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Remettez-vous l'âme en repos,
Changez ces funestes propos;
Et par la fin de vos tempêtes,
Obligeant tous les beaux esprits,
Conservez au siècle où vous êtes
Ce que vous lui donnez de prix.

Amour autrefois en vos yeux
Plein d'appas si délicieux,
Devient mélancolique et sombre,
Quand il voit qu'un si long ennui
Vous fait consumer pour une ombre
Ce que vous n'avez que pour lui.

S'il vous ressouvient du pouvoir
Que ses traits vous ont fait avoir,
Quand vos lumières étoient calmes,
Permettez-lui de vous guérir,
Et ne différez point les palmes
Qu'il brûle de vous acquérir.

Le temps d'un insensible cours
Nous porte à la fin de nos jours;
C'est à notre sage conduite,
Sans murmurer de ce défaut,
De nous consoler de sa fuite,

En le ménageant comme il faut.

69. Vos lumières, vos yeux. C'est le lumina des Latins.

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X

DESSEIN DE QUITTER UNE DAME

QUI NE LE CONTENTOIT QUE DE PROMESSE.

STANCES.

Cette pièce a été imprimée d'abord dans le tome II du Parnasse des plus excellents poëtes de ce temps, dont quelques exemplaires, suivant Saint-Marc, sont datés de 1599. Elle porte le titre de chanson dans un autre Recueil.

Beauté, mon beau souci, de qui l'âme incertaine

A, comme l'Océan, son flux et son reflux,
Pensez de vous résoudre à soulager ma peine,
Ou je me vais résoudre à ne le souffrir plus.

Vos yeux ont des appas que j'aime et que je prise,
Et qui peuvent beaucoup dessus ma liberté ;
Mais pour me retenir, s'ils font cas de ma prise,
Il leur faut de l'amour autant que de beauté.

Quand je pense être au point que cela s'accomplisse,
Quelque excuse toujours en empêche l'effet;
C'est la toile sans fin de la femme d'Ulysse,
Dont l'ouvrage du soir au matin se défait.

Madame, avisez-y, vous perdez votre gloire

1. VAR. (D): Beauté, mon cher souci.

4. VAR. (ibid.) : Ou je me résoudrai de ne le souffrir plus. 7. VAR. (ibid.): Mais en me retenant....

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De me l'avoir promis, et vous rire de moi;

S'il ne vous en souvient vous manquez de mémoire, 15 Et s'il vous en souvient vous n'avez point de foi.

J'avois toujours fait compte, aimant chose si haute,
De ne m'en séparer qu'avecque le trépas;

S'il arrive autrement ce sera votre faute,

De faire des serments et ne les tenir

pas.

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16. VAR. (D) : Ou s'il vous en souvient....
17, 18. VAR. (ibid.):

J'avois toujours fait cas, aimant chose si haute,
De ne m'en départir jusques à mon trépas.

XI

CONSOLATION A MONSIEUR DU PÉRIER, GENTILHOMME D'AIX EN PROVence, sur la MORT DE SA FILLE.

STANCES.

Ces stances, les plus célèbres de Malherbe, ont été écrites postérieurement au mois de juin 1599, puisque le poëte y fait allusion à la mort de ses deux premiers enfants, dont le second mourut dans ses bras, à Caen, le 23 juin de cette année. Elles furent imprimées en 1607, dans le tome II du Parnasse des plus excellents poetes de ce temps, et avaient d'abord paru en Provence, en feuille volante. Cette première édition, aujourd'hui introuvable, contenait de nombreuses variantes, que Huet avait transcrites sur un exemplaire des œuvres de Malherbe (édition de 1666). Saint-Marc eut communication de ce volume, et c'est d'après lui que nous donnerons les

variantes.

François du Périer, fils de Laurent du Périer, avocat au parlement d'Aix, était un grand ami de Malherbe, qui en parle souvent dans ses lettres. Sa fille s'appelait Marguerite. On raconte que Malherbe avait d'abord rédigé ainsi le vers 15:

Et Rosette a vécu ce que vivent les roses;

mais à l'imprimerie on déchiffra mal le manuscrit, et l'on mit Roselle au lieu de Rosette. En lisant l'épreuve à haute voix, le poëte fut frappé de ce changement et écrivit le vers tel qu'il est aujourd'hui. Nous ne savons où cette anecdote fort connue a été rapportée pour la première fois, mais elle nous semble démentie par la rédaction primitive du vers en question que nous donne une variante rapportée plus bas.

Dans un manuscrit de la collection Gaignières, à la Bibliothèque impériale (n° 1001, p. 274), on trouve une parodie de cette pièce, à propos d'un factum de Sacy pour M. de Pommereu. Elle commence ainsi :

Ta fureur, de Sacy, sera-t-elle éternelle?

Ta douleur, du Périer, sera donc éternelle,
Et les tristes discours

Que te met en l'esprit l'amitié paternelle
L'augmenteront toujours?

Le malheur de ta fille au tombeau descendue,

Par un commun trépas.

Est-ce quelque dédale, où ta raison perdue
Ne se retrouve pas?

Je sais de quels appas son enfance étoit pleine,
Et n'ai pas entrepris,

Injurieux ami, de soulager ta peine

Avecque son mépris.

Mais elle étoit du monde, où les plus belles choses
Ont le pire destin;

1-4. VAR. :

Ta douleur, Cléophon, sera donc incurable,
Et les sages discours

Qu'apporte à l'adoucir un ami secourable,
L'enaigrissent toujours.

9-12. VAR.:

J'ai su de son esprit la beauté naturelle,
Et si par du mépris

Je voulois t'empêcher de soupirer pour elle,
Je serois mal appris.

Nul autre plus que moi n'a fait cas de sa perte,
Pour avoir vu ses mœurs,

Avec étonnement qu'une saison si verte

13-16. VAR. :

Portât des fruits si meurs.

Mais elle étoit du monde, où les plus belles choses
Font le moins de séjour,

Et ne pouvoit Rosette être mieux que les roses
Qui ne vivent qu'un jour.

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ΙΟ

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