Le Soleil, disait-il, eut dessein autrefois Aussitôt on ouït, d'une commune voix, Les citoyennes des étangs. Que ferons-nous, s'il lui vient des enfants? A l'eau du Styx1. Pour un pauvre animal, FABLE XIII. Le Villageois et le Serpent. Ésope conte qu'un manant2, Charitable autant que peu sage, Aperçut un serpent sur la neige étendu, N'ayant pas à vivre un quart d'heure. Le villageois le prend, l'emporte en sa demeure ; (') Fleuve des enfers, au bord duquel erraient les ombres des morts. (2) Paysan, villageois. Aujourd'hui il ne signifie plus qu'un homme grossier et mal élevé. (3) Lc salaire, la récompense. Ce mot n'est plus usité que pour exprimer le prix annuel d'une habitation. D'une action de ce mérite, Le réchauffe, le ressuscite. L'animal engourdi sent à peine le chaud, Il est bon d'être charitable: Mais envers qui? c'est là le point. FABLE XIV. Le Lion malade et le Renard. De par le roi des animaux 5, (1) Voyez la note de la fable I du livre V. (2) Le mot insecte ne peut s'appliquer au serpent, qui est un reptile. (3) Tous les édits ou ordonnances qui se publiaient autrefois commençaient par cette formule: De par le roi, c'est-à-dire de la part du roi, il est fait savoir, ou il est ordonné. La Fontaine transporte ces formules dans le monde des auimaux. Fut fait savoir à ses vassaux Que chaque espèce en ambassade Les pas empreints sur la poussière FABLE XV. L'Oiseleur, l'Autour et l'Alouette. Les injustices des pervers Servent souvent d'excuse aux nôtres. Telle est la voix de l'univers : Si tu veux qu'on t'épargne, épargne aussi les autres. Un manant1 au mirolr2 prenait des oisillons. Sur celle qui chantait, quoique près du tombeau. Lorsque, se rencontrant sous la main de l'oiseau, Pendant qu'à la plumer l'autour est occupé, FABLE XVI. Le Cheval et l'Ane. En ce monde il se faut l'un l'autre secourir : C'est sur toi que le fardeau tombe. (1) Paysan. Voyez la note de la fable XIII de ce livre. (2) Au miroir, piége à prendre les oiseaux au moyen d'un miroir tournant qui les attire et les éblouit. (3) Oiseau de proie très cruel qui dépèce et plume les oiseaux avant de les manger. (4) On a déjà fait remarquer que du temps cù la langue n'était point encore parfaitement fixée, les poëtes admettaient à volonté certains provincialismes. Ongle est aujourd'hui masculin, et le féminin de malin fait maligne; mais le mot ongle qui est féminin en latin, est encore demeuré tel en certaines provinces, et on a déjà vu ailleurs que la prononciation des mots en gne ou gnée n'était point invariable. Aujourd'hui le peuple dit encore maline pour maligne. |