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le visiteur fut Michel Compagnon. Sa conduite donna lieu à des plaintes dès le 7 décembre 1559« Il est trop déli«quat en son office, ne faisant pas son debvoir à visiter

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les mortz diligemment, puys à tous propos fendant les << mortz pour faire des anatomies. Arresté qu'on luy face grandes remonstrances de cela et luy soyt faicte défence de ne plus fendre les corps sans licence de ceux esquels il attoche1». Compagnon quitta Genève en 1563 et fut remplacé par Jean Du Piotay, chirurgien de l'hôpital. Après la mort de celui-ci, on sépara de nouveau les deux charges et Jean Flamand père fut visiteur jusqu'à sa mort (1568).

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Les chirurgiens de Genève paraissent avoir eu à cette époque beaucoup de zèle pour s'instruire. En septembre 1553, les médecins ayant trouvé que les chirurgiens qui s'étaient présentés pour servir à l'hôpital étaient «< bons pour apprendre », offrirent de leur donner des leçons. Les chirurgiens s'empressèrent d'accepter cette offre : 28 septembre 1553. Sus la supplication desditz cirurgiens tendant aux fins de leur donner licence d'havoir une lecture en cirurgie icy en ceste cité pour et afin ilz puyssent myeulx sçavoir comment ils doibvent gou<< verner ceulx qu'ils hont besoing de leur service et si plaict ils le puyssent faire à quattres heures de mattin. Arresté que l'on leur oultroye la leçon à leurs despens et que l'heure soyt à mydy 2

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Cette heure parut trop tardive aux chirurgiens qui obtinrent du Conseil, le 5 octobre, que le cours commencerait entre 5 et 6 heures du matin. Je n'ai pas trouvé de traces

1 R. C., vol. LV, fol. 154, vo,
2 R. C., vol. XLVII, fol. 158, vo.

ultérieures de cet enseignement matinal qui ne doit pas avoir duré longtemps, mais si la théorie leur fit défaut, les chirurgiens genevois s'efforcèrent d'acquérir des connaissances pratiques. On les voit constamment demander au Conseil les corps des suppliciés pour en faire des anatomies et les pénalités rigoureuses de la justice d'alors leur fournissaient autant de sujets qu'ils en pouvaient désirer.

Deux chirurgiens seulement, Claude Convers et Pierre Tissot firent partie du CC à cette époque. Le premier était probablement citoyen; le second, originaire de Cruseilles, fut reçu bourgeois gratis sur la recommandation de Bonivard, le 19 janvier 1553 et fut nommé du CC en 1558.

La situation sociale inférieure des chirurgiens du temps de Calvin les empêcha de jouer un rôle politique important. Plusieurs cependant furent activement mêlés aux troubles qui précédèrent le triomphe du régime calviniste. Il y a dès lors des chirurgiens dans l'opposition; nous verrons qu'il en sera de même au XVIIIe siècle.

Les frères Jean et Pierre Biolley comptaient sinon parmi les plus marquants du moins parmi les plus fougueux des partisans de Jean Philippe. Ces deux chirurgiens prirent une part bruyante aux désordres qui précédèrent la prise d'armes du 6 juin 1540, et ce jour-là, furent au nombre de ceux qui commencèrent le débat. Quand vint la répression, Pierre avait pris le large; il est cité parmi les fugitifs qui se trouvaient à Lausanne pendant la marche d'octobre 1540. Jean fut mis en prison et y était encore le 18 juillet. Libéré peu après, sous la condition de ne pas porter son bâten, c'est-à-dire son arme à feu dans la ville, il fut les années suivantes repris et emprisonné plusieurs fois pour avoir contrevenu à cette défense. Pierre Biolley ne put rentrer à Genève qu'après avoir été gràcié par le Conseil des Deux

Cents, conformément aux conditions du départ de Bâle. (Arrêt du 14 novembre 1544.)

Le barbier Louis Tronchonaz, de Thonon, reçu bourgeois gratis le 15 novembre 1552, à la requête du seigneur Ami Perrin, tint fidèlement le parti de son protecteur. Il s'enfuit après l'émeute du 16 mai 1555, fut proclamé à son de trompe et sommé de comparaître le 22 juillet. Tronchonaz s'en garda bien et fut condamné par contumace le 2 septembre au bannissement perpétuel à peine de la tête. Notre barbier fit dès lors partie de ces bandes de condamnés qui, courant les routes autour du territoire de la République et couverts de la protection presque déclarée des magistrats bernois, molestaient de paroles et de voies de fait les Genevois qu'ils rencontraient, surtout s'ils tenaient le parti de Calvin et des réfugiés. Quand ils étaient de bonne humeur, ces fugitifs trouvaient plaisant de faire contrevenir Genevois et Genevoises aux ordonnances ecclésiastiques. C'est ainsi que le 31 mars 1558, plusieurs femmes furent mises en prison pour avoir dansé au « virolet avec des condamnés parmi lesquels est cité Louis Tronchonaz1.

Il ne s'agissait pas toujours de danser. C'est ce qu'éprouva entre autres le chirurgien Pierre Tissot, le protégé de Bonivard cité plus haut, contre lequel les Perrinistes paraissent avoir une rancune particulière et tenace. Il fut assailli par deux condamnés, le 24 avril 1559, comme il revenait de saigner deux chambrières du bailli de Ternier et « dut s'eschapper au recours chez ledit baillifz ? ». Six ans plus tard, le 3 octobre 1565, il fut de nouveau attaqué

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1 R. C., vol. LIV, fol. 127.

2 R. C., vol. LV, fol. 36.

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sur le pont d'Etrembières par plusieurs bannis dont à peine il eschappa1

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Un des derniers jours d'avril 1558, Maître Jacques Sylvestre, exécuteur de la haute justice, revenait de Céligny où il avait procédé à la décapitation de Pierre Vernaz, partisan de Perrin, qui s'était laissé prendre dans ce village et que le Conseil avait fait exécuter sur place, pour éviter de demander le passage sur les terres de Berne. Entre Coppet et Versoix, le bourreau fut attaqué par une bande de condamnés et blessé à la tête d'un coup de pistolet par Balthazar Sept. Ce fait divers n'aurait rien à voir avec l'histoire médicale de Genève, si la blessure du bourreau n'avait donné lieu à un rapport médico-légal dressé par deux médecins et quatre chirurgiens 2 :

Le 29me d'apvril 1558.

ques Sylvestre.

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Rapport sur la blessure de Ja

Rapportent honorables Personnes: Guilliaulme SainctRavy et Philibert Sarrazin médicins. Maistre Pierre Tissot, Jehan Flamand, Pierre Prouillioud et Pierre Provost, bourgeois de ceste cité, avoir aujourd'huy veu et visité une playe qu'a esté faicte d'un coup de pistollet « en la personne de Mre Jaques Sylvestre exécuteur, par Balthazard Sept condampné, entre Coppet et Versoix au long du lac, estant accompagné de Louys Cusin hérault « à cheval de Nos Seigneurs et suppérieurs, et icelle Playe << estant en la teste du costé droict. Iceux ont référuz avoir

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visitez ledit Pacient et iceluy trouvé blessé de contusion avecq playe pénétrante jusques au péricraine, et c'est un

1 R. C., vol. LX, fol. 105, vo.

2 Ce rapport se trouve dans un volume spécial, coté: Informations Criminelles, vol. I, consacré aux enquêtes contre Perrin et ses complices, au folio 195.

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peu dessus l'origine du muscèle temporal dextre, avecq effusion de sang, comme est apparu par son oreille,

chappeau et habillemens. Ainsy est comme il est cydessus couché, tesmoing mon seing manuel. »

(Signé): Philibert SARRAZIN. Guillaume SENRAVI. Pierre TISSOT. Pierre PREVOST. Pierre PROUILLIOUD.

La signature du quatrième chirurgien, Jean Flamand, manque, peut-être ne savait-il pas écrire; il y a plusieurs exemples de barbiers illettrés à cette époque et même plus tard.

Au point de vue de leur vie privée, les chirurgiens d'alors étaient loin d'être exemplaires. S'ils commençaient le débat dans les émeutes, ils jouaient aussi assez souvent du poing et même de l'épée dans des rixes particulières. Les noms de plusieurs d'entre eux se retrouvent à maintes reprises parmi ceux des querelleurs appelés en justice. Le plus incorrigible de ces malvivants était peut-être Aymoz Tissot dit Ringuet, de Cruseilles, qui fut deux fois banni sous peine du fouet pour ses insolences, ivrogneries et débats. Ce n'était pourtant pas le premier barbier venu, puisque dix-huit mois après son second bannissement, un malade demandait au Conseil de permettre à Ringuet de venir en ceste cité pour luy abattre les cataractes des yeux, attendu qu'il n'en treuve point d'autre1». Le Conseil, en veine d'indulgence ce jour-là, accorda un sauf-conduit de deux mois à Ringuet.

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Le Consistoire avait souvent à citer à sa barre des chirurgiens, soit pour paillardise, soit pour violences, soit pour les cas plus gravement punis alors de blasphème ou d'attachement à l'ancienne religion. C'est ainsi que Jean Cha

1 R. C., vol. LVII, fol. 32, vo (2 avril 1562).

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