Obrazy na stronie
PDF
ePub

le premier synode allemand' tous les évêques jurèrent obéissance au pape, et l'on vit combien parmi les Francs était grande sa renommée, lorsque PÉPIN fit sanctionner aux yeux du peuple son usurpation de la couronne de France par l'approbation du pape ZACHARIE, et se fit sacrer comme roi par son successeur ÉTIENNE II3.

En Orient, néanmoins, le patriarche de Constantinople continua à contester le haut rang de l'évêque de Rome. Il voulait d'autant moins lui céder une autorité supérieure à la sienne, qu'il n'existait plus alors de lien entre l'Orient et l'Occident, et que le patriarche de Constantinople obtenait sans contestation la première place dans l'Église

d'Orient.

37

Puissance temporelle des papes

Au commencement du vIIIe siècle, les papes possédaient déjà des biens considérables, en fonds de terre, en métairies, en villages entiers, qui étaient échus par dons et par testaments à l'Église romaine, et qui étaient appelés le patrimoine de saint Pierre. La puissance temporelle sur la ville de Rome était presque tout entière aussi en leurs mains, quoiqu'il y eût encore un gouvernement de l'empereur grec. Mais, lorsque Rome fut attaquée par les Lombards, le pape Étienne II appela le roi Pépin à son aide. Il vint, battit les Lombards, et, après s'être emparé de l'exarchat, seul territoire des conquêtes de Justinien en Italie demeuré aux empereurs grecs, il en fit don au pape, avec Ravenne, sa capitale. CHARLEMAGNE, que le pape ADRIEN Jer

[blocks in formation]

1

-appela à son secours contre les Lombards, mit fin à leur domination 1; il confirma et étendit la donation de Pépin, son père. Le pape devint ainsi un prince ayant un territoire et des sujets; mais, dans la position temporelle où il se trouvait, il avait pour supérieur le roi de France, et il était à peu près, eu égard à lui, dans les mêmes rapports qu'un puissant vassal vis-à-vis de son suzerain. Cependant ces rapports n'étaient pas exactement déterminés, et ils devinrent dans la suite une abondante source de complications, qui, suivant les circonstances et la participation des familles puissantes de Rome, se décidaient tantôt en faveur de l'un, tantôt en faveur de l'autre. Mais Charlemagne sut tenir les papes dans sa dépendance, et, dans les temps qui suivirent, ils eurent souvent besoin de la force temporelle pour les protéger.

le

Après avoir rétabli dans sa dignité et dans sa puissance

pape LÉON III, qui s'était enfui auprès de lui à Paderborn, Charlemagne, le jour de Noël, étant venu dans l'ancienne église de Saint-Pierre à Rome, et s'étant agenouillé devant l'autel, le pape, comme par une inspiration divine, lui plaça sur la tête la couronne d'empereur romain, et tout le peuple s'écria: «Salut et bénédiction à l'auguste Charles, à celui qui tient de Dieu sa couronne, au grand et pacifique empereur des Romains!» L'empepereur ne reçut par là aucun accroissement réel et immédiat de puissance, mais, dans l'imagination des peuples, il obtint une dignité par laquelle fut consacré son pouvoir sur l'Occident. Par ce renouvellement de l'empire, le pape reconnut solennellement un maître qui lui était supérieur, et qu'il parut néanmoins avoir établi lui-même. Le rétablissement de la dignité d'empereur romain n'était encore

[blocks in formation]

qu'une pensée, mais une pensée d'une portée immense, qui acquit la plus haute importance dans l'histoire du monde, et qui devint la première cause des luttes qui, pendant des siècles, eurent lieu entre les empereurs et les papes. Dès ce moment-là, cette dignité fut regardée comme la première dans la chrétienté, au moins en Occident, et l' l'empereur fut considéré comme en étant le principal protecteur. Dès lors, les empereurs jugèrent le moment opportun pour revendiquer la possession incertaine de l'Italie. Avec le pouvoir croissant des papes, se plaça bientôt au premier plan de l'histoire la question de savoir si l'empereur était au-dessus du pape, ou celui-ci au-dessus de l'empereur; et, si l'empereur voulait que le choix du pape dépendît de lui, et n'en voulait reconnaître aucun sans sa confirmation; les nominations au trône impérial étaient, d'autre part, revendiquées comme un droit, et l'on fit valoir ce principe que nul ne peut être empereur sans être couronné par le pape1.

Plus tard on inventa le récit que le pouvoir temporel des papes était un don de Constantin, mais il manque de tout fondement; ce qui y a donné naissance, c'est qu'il était peu agréable aux papes que, dans leurs disputes avec les empereurs, on leur rappelât que l'origine de leur puissance temporelle provenait des carlovingiens.

TROISIÈME SECTION

Doctrines, disputes et partis

38

Considérations générales

C'est un besoin pour l'homme d'arriver à la foi par la réflexion, et non-seulement d'avoir la conscience du fondement sur lequel elle repose, mais encore de déterminer le contenu de sa foi, de manière à s'en rendre compte le mieux possible. C'est surtout ce qui arrive lorsque l'homme ne se contente plus des données immédiates de la foi et de la vie religieuse; alors il cherche à saisir l'esprit et l'origine de cette même foi, et à remplacer, par le raisonnement et par la réflexion, la conviction que le sentiment avait déjà enracinée en lui. Aussi la communion de l'Église devient alors essentiellement une communion de croyance, et le besoin du fidèle de s'entendre avec ses frères dans la foi, en un mot, de parvenir à l'unité de l'esprit, conduit à déterminer avec plus d'exactitude les enseignements de l'Église. C'est ce qui devait avoir lieu de plus en plus à mesure que se formait l'idée d'une Église une et universelle, et que cette idée acquérait une forme et une place dans le domaine des faits. Mais les diversités qui se trouvaient dans la pensée humaine et dans le genre de vie devaient bientôt paraître au grand jour. Il se forma des vues divergentes, des oppositions et des partis que l'Église ne pouvait voir avec indifférence, et qui l'agitèrent d'autant plus qu'elle avait soutenu victorieusement la lutte contre les pouvoirs extérieurs, et qu'elle était en

tourée des rayons de la gloire d'une domination temporelle.

En elles-mêmes, les oppositions et les luttes ne sont pas plus un mal dans la société que les orages dans la nature; elles entretiennent la fraîcheur et la vie de l'esprit, elles enseignent à conserver avec plus de soin les vrais biens de l'âme, et elles doivent et peuvent contribuer à ce que les chrétiens aient le sentiment toujours plus intime du fond qui leur est commun, de la foi et de l'espérance qui les unit tous, de l'unité de l'esprit par le lien de la paix.

Malheureusement il n'en fut point ainsi; la diversité et l'indépendance des vues furent étouffées par les efforts qu'on fit pour parvenir à l'unité de doctrine, et le sentiment de l'unité dans les choses essentielles fut troublé et obscurci par la haine à l'occasion des différences dans les détails; « en sorte que ce n'était pas seulement une opinion antichrétienne, mais surtout aussi les manières différentes de comprendre le christianisme, qu'on repoussait également'. » Dans les luttes que provoquent les convictions opposées se mêle facilement la passion humaine, et il en advint ainsi d'autant plus promptement lorsque l'Église fut devenue la dispensatrice des honneurs et de la puissance du monde. Mais ce ne fut pas tout; la chaleur du sentiment religieux et l'énergie intime des persuasions qui nous sont propres, conduisent aussi facilement à la contrainte et à la violence, et celles-ci, à leur tour, engendrent des partis et des sectes. La cour impériale de Constantinople non-seulement prit à cœur ces dissensions sur la doctrine, mais y intervint encore avec sa puissance

'Karl Hase, Kirchengeschichte, § 102. Cet ouvrage est quelquefois par M. Clemen, et les citations en seront toujours indiquées plus loin par de simples guillemets. (Note du trad.)

cité

« PoprzedniaDalej »