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Discipline de l'Église. Confession

La discipline de l'Église (vov. § 23), perdit de son ancienne rigueur; elle se proportionna aux nouvelles relations sociales, et s'affaiblit par des dispenses fréquemment répétées. On continua, il est vrai, à punir ecclésiastiquement les actes immoraux, et il se forma un système réguler de punition, qui établit des peines ecclésiastiques déterminées selon le degré de la faute. Les pénitences consistaient surtout en jeûnes, en flagellations, en prison, et en interdiction matrimoniale. A l'excommunication, qui, du reste, était rarement employée, se joignirent déjà ordinairement certaines déchéances, et même la mort civile, c'està-dire la perte de tous les droits de l'homme et du citoyen. La puissance mondaine prêta son secours à l'Église ; mais en retour l'intercession des puissants était prise en considération par les évêques. Au moyen de ces pénitences, l'Église, et non pas Dieu, accordait le pardon, c'est-à-dire l'absolution, et les docteurs cherchaient encore à prévenir l'erreur que les péchés obtinssent par là le pardon de Dieu. Mais l'idée que les prêtres pardonnaient les péchés à la place de Dieu, n'est déjà plus étrangère à cette époque; seulement, les punitions devaient satisfaire à la dignité et à la sainteté de l'Église. Elles contribuèrent aussi à réprimer les excès de la grossièreté et de la violence, lorsque la religion avait reçu quelque atteinte, et à produire au moins une décence extérieure. Mais, comme des prêtres dominateurs et artificieux faisaient servir ces punitions à satisfaire leurs vues personnelles, la multitude superstitieuse les confondit trop facilement avec le jugement de Dieu, et crut, avec la pénitence extérieure, pou

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voir se passer de celle du cœur. Ce qui fortifia encore cette opinion corruptrice, ce fut lorsqu'on commença à convertir les pénitences ecclésiastiques en amendes proportionnelles, ce qui déjà avait lieu en secret à cette époque, lorsqu'on se confessait volontairement de péchés connus. L'argent appartenait alors aux pauvres, mais plus tard on le fit servir à des usages ecclésiastiques.

La confession, c'est-à-dire l'aveu qu'un pénitent fait de sa faute, était en usage dans la période précédente pour ceux qui étaient tombés et pour d'autres qui, à cause d'une faute grossière, étaient exclus de la communauté de l'Église, et qui, afin d'y être reçus de nouveau, devaient faire une confession publique de leurs égarements. Depuis lors, on l'exigea pour d'autres fautes, et ce fut là surtout une partie essentielle de la discipline de l'Église. On commença aussi, dans le Ie siècle, à mettre à la place de la confession publique la confession devant le prêtre, et ainsi prit naissance la confession particulière. Elle fut, depuis le ve siècle, en usage en Occident à la place de la confession publique; on la considérait comme un secret du prêtre, et, pour cette raison, elle fut appelée confession auriculaire. Mais, en Orient, la confession des péchés secrets fut laissée au libre arbitre de chacun, suivant le besoin qu'il ressentait de la faire; de plus, l'expérience que les mystères du confessionnal étaient trahis, parlait contre la contrainte à cet égard. En Occident, au contraire, la confession fut regardée comme toujours plus nécessaire pour obtenir le pardon, quoiqu'on distinguât encore entre la confession des péchés devant Dieu et celle devant le prêtre, et que la première seulement fut regardée comme indispensable pour obtenir le pardon des péchés, tandis que la dernière était, à la vérité, recommandée, mais n'était pas toujours pratiquée par chacun.

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Ermites et vie claustrale

Le monde avec ses inquiétudes et ses jouissances, avec ses joies et ses douleurs, ses espérances et ses mécomptes, dissipe la réflexion, met obstacle à l'examen approfondi de nous-mêmes, rend facilement notre cœur étranger au Dieu éternel, et, au milieu des choses terrestres, nous laisse trop souvent oublier celles du ciel. C'est pourquoi des heures et des jours de solitude, de tranquille retour sur nous-mêmes, d'une communion non interrompue avec Dieu, sont nécessaires pour l'avancement de la vie religieuse et pour les besoins de la piété dans nos cœurs. Mais l'homme confond facilement le but et le moyen, ce qui est général et ce qui est particulier, et il ne garde pas toujours une juste mesure. De là provint l'idée, générale dans l'ancienne Église, qu'il y a quelque chose d'impur dans le domaine des sens, et que l'âme doit chercher à se purifier par le renoncement, la mortification et un examen toujours plus approfondi d'ellemême. Qu'on ajoute à cela la dureté et la misère des temps, l'opposition qu'il y avait entre les points de vue sous lesquels chacun pouvait considérer le monde, le genre de vie qu'on menait alors en général, le dégoût que les âmes élevées ressentaient à y participer, un profond sentiment de foi poussé souvent jusqu'au fanatisme, une disposition d'esprit maladive, des expériences amères, une persécution injuste, une réputation perdue, la grandeur d'àme qui était ou qui paraissait être dans le renoncement, la vanité même ou le désir humblement orgueilleux de jouir de la considération des saints, et l'on comprendra ce qui donna naissance au genre de vie des ermites et à

celui des cloîtres. Mais la direction religieuse de l'époque et le prix qu'on attachait à la libéralité pour les cloîtres, les dota bientôt des plus riches dons.

Déjà avant le Christ on trouva bien répandue la pensée qu'un état retiré du monde, que l'acceptation volontaire de privations et de peines, et surtout les tourments qu'on s'impose à soi-même, sont particulièrement méritoires, et peuvent conduire à un degré plus élevé de perfection morale. C'est pour cela que des hommes avaient déjà préféré la solitude au monde, le renoncement à la jouissance. Ainsi, dans les anciens temps, les munis, aux Indes, vivaient solitaires et se torturant eux-mêmes; les thérapeutes, en Égypte, menaient une vie d'ermites, et il en était de même, en Palestine, des esséniens. Il y eut aussi de bonne heure, chez les chrétiens, des hommes qui se retirèrent du monde, et qui passèrent leur vie dans de rigoureuses pratiques de pénitence. Ce fut surtout dans le temps de la persécution de l'empereur Décius (voy. § 13) qu'un grand nombre de chrétiens égyptiens s'enfuirent dans le désert, et, séparés du monde, y passèrent leur vie dans les mortifications. Le nombre de ces ermites ou anachorètes devint bientôt considérable, et le peuple les honora comme des saints. Ce furent surtout les saints des colonnes, ou les stylites (en grec, ceux qui se tiennent sur des colonnes), qui poussèrent jusqu'à l'extrême l'exagération dans le renoncement, ainsi que la mortification de la chair, et qui furent pour la multitude étonnée un objet de vénération superstitieuse. Les principaux de ces stylites furent SIMEON, à Antioche, et DANIEL, à Constantinople. Depuis l'an 420, le premier passa trente années sur une colonne haute de 36 pieds, exposé en plein air au froid et à la chaleur; les gens du pays lui apportaient la nourriture, et le vénéraient comme un saint. Daniel vécut un peu plus tard,

mais encore dans le ve siècle, et se tint aussi sur une colonne pendant plusieurs années.

Les ermites, en divers endroits de l'Orient, principalement en Égypte, devinrent peu à peu si nombreux, qu'il s'éleva des désordres, et qu'ils se répandirent çà et là pour extorquer des moyens de nourriture, et commirent des extravagances de toutes espèces.

On songea, d'après cela, à mettre fin à cette vie désordonnée et vagabonde, à rassembler les ermites dans de grands édifices, à leur donner un chef, et à ordonner leur vie d'après des règles déterminées. ANTOINE, égyptien de naissance, eut le premier la pensée de chercher à soumettre à une règle fixe les ermites dispersés qui habitaient des tentes ou des chaumières, de leur faire un devoir de la prière et d'un travail manuel, de leur donner un supérieur commun, pour surveiller leur conduite. D'une famille riche, considérée, Antoine, animé d'un profond sentiment religieux et enclin à l'enthousiasme, avait donné ses biens aux pauvres, s'était retiré dans un tombeau, et ensuite dans les ruines d'une ancienne forteresse. La nouvelle de la persécution des chrétiens, en 311, l'engagea à quitter sa solitude pour consoler et fortifier les chrétiens opprimés. Plus tard il se retira encore plus loin dans les déserts, et mourut en 356, âgé de 105 ans.

PACÔME, qui fut disciple d'Antoine, fut le fondateur de la vie claustrale proprement dite. Il réunit dans de grandes maisons, qu'il avait construites dans une île du Nil appelée Tabenna, dans la haute Égypte, les ermites dispersés jusque-là et vivant dans leurs cabanes; il les sépara d'après leur sexe, et leur prescrivit des règles fixes. Cette réunion fut tellement approuvée, que, déjà du temps de Pacôme, elle se composait de trois mille personnes, et que, plus tard, le nombre s'éleva sensiblement plus haut;

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