TROISIÈME PÉRIODE

DE LA MORT DE CHARLEMAGNE A LA RÉFORMATION

(814-1517)

PREMIÈRE SECTION

Destinées extérieures de l'Église

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Conversions dans le nord de l'Europe

ANSGAR OU ANSCHAIRE s'occupa le premier, dans le IXe siècle, à répandre le christianisme dans le nord de l'Europe; aussi l'histoire l'honore-t-elle du titre d'apôtre du nord. Il naquit l'an 801, en Picardie, fut élevé dans le cloître de l'ancienne Corbie, sur la Somme, en dirigea l'école, et, plus tard, celle de la nouvelle Corbie. Comme le roi danois HARALD-KLAK, chassé de son royaume, puis réfugié près de LOUIS LE PIEUX, après avoir reçu le baptême à Ingelheim, retournait en Danemark avec l'aide de Louis, Anschaire l'accompagna, et, en y établissant des

écoles, posa les premiers fondements de la civilisation chrétienne. Pour donner dans le nord un point d'appui solide au christianisme, Louis le Pieux fonda pour Anschaire l'archevêché de Hambourg en 831. Mais, comme il fut dévasté par des pirates, Louis le Germanique, avec l'assentiment du pape, le réunit à l'évêché de Brême en 849. Mais le christianisme ne fut affermi en Danemark que lorsque le roi SUÉNON, l'an 1000, eut conquis l'Angleterre chrétienne, et que son fils CANUT LE GRAND, pour réconcilier les deux peuples dans la foi et pour assurer sa conquête, eut envoyé des moines anglais en Danemark, et y eut établi l'Église sur une base solide.

Anschaire chercha à porter aussi en Suède la semence de l'Évangile, et, après sa mort, on travailla depuis Brême à répandre le christianisme dans ce pays. Le premier roi chrétien fut OLAÜS, qui régna depuis 993 à 1024, mais ce ne fut que le roi INGE qui acheva la ruine du paganisme en Suède, en détruisant à Upsal le temple d'Odin. C'est depuis là que, plus tard, les Finnois furent gagnés au christianisme par ERIC LE SAINT 5, et les Lapons par l'archevêque HEMMING d'Upsal, après que ceux-ci eurent reconnu, en 1279, la domination suédoise. La Norvége apprit, il est vrai, dans le ixe siècle, par de jeunes navigateurs, à connaître le christianisme; mais HACON LE BON, élevé et baptisé en Angleterre, et qui régna de 936 à 950, chercha en vain à le faire dominer chez son peuple. Ce fut sous OLAÜS TRYGWARSON, de 995 à 1000, et sous CLAUS LE GROS, qui, cent ans plus tard, fut honoré comme un saint par tous les peuples du Nord,

Encore à présent, une paroisse de Brême porte le nom d'Ansgar. 21014-1035. 3 865. +1075. 5 1155-1160. • 1335

que l'Église chrétienne acquit en Norvége une ferme con

sistance.

En Islande, que des nobles du Nord avaient visitée dans le ixe siècle, le christianisme fut adopté, l'an 1000, d'une manière légale, et depuis cette île des émigrants fondèrent un évêché sur la côte orientale du Groënland, qui envoya pour dîme à Rome des dents d'hippopotame. Après cela, le christianisme parvint dans les îles de Féroë, des Orcades, de Schetland.

Les Normands, qui avaient quitté leur patrie, et qui, sous la conduite de ROLLON, prince norvégien, avait conquis une partie de la Gaule, qui prit le nom de Normandie, recurent le christianisme dans le xe siècle, car CHARLES le Simple, qui n'avait pu chasser de son royaume son hôte victorieux, lui donna sa fille GISÈLE en mariage, et comme fief ducal une partie du nord de la France, à condition qu'il embrassât le christianisme. Rollon se laissa baptiser en 912, prit le nom de ROBERT, et contraignit son peuple à suivre son exemple.

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Conversions chez les Slaves

Le christianisme parvint aux peuples slaves en partie par l'Allemagne, en partie par l'empire grec, et, pour cette raison, quelques-uns le reçurent sous la forme occidentale, et d'autres sous la forme orientale.

D'Allemagne, le christianisme parvint aux Slaves, qui habitaient entre la Saale, l'Elbe et l'Oder jusqu'à la mer Baltique, et qui s'étendaient au nord-est au delà même de l'Oder, se divisant ensuite en plusieurs tribus. Plus les

Francs, depuis qu'ils avaient conquis la Thuringe, s'étaient approchés de ces populations, plus ils entrèrent fréquemment en guerre avec elles. L'empereur HENRI Ier, qui régna de 919 à 936, les subjugua, et son fils OTHON [er, ou le Grand, poursuivit ce qu'il avait commencé. Il établit le christianisme chez les Slaves, et fonda les évêchés de Meissen, de Mersebourg, de Zeisz sur l'Elster, de Havelberg, de Brandebourg et d'Oldenbourg, au nord-est du Holstein, non loin de la mer Baltique. A Magdebourg, ville frontière des Saxons, qui leur servait de boulevard contre les Slaves, il érigea un archevêché. Mais, avec la domination allemande, le christianisme devint odieux aux Slaves, qui se révoltèrent sous MISTEWOI, et mirent fin à tous deux dans leur pays. Son petit-fils GOTTSCHAlk, qui réunit les diverses tribus en un grand royaume, chercha à établir parmi eux le christianisme, mais il fut assassiné, et avec lui disparut de nouveau la religion du Christ. Cependant, par le démembrement du royaume qui eut lieu plus tard, l'œuvre de la conquête et de la conversion fut facilitée. Le duc de Pologne BOLESLAS III, qui avait épousé JUDITH, sœur de HENRI IV, conquit la Poméranie, et fit venir l'évêque ОTHON de Bamberg pour convertir le peuple qu'il s'était soumis. Les autres tribus furent subjuguées et converties par les princes saxons, surtout par HENRI LE LION, duc de Saxe, mort en 1195. Il fonda les évêchés de Ratzbourg et de Schwérin, et transporta à Lubeck le siége épiscopal d'Oldenbourg. Une grande partie des Slaves fut exterminée ou chassée, les Allemands entrèrent dans un pays devenu désert, le christianisme y devint général, et avec lui se répandirent dans tout le pays la langue et les mœurs allemandes; seulement quelques restes du lan

gage et des mœurs des Wendes se sont conservés jusqu'à nos jours dans la Lusace et la Poméranie. Ce fut dans l'île de Rügen, dans les pays Wendes, que le christianisme se conserva longtemps, et ce ne fut que depuis 1168 que l'Église chrétienne y fut assise d'une manière durable par les victoires de WALDEMAR [er, roi de Danemark.

Les autres peuples slaves reçurent le christianisme des chrétiens grecs; ainsi les Bulgares, qui étaient, il est vrai, d'origine hongroise ou turque, se mélangèrent plus tard avec les Slaves, en sorte qu'aujourd'hui les habitants de la Bulgarie peuvent être considérés comme slaves. Ces Bulgares étaient des voisins dangereux pour l'empire grec, sur les frontières duquel ils habitaient, et pour cela il importait beaucoup à la cour de Constantinople de les gagner au christianisme. Le commencement de leur conversion vint de la sœur de BOGORIS, leur chef. Elle était devenue chrétienne durant sa captivité à Constantinople, et à son retour elle gagna son frère à cette religion. Cela fit qu'en 863, deux moines grecs, MÉTHODIUS et CYRILLE, passèrent chez les Bulgares, et convertirent la plupart au christianisme. Mais les Bulgares du Volga retournèrent à l'islamisme pendant le ixe et le xe siècle, et la race alliée des Chazares, en Crimée, se partagea entre le christianisme, l'islamisme et le judaïsme.

Depuis Charlemagne, les Moraves avaient, il est vrai, reçu des Allemands quelques teintures du christianisme; mais ce furent Méthodius et Cyrille qui, les premiers, établirent parmi eux l'Église chrétienne. Cyrille inventa l'alphabet slave, traduisit la Bible en cette langue, fit célébrer la messe, dire les prières et chanter les cantiques en slave; il mourut entre 868 et 870, mais son frère Méthodius demeura le premier docteur du royaume, survécut à la chute de l'empire en 908, et mourut en 910.