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car d'autres suivirent son exemple, comme HILARION et BASILE LE GRAND, qui, l'un dans le désert de Gaza, et l'autre près de Néo-Césarée, fondèrent aussi des cloîtres. Le monachisme s'étendit alors rapidement en Orient, et les docteurs les plus renommés le recommandèrent et travaillèrent surtout à le répandre.

Le fondateur d'un cloître lui donnait aussi sa règle; mais tous s'accordaient en ceci qu'ils exigeaient une obéissance sans restriction envers le supérieur, l'abandon de toute volonté propre, le renoncement à tout ce qu'on possédait, et la mortification de la sensualité, afin de vivre uniquement pour Dieu et pour les choses divines. Les occupations des cloîtres' consistaient en exercices pieux et en travaux, comme tresser des corbeilles, tisser des nattes, s'occuper d'agriculture; mais il y eut des moines et des nonnes qui s'infligèrent de telles tortures qu'elles finirent par les conduire au suicide ou au délire. Au commencement, il n'était pas encore entièrement interdit de rentrer dans le monde; mais peu à peu la règle devint plus sèvère, et les vœux pour être admis dans le cloître furent prononcés pour toujours. Dans les premiers temps, les moines étaient aussi laïques pour la plupart; néanmoins il y en eut quelques-uns qui furent consacrés comme prêtres, afin de pouvoir célébrer dans les cloîtres

Le mot cloître est dérivé du latin claustrum, qui désigne une réclusion ou un endroit fermé. Le mot, grec d'origine, monasterium, d'où est venu le mot Moutier, est aussi employé pour désigner un cloître, et signifie proprement un endroit solitaire, un édifice isolé. Le nom de moine vient du grec monachos, c'est-à-dire qui vit tout seul. On employait aussi pour cela le mot nonne, qui est cophte, et qui signifie pur ou chaste; mais, plus tard, il fut uniquement employé pour désigner les femmes qui composaient un cloître. Les supérieurs des cloîtres s'appelaient abbés, nom qui signifie père. Dans l'Église grecque, ils sont aussi appelés archimandrites.

le service divin; et déjà depuis le milieu du ve siècle on remarqua en eux un fort penchant à se joindre au clergé et à en pratiquer les fonctions, jusqu'à ce qu'enfin le second concile de Nicée, au viIIe siècle, permît aux abbés d'accorder à tous les moines les grades inférieurs du clergé. Comme les esclaves chez les Romains et chez les Allemands avaient les cheveux rasés, les moines, comme un signe d'humilité, contractèrent l'habitude de porter la tête rasée en tout ou en partie, et, depuis le ve siècle, cette habitude devint aussi celle du clergé. Dans l'Église romaine, ce fut une règle pour les ecclésiastiques de porter une plaque sur le sommet de la tête. L'habillement des moines fut d'ordinaire un long vêtement de couleur sombre, semblable à un manteau et retenu par une ceinture.

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Le monachisme en Occident

ATHANASE fit connaître le monachisme en Occident (voy. §§ 39 et 49), mais il trouva peu de faveur au commencement, jusqu'à ce que MARTIN DE TOURS, CASSIEN, AMBROISE, JÉRÔME et AUGUSTIN y participassent et le répandissent, et alors il fut bientôt tellement adopté, que déjà Martin de Tours, qui mourut en 400, fut porté en terre par deux mille moines. Depuis le vre siècle, le monachisme prit, en Occident, une marche indépendante, el bientôt surpassa l'Orient pour le nombre et l'organisation des cloîtres. Ce fut surtout BENOÎT DE NURSIE qui perfectionna le monachisme et qui introduisit une règle nouvelle. Il fonda, en 529, dans le romantique désert du

mont Cassin, en Campanie, une abbaye qui porte le nom de ce lieu, et lui donna des règles monastiques qui bientôt furent reçues par la plupart des cloîtres de l'Occident, et adoptées même par Boniface pour ceux de son diocèse. C'est là l'origine de l'ordre des bénédictins, c'està-dire de la grande société de moines qui s'étendit sur un grand nombre de cloîtres en divers pays, et se dirigea partout d'après la règle de Benoît. Il adoucit la rigueur exagérée dans les pratiques de la pénitence et dans les mortifications qui étaient en usage dans les cloîtres de l'Orient; les vœux furent exigés pour toute la vie; les moines furent astreints à obéir sans restriction à leur supérieur; le travail, et particulièrement la copie des livres, alterna avec les exercices de piété. Des occupations scientifiques furent particulièrement établies par CASSIODORE, qui fonda un cloître de bénédictins à Vivarium, dans la basse Italie.

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Jugement sur le monachisme

Si l'on juge le monachisme en considérant le temps où il a paru, on ne peut, d'après ce que nous avons dit au commencement, lui refuser une certaine approbation (voy. § 54). Il a exercé, en effet, de plusieurs manières, une influence bienfaisante, surtout dans les anciens temps. La pauvreté a trouvé dans les cloitres des secours charitables; l'homme opprimé ou injustement persécuté, un asile; celui qui avait le cœur malade et brisé, la consolation et le repos; le malheureux déshonoré aux yeux du

monde, une condescendance fraternelle; le pécheur repentant, la réconciliation et la paix. Comme des oasis dans le désert et des forteresses en pays conquis, un grand nombre de cloîtres étaient des centres d'où rayonnait la civilisation, des points d'appui pour le christianisme au milieu des nouveaux convertis ou des peuples à convertir encore. Des moines défrichaient des contrées désertes, se chargeaient de l'instruction de la jeunesse, même à peu de frais, et pour ce qui a échappé aux tempêtes du moyen âge en fait de civilisation, de sciences, et d'écrits de l'antiquité qui ont pu parvenir à nos temps modernes, nous en sommes en grande partie redevables aux cloîtres, et c'est surtout aux bénédictins qu'il faut en faire honneur.

Mais des ombres épaisses obscurcissent la lumière, d'ailleurs assez rare, de la vie des cloîtres. Cette ardeur pieuse avec laquelle les croyants recherchaient la solitude et aspiraient à renoncer à eux-mêmes, devint bientôt une sorte de maladie; ni repentir, ni changement dans les situations, ne purent dégager des vœux, prononcés peutêtre dans une disposition d'esprit particulière. La persuasion et la contrainte portèrent des milliers d'hommes, dès la fleur de leur jeunesse, à décolorer leur vie derrière les sombres murs des couvents. Un renoncement peu naturel excita des passions et des vices contre nature; la sévérité de la règle se relâcha avec le temps, mais la richesse des monastères alla croissant, et un grand nombre d'entre eux devinrent ainsi un séjour où régnèrent l'hypocrisie, l'oisiveté, la débauche, les actions les plus honteuses et les plus abominables. Déjà au sortir du moyen âge, le peuple, par ses propos et ses chansons, se moquait avec esprit de la vie des moines. Maintenant les couvents appartiennent à un temps qui n'est plus, et l'esprit qui leur avait donné naissance a disparu depuis longtemps; mais

la piété qui les avait établis et en avait conçu la pensée, mérite encore aujourd'hui un souvenir honorable de notre part.

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Chanoines et vie ecclésiastique

CHRODEGANG, évêque de Metz, introduisit chez les ecclésiastiques de son Église une organisation semblable à celle des moines. Il les réunit dans sa maison, où ils vécurent sous son inspection immédiate. L'évêque prenait sur les fonds de l'Église de quoi fournir à leur entretien, quoique d'ailleurs ils pussent avoir aussi quelque propriété. Comme leur réunion eut dès lors ses règles fixes, et que la règle, en grec et en latin, est appelée canon, les ecclésiastiques ainsi réunis furent nommés chanoines. L'ensemble de la réunion s'appelait chapitre, et lorsqu'elle comprenait les ecclésiastiques des métropoles épiscopales, elle était nommée chapitre de la cathédrale. D'autres Églises qui en dépendaient portaient le nom de collégiales, car l'organisation qui avait été établie par Chrodegang trouva de nombreux imitateurs. Elle fut surtout favorisée par Charlemagne et ses successeurs, de manière qu'elle se répandit dans la plupart des Églises germaniques.

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Adoration des saints pèlerinages

Dans les temps apostoliques, les chrétiens étaient, en général, appelés saints, parce qu'ils se distinguaient ou

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