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sous les empereurs d'Orient et sous Théodoric, revêtit les emplois les plus élevés de l'État, embrassa alors la vie monastique, et mourut en 562. Il écrivit, sous le nom de Chroniques, une histoire générale du monde, et fit un extrait latin des histoires ecclésiastiques de Théodoret, de Socrate et de Sozomène.

DENYS LE PETIT était, à la vérité, scythe de naissance, des contrées voisines de la mer Noire, mais il vécut à Rome en qualité de moine ou d'abbé; il mit en ordre un recueil de décrets ecclésiastiques, qui est devenu célèbre, et qu'il traduisit en partie du grec en latin. Dans son Cycle pascal, où il fixait le temps de la pâque et les fêtes qui en dépendent pour une période de 95 ans, il fut le premier qui compta les années depuis la naissance de Jésus-Christ (voy. § 6).

51

Commencements d'une nouvelle civilisation
en Occident

En Occident, les docteurs de l'Église continuèrent, il est vrai, à se servir de la langue latine, et l'élément romain demeura dominant, soit dans l'éducation, soit dans la science. Mais, déjà au vre siècle, on vit, surtout chez les peuples germaniques, se manifester les commencements d'une nouvelle civilisation, dont on n'aperçoit pas nettement la transition. Ainsi, JORNANDÈS le Goth, qui doit avoir été évêque de Ravenne, vers l'an 550, écrivit une histoire de sa nation; et l'archevêque GRÉGOIRE DE TOURS, mort en 593, celle de l'Église des Francs.

ISIDORE, archevêque de Séville en Espagne 1, écrivit, entre autres choses, une chronique depuis le commencement du monde jusqu'à HERACLIUS, empereur d'Orient, et une histoire des Goths, des Vandales et des Suèves. Il composa aussi un ouvrage qui présente en détail les doctrines soutenues par les principaux Pères de l'Église, et qui servit plus tard de modèle aux scholastiques. Ce qui est surtout remarquable, c'est son recueil de droit ecclésiastique, où sont renfermés les canons des conciles et les décrets des papes ou décrétales (§ 81).

BÈDE LE VÉNÉRABLE, moine et ecclésiastique anglais, fut hautement considéré pour ses connaissances variées3. Parmi les nombreux écrits qu'il a laissés, il faut compter une histoire de l'Église d'Angleterre, où il met à profit les documents et les traditions qui se trouvaient chez le clergé de ce pays.

BONIFACE rendit aussi des services à la culture scientifique; il fonda dans les cloîtres plusieurs écoles, principalement à Fritzlar et à Fulde. Parmi ses écrits, ses lettres ont surtout de l'importance, en ce qu'elles font connaître l'état et les rapports qui existaient jadis.

Mais entre tous, CHARLEMAGNE se fit particulièrement un devoir d'élever l'état de la science et de l'enseignement dans son empire. Lui-même n'était pas sans quelque éducation scientifique; il parlait latin, comprenait le grec, et apprit encore à écrire dans ses dernières années. 11 fonda dans son propre palais une école, où ses enfants furent instruits, et une sorte de société savante, à laquelle il prit part lui-même. Il chercha aussi par ses exhortations et ses règlements à inspirer au clergé le goût de la science; il rassembla des manuscrits, et insista auprès des évêques

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pour qu'ils fondassent des cloîtres et des écoles épiscopales. L'empereur fut soutenu dans ses efforts principalement par ALCUIN, qui, né à York en Angleterre, avait été à la tête de l'école du cloitre de cette ville. Charlemagne l'appela à sa cour et le combla des témoignages de sa faveur. Alcuin contribua par son zèle encore plus que par ses nombreux écrits à l'établissement des écoles. Il a surtout fondé celle de Tours, où il fut abbé dans ses dernières années 2.

WARNFRIED, ordinairement appelé PAUL DIACRE, travailla au même but. Né en Lombardie, il fut par Charlemagne mis en prison avec DIDIER, roi des Lombards. Il écrivit une histoire de ce peuple, et, à l'instigation de l'empereur, il fit un recueil d'homélies tirées des écrits des anciens docteurs de l'Église, afin que les curés pussent les lire au service public. Cependant toute la civilisation, résultat des efforts de Charlemagne et de ses savants amis, ne jaillit point du sol national; ce fut une plante exotique, et la science théologique de ce temps ne fut que la répétition de ce qui avait été fait dans les siècles antérieurs. Mais on ne peut méconnaître les traces de l'esprit nouveau qui s'éveillait; aussi, les restes de la science se conservèrent-ils dans les créations de Charlemagne, et les écoles fondées sous son règne devinrent une pépinière de civilisation pour les âges suivants.

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CINQUIÈME SECTION

La vie ecclésiastique

52

Iufluence du christianisme sur les mœurs.

Esprit religieux

Avec la propagation du christianisme et son avénement au pouvoir, la vie de l'Église reçut une empreinte mondaine, et de leur état simple et paisible les mœurs chrétiennes furent entraînées dans le mélange varié de toutes les relations de la vie. Par la réaction du paganisme à son déclin, la superstition païenne se mêla aux idées chrétiennes, et l'attachement aux anciens usages fit que les nouveaux convertis conservèrent encore des coutumes païennes. Déjà naissait la foi à la possibilité d'un pacte avec le Diable, et une grande porte fut par là ouverte à la folie et à la fraude. Quoique la participation aux intérêts ecclésiastiques continuât d'être active et ardente, et que plus d'une fois elle dégénérât en aveugle passion, cependant la tranquille possession refroidit un zèle souvent porté jusqu'au fanatisme, lorsqu'il était entretenu par la persécution des siècles antérieurs. Les rapports de fraternité et de confiance ne subsistèrent pas longtemps avec la différence des positions qui réussit à s'introduire aussi dans les relations ecclésiastiques.

Maint jugement qui s'était précédemment formé parmi les chrétiens, au milieu de rudes oppositions et des luttes qu'ils avaient soutenues avec les puissants de ce monde,

était maintenant adouci ou entièrement abandonné; par exemple, au sujet de la manière dont on considérait la guerre, le service militaire, le serment, et maints divertissements publics. Mais l'inimitié contre le monde et l'ancienne abstinence chrétienne combattaient encore l'es

prit mondain qui pénétrait dans l'Église, et le spectacle, la danse, le serment, le prêt à intérêt, passaient pour un péché aux yeux des chrétiens les plus rigides. Cependant l'opposition ne fut pas détruite ou dissipée par une manière plus relevée de considérer la vie; elle fut fortifiée au contraire par la différence qu'on fit entre la vie des chrétiens, comme les moines, les ecclésiastiques, et celle de la grande multitude soumise à une morale moins sévère.

Mais les idées de piété monacale devaient jeter de la confusion dans le sens moral, et la force sanctifiante de l'Évangile était affaiblie et troublée par la valeur exagérée qu'on donnait à l'orthodoxie ecclésiastique, ainsi que par la croyance répandue dans l'Église que les prétendues bonnes œuvres, comme le jeûne, l'aumône, la prière, considérées en elles-mêmes et indépendamment de l'intention pieuse, sont méritoires et peuvent effacer le péché. Les martyrs et les saints, avec leur renoncement, leurs combats, leurs merveilleux rapports avec le ciel, furent les modèles du temps. Ils fournirent des sujets variés à la poésie religieuse, et une riche pâture à la superstition. On les signalait particulièrement à la jeunesse, pour l'encourager à un humble dévouement; mais le christianisme excita et fortifia dans ces temps-là, chez un nombre infini de personnes, une disposition pieuse et morale; il soulagea ceux qui étaient travaillés et chargés et il apporta dans les chaumières comme dans les palais la consolation et la paix.

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