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usité depuis le XIIIe siècle, a la même signification que celui de schismatique il désigne, dans ce sens plus restreint, ceux qui se sont séparés de l'Église et se sont formé une religion à part.

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Notion et étendue de l'histoire ecclésiastique

L'histoire de l'Église chrétienne est l'exposition de la vie religieuse manifestée dans le christianisme d'après la diversité des actes extérieurs et successifs qui en sont résultés, ou le récit authentique de l'établissement de la religion chrétienne et de l'Église, ainsi que des destinées remarquables qu'elles ont subies durant le cours des siècles. Aussi comprend-elle toute l'Église chrétienne dans tous les temps, sa constitution extérieure, ses ministres, sa doctrine, son culte, sa discipline, ses mœurs et les autres manifestations de la vie ecclésiastique et chrétienne; elle montre les changements éprouvés par l'Église à ces divers égards; elle doit, en particulier, mettre en saillie le lien historique des choses, faire ressortir ce qui a influé sur l'esprit chrétien et sur la vie ecclésiastique pour en favoriser ou en retarder les progrès.

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But et importance de l'histoire ecclésiastique

Le passé nous éclaire sur l'état actuel et sur la manière dont on y est parvenu, il répond aux questions et aux énigmes du présent, il nous ouvre la vue sur l'avenir, il nous montre la bonne route, et fortifie notre foi

et notre confiance. Cela peut se dire surtout du passé de l'Église, si nous ne la considérons pas uniquement sous un rapport extérieur, ou sous le point de vue d'un parti, mais si, avec la lumière de l'Évangile, nous suivons les progrès de la vie ecclésiastique, et si, régénérés en esprit, nous cherchons cet esprit qui vient de Dieu et qui ne s'est jamais laissé sans témoignage.

Ce sont surtout les vérités suivantes qui nous sont annoncées et répétées par l'histoire de l'Église, qui doivent servir d'enseignement et d'avertissement, et se faire entendre avec énergie à la génération présente :

1. «Mon règne n'est pas de ce monde;· - c'est l'esprit qui donne la vie, la chair ne sert de rien;

tue, mais l'esprit vivifie. »>

la lettre

2. Aussi le christianisme doit-il avoir entrée dans les royaumes de la terre, doit-il pénétrer et sanctifier tout ce qui est terrestre, mais il ne doit pas prétendre aux dignités et aux joies de ce monde. Aussi la raideur de la forme lui est un obstacle, ainsi que toute contrainte qui n'est pas la force même de la vérité. Aussi s'adaptet-il à toute nation, à toute forme de gouvernement, puisque sa haute destination est d'être une religion universelle quant à l'étendue et à la durée. Aussi existe-t-il sûrement des nationalités chrétiennes, une vie chrétienne d'État et de famille; mais un christianisme national, une religion chrétienne d'État, est une contradiction avec la nature intime du christianisme.

3. Les paroles de Gamaliel dans le sanhédrin de Jérusalem s'appliquent à tous les temps et à toutes les questions de la vie ecclésiastique: «Si cette entreprise ou cette œuvre vient des hommes, elle se détruira d'elle

'Act. v, 38, 39.

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même, mais si elle vient de Dieu, vous ne pouvez la détruire. » Le pouvoir peut bien par ses ordres s'opposer à la vérité, il ne peut pas l'étouffer; elle éclate seulement alors avec plus de force. S'il suscite, au contraire, des obstacles à l'erreur, il l'empêche seulement d'être tout à fait connue, et de se répandre entièrement, mais elle se propage toujours plus en secret, comme la lèpre qui, lorsqu'on s'efforce, en la comprimant, d'en arrêter l'éruption, finit par infecter tout le corps.

4. La foi ne se laisse point imposer par ordre, elle est le produit immédiat et libre de l'esprit. La religion de chacun est pour lui le résultat de l'expérience, du sentiment, de la conscience; la science et l'érudition viennent après, et n'en sont nullement la source.

5. La foi engendre la meilleure forme de l'enseignement et du culte, mais elle n'est pas engendrée par elle; aussi est-il inutile de vouloir, par des thèses, des symboles et des formes liturgiques, créer la foi et la vie de l'Église; lorsqu'elles ne sont pas produites par l'esprit, elles sont mortes en elles-mêmes. Jamais le renouvellement de l'esprit et de la vie chrétienne ne commence par le fait de dresser des symboles et d'établir des formes précises pour le culte. On les voit naître lorsque déjà la foi est affaiblie, ou suivant une loi de l'esprit humain, lorsqu'elle veut des formes différentes en rapport avec la nature individuelle des diverses sociétés. Là où manquent l'esprit et une foi vivante immédiatement empruntée à l'Évangile, les symboles et les actes obligatoires du culte ne sont que des tentatives pour embaumer, comme une momie, ce qui est déjà mort, ou pour arrêter sur sa tige le développement d'un arbre, qui croît dans tous les sens et tend à projeter de toutes parts des branches et des

rameaux.

6. Ce n'est pas tant par des points de doctrine et par des institutions extérieures, que par l'influence de sa personnalité, par cet esprit qui en rayonnait comme d'un soleil, portant avec lui la lumière et la vie, que le Christ a voulu régénérer l'humanité. Sans doute, les enseignements, les actions, la conduite, sont aussi bien l'expression de cette personnalité qu'un moyen de lui faire obtenir une plus grande influence, mais ils ne sont ni le seul, ni le plus grand; le principal, c'est l'influence immédiate de l'esprit, qui, échappant à nos sens, se communique d'une personne à une autre, c'est là, par-dessus tout, ce qui engendre l'esprit et la vie, c'est là la source et le commencement de cet esprit saint qui agit dans l'Église et est entretenu par elle.

7. Dieu était en Christ et est avec son œuvre; la manière dont s'est propagé le christianisme, la marche du développement de l'Église chrétienne, rendent témoignage à cette puissance de Dieu qui est dans l'Évangile, et nous montrent que le christianisme est l'ouvrage de Dieu pour la rédemption des hommes.

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Propagation du christianisme et développement de l'Église

Tandis que les autres religions se sont développées tantôt avec la vie du peuple, comme la religion judaïque, par exemple, tantôt par une force extérieure et par le pouvoir des armes, comme le mahométisme, la propagation du christianisme repose sur sa doctrine divine. L'Évangile est

la puissance de Dieu pour le salut de tous ceux qui croient; par la force paisible et calme, mais irrésistible, de sa vérité, de ses bénédictions, il a trouvé accès dans le cœur des peuples; comme le souffle du Dieu saint a agi pour créer le monde, il a pénétré, changé les rapports des hommes partout où il est parvenu. La paix de l'âme, le courage, la joie dans les privations, dans le péril, dans la détresse, la confiance en Dieu, l'espérance du ciel, le lien d'une commune foi, la force sanctifiante de la charité chrétienne, qui remplissaient le cœur des croyants, firent, d'hommes simples et sans culture, les messagers du Seigneur, et renversèrent les autels de l'idolâtrie; et, lorsque plus tard, ici et là, on employa la force des armes contre ceux qui résistaient au christianisme, lorsqu'on se servit de sa propagation comme d'un prétexte pour des vues mondaines, quoiqu'il n'y eût là qu'un abus ou un oubli de l'esprit chrétien, par une sage dispensation de la Providence, il en résulta cet avantage qu'on mit de côté les obstacles qu'offraient les circonstances extérieures, et qu'un libre champ fut ainsi ouvert à la semence de l'Évangile.

La croix de Christ est l'image du développement de l'Église; c'est dans la croix qu'est l'histoire du christianisme symboliquement exprimée. Le passage de la nuit à la lumière, du combat à la victoire, de l'opprobre à la gloire, de la mort à la vie, c'est l'enseignement de cette croix aux pieds de laquelle les peuples se rassemblent pour adorer, c'est la marche du vrai christianisme dans l'individu comme dans l'histoire des siècles. Ce qui est méprisé devant le monde, le Seigneur l'a choisi pour rendre témoignage à sa gloire; ce qui est encore maintenant pour les enfants de ce siècle un scandale ou une folie, c'est ce qui a vaincu le monde, c'est ce qui a conduit des millions d'âmes à confesser le Seigneur. Depuis

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