, afin de contraindre les chrétiens, par tous les moyens possibles, à sacrifier aux idoles; et si l'humanité, ou une secrète participation à la cause persécutée en adoucit ici et là les rigueurs, la persécution n'en exerça pas moins ses fureurs dans tout l'empire. Des milliers de personnes perdirent la liberté et la vie: le fouet, les tortures, les bêtes féroces, les bûchers, tous les supplices inventés par l'art des bourreaux, servirent d'instruments à la cruauté pour tourmenter les chrétiens.

Cela continua après même l'abdication de Dioclétien (305), jusqu'à ce que son successeur Galère, peu de temps avant sa mort (311), fatigué de se baigner en vain dans le sang, fit cesser la persécution. Seulement en Gaule, en Espagne et en Angleterre, Constance Chlore, qui penchait pour les chrétiens, adoucit par son humanité la rigueur de leur sort, quoiqu'il ne pût les en préserver entièrement. Son fils Constantin, parvenu au trône, hérita de ses dispositions favorables pour les chrétiens, poussa même sa bien

veillance plus loin, et, sous sa domination le christianisme parvint à triompher, aussi extérieurement, du monde païen.

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Propagation du christianisme

Malgré toutes les persécutions, l'Évangile s'étendait avec une rapidité toujours plus entraînante; la principale cause de ces progrès était sa vérité et sa force divine; mais, au dehors, les rapports et les circonstances favorables, dont nous avons parlé au § 7, ainsi que l'héroïsme inspiré avec lequel les chrétiens enduraient le martyre et la mort, y contribuèrent pour beaucoup; on ne doit pas non plus omettre, parmi les causes du triomphe de l'Église chrétienne, la position plus heureuse accordée par le christianisme à la femme et aux esclaves, les soins fraternels que la communauté chrétienne donnait aux pauvres, aux malades, aux voyageurs, à ceux qui étaient abandonnés, de quelque manière que ce fût, la consolation et la paix céleste qu'on trouvait dans le christianisme, et dont alors, dans ces temps de désolation et d'épreuve, on ressentait doublement le besoin.

Déjà dans les temps apostoliques, il y avait de nombreuses Églises en Palestine, en Syrie, en Arabie, en Mésopotamie, en Macédoine, en Grèce et en Italie, mais surtout dans l'Asie Mineure, où, déjà à la fin du 1er siècle, les temples devenaient déserts, et où la chair des victimes était inutilement offerte au rabais. Dans les îles de Chypre, de Pathmos, de Rhodes, de Crète, le christianisme était déjà annoncé dans les temps apostoliques; de même bientôt après, si ce ne fut pas déjà alors, des Églises chrétiennes furent fondées en Arabie et en Égypte. Au re

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