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leur avait refusé une marque de respect, découvrirent et publièrent le secret de sa naissance, ce qui l'engagea à aller se fixer dans la Haute-Galilée, puis à Jérusalem.

Il y avait, dans la partie du temple appelée le Saint des Saints, une pierre sur laquelle était gravé le nom de Dieu. Les Sages, craignant qu'il ne fût découvert par des jeunes gens et qu'il n'en résultât de grands maux, fabriquèrent, par des procédés magiques, deux lions d'airain, qu'ils mirent à l'entrée du Saint des Saints, afin que, par leurs rugissements furieux, ils effrayassent l'indiscret qui serait parvenu à connaître le nom mystérieux et le lui fissent oublier; mais Jeschu, ayant trouvé moyen, par magie, de pénétrer dans le lieu inaccessible, où déroba le nom, se précautionna contre les terreurs qui l'attendaient. Après avoir écrit sur une lanière de parchemin le nom ineffable, il le prononça pour se faire sans douleur une încision dans la chair, y cacher le parchemin et refermer la plaie. Une fois sorti, il retira la lanière et apprit le nom divin.

Étant retourné à Bethléem, il se dit fils de Dieu, në d'une vierge. On lui demanda des miracles pour justifier sa prétention. En prononçant le nom sacré, il ressuscita un mort et guérit un lépreux.

Nous ne croyons pas utile de pousser plus loin l'analyse de cette diatribe; il nous suffit d'y avoir montré la preuve que, d'après les traditions rabbiniques, les miracles de Jésus-Christ avaient eu lieu, et qu'ils étaient attribués à la découverte subreptice du nom de Dieu.

Les Juifs ne contestaient pas non plus les miracles des apôtres; mais ils les avaient en horreur et ne voulaient pas en user pour la guérison de leurs malades. Galatinus rapporte ce passage du Talmud de Jérusalem, au livre Avoda-Zara: « Rabbi Johanan dit que le fils du fils de Rabbi Josué, fils de Lévi, avait avalé quelque chose de

mortel. Il fut conjuré au nom de Jésus, fils de Panther, et il fut guéri. Le père de l'enfant demanda ensuite à celui qui l'avait guéri: Qu'as-tu dit sur lui? Il répondit: J'ai invoqué le nom de Jésus de Nazareth. Le père de l'enfant répartit: Il eût mieux valu pour lui mourir que d'entendre cette parole. C'est ce qui lui arriva sur-lechamp. Rabbi Joses dit qu'un serpent mordit Eléazar, fils de Duma-Jacob. L'un des disciples de Jésus, fils de Panther, vint à lui pour le guérir et lui dit : J'emploierai pour toi le nom de Jésus de Nazareth, et tu seras guéri. Rabbi Samuel lui dit: Cela ne t'est pas permis, fils de Duma. Celui-ci répliqua : Je donnerai la preuve qu'il m'est permis de me faire guérir; mais il n'en eut pas le temps, il mourut (1). »

Ainsi il est avéré que les Juifs ne niaient pas les miracles chrétiens. Quant à leur obstination dans leur croyance, il avait été prédit qu'ils seraient rejetés et que les Gentils les remplaceraient: nous le constaterons; on ne doit donc pas s'étonner que la masse de la nation ait méconnu Jésus-Christ. Néanmoins beaucoup d'entre eux, frappés de ses miracles, avaient cru en lui; ils le recurent en triomphe à Jérusalem; mais les puissants, irrités de ce qu'en toute occasion il censurait leurs vices, attribuaient ses prodiges au démon, et lorsque la multitude le vit garrotté, traîné de tribunal en tribunal, abreuvé de toute sorte d'ignominies, attaché à une croix, sans qu'il donnât aucun signe de sa puissance, elle se persuada, comme ses chefs, qu'elle avait été séduite par un imposteur; plus elle l'avait admiré, plus elle montra contre lui d'acharnement. Il y eut pourtant chez eux bon nombre de chrétiens dont la conversion, humainement inexplicable, å cause du caractère de la nation et de son attachement à

(1) De Arcan. cathol. verit., p. 445.

sa loi, ne put être déterminée que par des miracles. On se rappelle le témoignage de saint Paul sur l'apparition de Jésus ressuscité à plus de cinq cents frères à la fois, et ces frères étaient des Juifs. Deux prédications de saint Pierre à Jérusalem, appuyées sur cette résurrection, moins de deux mois après qu'elle avait eu lieu, amenèrent huit mille conversions de Juifs (1). L'Eglise de Jérusalem continua de faire des progrès. L'objection de la conduite.des Juifs est donc sans fondement.

Nous devons dire la même chose de celle qu'on a cru trouver dans le silence des auteurs profanes relativement aux miracles. Quand il serait absolu, on n'aurait pas le droit de s'en étonner. Des faits accomplis en Judée pouvaient facilement échapper à la connaissance des historiens grecs et romains, peu disposés d'ailleurs à accueillir les narrations merveilleuses venant d'un peuple réputé superstitieux.

Toutefois, il y en eut qui s'en occupèrent. De même que les Juifs, ils ne les méconnaissaient pas et ils les attribuaient à la magie ou cherchaient à les ravaler. Un Juif, que Celse met en discussion avec Jésus, parle ainsi : « Nous ne croyons pas les anciennes fables, qui disent que Persée, Eaque et Minos sont fils des dieux, quoiqu'elles nous racontent que ces hommes ont fait de grandes choses, des choses admirables et au-dessus des forces humaines. Vous, qu'avez-vous dit ou fait d'extraordinaire et d'admirable? Rien jusqu'à présent, quoique les Juifs vous aient provoqué dans le temps à montrer par quelque miracle évident que vous étiez le Fils de Dieu. » Prévoyant qu'on lui opposera les miracles de Jésus-Christ, Celse exprime la pensée que ces prodiges, les guérisons, les résurrections de quelques morts, la, multiplication des pains, ont

(1) Act. II, 41; IV, 4.

été exagérés par les apôtres; puis il ajoute : « Je veux que ces choses aient été faites comme elles sont racontées: il faut les mettre au nombre de ces merveilles, œuvres des magiciens instruits par les Egyptiens, qui, pour quelques petites pièces de monnaie, font sur les places publiques des choses extraordinaires, chassent les démons des corps des hommes, guérissent les malades, évoquent les âmes des héros, présentent des tables chargées des plus excellents mets quoiqu'il n'y ait là rien de réel, font mouvoir des animaux qui n'existent pas et ne sont que de vains fantômes. Est-ce que nous devons croire que ces hommes sont fils de Dieu parce qu'ils font ces choses? Ne devons-nous pas plutôt dire que ce sont des opérations d'hommes méchants et de mauvais génies (1)? »

Julien affecte de les dédaigner: « Pendant sa vie, Jésus ne fit rien de remarquable, à moins qu'on ne mette au nombre des grandes choses d'avoir guéri des boiteux et des aveugles, et d'avoir exorcisé des démons dans les villages de Bethsaïde et de Béthanie (2). »

Eusèbe a écrit contre Hiéroclès, préteur de Bithynie, puis gouverneur d'Alexandrie, qui, dans un ouvrage intitulé Philaléthès, de la fin du IIIe siècle, avait comparé Apollonius de Tyane à Jésus-Christ, dont il constatait les miracles en essayant de les rabaisser. Hiéroclès, dit Eusèbe, ayant rapporté d'abord les prétendus prodiges d'Apollonius, ajoute: « Dans quel but ai-je rapporté ces choses? Afin qu'on puisse mettre en parallèle notre jugement exact et solide surtout avec la légèreté des chrétiens; car nous ne regardons pas comme un dieu celui qui a fait de si grandes choses, mais comme un homme cher et agréable aux dieux, tandis que, pour quelques petits prodiges, les chrétiens font un dieu de Jésus. Une

(1) Ap. Origen. C. Celsum, 1, 67.

(2) Ap. S. Cyrill. adv. Jul., 1. vi.

chose encore digne de considération c'est que les actions de Jésus ont été merveilleusement exaltées par Pierre et Paul et autres gens de même autorité, hommes menteurs, dépourvus de science, imposteurs, et que celles d'Apollonius ont été racontées par Maxime d'Egium, le philosophe Damis et Philostrate, Athénien, hommes d'une immense érudition et amis de la vérité, qui, pour l'avantage du genre humain, n'ont pas voulu laisser ignorer les actes d'un homme éminent et très-agréable aux dieux. »

De ces faits il résulte que les miracles de Jésus-Christ ont été constatés par les païens aussi bien que par les Juifs.

L'édifice chrétien repose manifestement sur les miraracles, fondement inébranlable, en dépit de tous les chocs de l'ignorance, de l'orgueil, des habitudes, des préjugés, de l'intérêt, des passions. Jésus-Christ en signale la suréminente valeur: « J'ai, disait-il, un témoignage plus grand que celui de Jean, car les œuvres que mon Père m'a donné de faire attestent que c'est Lui qui m'a envoyé (1). » Jean-Baptiste, apprenant dans sa prison ces prodiges, envoie à Jésus-Christ deux de ses disciples pour lui demander s'il est Celui qui doit venir ou s'il faut en attendre un autre. Jésus leur répond: « Allez dire à Jean ce que vous avez appris et ce dont vous avez été témoins les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent (2). » Quand les Juifs le pressent de leur déclarer formellement s'il est le Christ, il leur répond: Je vous parle, et vous ne m'écoutez pas. Les œuvres que j'exécute au nom de mon Père rendent témoignage de moi; si vous ne voulez pas me croire, croyez à mes œuvres (3). » Il fait sentir le crime de ceux qui n'en ont

(1) Jean, v, 35.

(2) Matt. x1, 2. — (3) Jean, x, 24-38.

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