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devaient se distinguer de tous les autres hommes par leur conduite et par leur piété. Mais plus tard, surtout depuis le ive siècle, une plus haute signification fut attachée à ce nom, et l'on respecta comme des saints les martyrs et les chrétiens qui, par l'élévation de leur piété, l'excellence et la charité de leurs œuvres, ou par une vie de retraite regardée par leurs contemporains comme particulièrement chrétienne, avaient excité leur étonnement et s'étaient attiré leur admiration. C'est une pensée aussi naturelle qu'heureuse de conserver avec respect le souvenir des hommes qui, dans les anciens temps, se sont distingués par leur piété, de s'édifier et de s'exciter au bien par leur exemple, comme pour les personnes qui nous ont été chères dans la vie, d'honorer leur mémoire et de nous arrêter volontiers sur leurs tombeaux. Mais bientôt ces respects devinrent des honneurs, et ceux-ci, dans la pensée de la multitude, ne furent pas éloignés de l'adoration; de là, peu à peu, un nouveau genre d'idolâtrie, qui pouvait s'accorder avec les idées que les nouveaux convertis se formaient du christianisme, mais qui était par cela même opposé à la religion chrétienne. On s'accoutuma à considérer de tels saints comme des médiateurs entre Dieu et les hommes, et à leur adresser principalement des prières. Les restes ou reliques de leur dépouille mortelle, de leurs vêtements, etc., furent hautement vénérés; on leur attribua le pouvoir des miracles; on les fit servir à un commerce lucratif et souvent frauduleux.

La vierge Marie, en particulier, fut honorée et invoquée comme mère de Dieu et reine du ciel. Les saints furent adorés, tantôt dans le lieu où ils avaient déployé leur activité, tantôt dans celui où étaient leurs reliques, tantôt sur un théâtre plus étendu. Les villes et les peuples, les métiers, les arts et les sciences eurent leurs saints pro

tecteurs; ainsi SAINTE CÉCILE, qui vécut au Ie siècle, et qui fut honorée comme patrone de la musique. Tels saints furent aussi appelés et considérés comme des modèles de vertus particulières. Ainsi SAINTE AGNÈS, morte en 303, fut honorée comme le type d'une pieuse virginité.

On entreprit des pèlerinages, auxquels on attribuait un mérite particulier, auprès des tombeaux et des reliques des saints, comme auprès des autres endroits auxquels se liaient de grands souvenirs religieux. Ce n'était pas seulement une pieuse émotion qui y conduisait, mais aussi la superstition, par laquelle on espérait être affranchi de la dette du péché, ainsi que de toutes les maladies, et favorisé par d'autres manifestations miraculeuses; aussi ces lieux de pèlerinage furent-ils appelés des endroits de grâce. Le pays surtout où le Sauveur avait vécu et souffert, ainsi que le grand nombre de ses souvenirs religieux, fut un objet de piété vers lequel on se dirigea avec ardeur; et, depuis que le tombeau de Jésus-Christ eut été découvert et que Constantin le Grand y eut fait batir l'église de la Résurrection, les pèlerins y accoururent même des lieux les plus éloignés. On choisissait surtout, pour le visiter, le temps de la pâque, où des pèlerins de toutes les contrées se réunissaient autour du saint Sépulcre.

C'est de la fin du Ive siècle que date la tradition par laquelle Hélène, mère de Constantin, qui, en 326, se fit baptiser dans le Jourdain, aurait trouvé la vraie croix. Depuis lors, de soi-disant morceaux de cette croix furent conservés et montrés dans une foule de lieux différents. Ils étaient l'objet d'une vénération toute superstitieuse; on leur attribuait de grands miracles, et l'on prétendait que le bois, malgré les diminutions qu'il devait subir, se remplaçait par un nouvel accroissement; on répandait aussi et l'on adoptait pour les clous de la croix les récits miraculeux les plus extraordinaires.

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Architecture et statuaire des églises

On vit partout, depuis le commencement de cette période, se manifester le désir et le besoin d'édifices sacrés, qui, pour la plupart, étaient construits sur les tombeaux des martyrs. De grandes et magnifiques églises, pour lesquelles on mit à profit les temples païens et d'autres grands édifices publics, annoncèrent la victoire du christianisme et son triomphe temporel. On choisit principalement pour les nouvelles églises la forme des basiliques romaines, qui étaient des édifices publics formant un carré long avec un double rang de colonnes. Les églises, qui furent nommées alors basiliques, formèrent d'après cela un carré long qui était traversé dans sa longueur par un double ou un quadruple rang de colonnes, et terminé par une galerie à moitié ronde, appelée sanctuaire, c'est-à-dire lieu saint. Dans ce sanctuaire, qui était séparé du reste de l'église par une barrière et un rideau, était le maître-autel, derrière lequel se trouvaient les siéges des prêtres, et, au milieu, le siége particulier de l'évêque, appelé cathedra; de côté et dans le chœur était placée la chaire. A l'entrée de la basilique était une avantcour, entourée de rangées de colonnes, au milieu desquelles était une fontaine. Dans la partie principale, ou la nef, étaient deux tribunes élevées, d'où on lisait alternativement les évangiles et les épîtres. Plus tard, on eut aussi des églises d'un autre genre de construction, appelées basiliques: c'est ainsi que furent les principales églises de Rome; de petites églises reçurent aussi la forme ronde des tem

romains, ou rotondes. Peu à peu, on chercha à donner

aux basiliques un caractère plus chrétien, et on choisit pour cela la forme de la croix. On distingue la croix latine et la croix grecque: la première a le transsept au tiers supérieur de la nef, et, dans les édifices de cette forme, la partie inférieure ou la plus longue est la place de la nef. Dans la croix grecque, le transsept se trouve au milieu de la nef. On réunissait aussi, comme à Constantinople, dans l'église de Sainte-Sophie changée plus tard en mosquée, la forme de croix et celle de rotonde, de manière qu'une coupole forme une voûte en demi-cercle au-dessus du transsept de la croix. Les murs des églises étaient, à l'intérieur, ornés d'images en mosaïque, mais les statues demeurèrent étrangères à l'Orient. Les crucifix parurent au viie siècle, les plus anciens qui se soient conservés, et que l'on garde dans le musée chrétien de Rome, datent du VIIIe siècle.

Les tableaux furent choisis préférablement pour l'ornement des églises, afin de réveiller de pieux souvenirs. On prit pour cela des sujets tirés de l'histoire biblique, surtout celui de Marie avec l'enfant Jésus, et des traits de la vie des saints. Dans le ve et le vie siècle, ce fut une coutume générale de suspendre des images dans les églises. Ainsi l'art, qui avait vu sa perte dans la ruine du paganisme, trouva un nouvel emploi dans l'Église chrétienne; seulement il se mit encore au service de la superstition et aveugla bien des âmes, qui cherchèrent dans l'extérieur de l'église, et dans son action sur les sens, l'essentiel de la religion et de la piété.

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Culte et querelle des images

Depuis que les images eurent été admises dans les églises, on commença à se prosterner devant elles, à leur adresser des prières, à allumer des cierges, à brûler de l'encens pour leur faire honneur, et à prêter serment devant elles. L'adoration devait se rapporter aux personnes qu'elles représentaient, mais la multitude était bien près d'offrir cette adoration aux images mêmes, et ainsi naquit peu à peu ce culte, sans que l'Église l'eût expressément introduit ou qu'un concile l'eût confirmé. Il est vrai qu'il ne fut pas adopté par tous les docteurs chrétiens, mais il fut jugé utile par la plupart, une fois surtout qu'on y vit un moyen d'éveiller et de vivifier les sentiments religieux. D'ailleurs l'adoration des images était si étroitement unie avec l'idée qu'on se faisait de la dignité et de la puissance des saints, qu'il était difficile de l'empêcher. Partout le peuple se plut à cette adoration d'objets visibles, et elle fut de toutes manières encouragée par les moines. Mais l'état spirituel du christianisme et l'ancienne aversion chrétienne pour toute représentation, n'avaient pas entièrement disparu, l'opposition de l'islamisme les éveilla de nouveau, car il réprouvait sévèrement toute représentation d'objets religieux, et il faisait aux chrétiens un reproche de rendre un culte aux images. Les plus éclairés des chrétiens commencèrent à voir dans ce culte matériel un paganisme renouvelé, et, de plus, l'empereur LÉON III L'ISAURIEN, le regardait comme le principal obstacle à son plan de convertir les juifs et les mahométans de son royaume. C'est ainsi qu'il s'éleva une lutte violente contre

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