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XCI

AU ROI.

SONNET.

Inséré en 1627 dans le Recueil des plus beaux vers, ce sonnet avait d'abord été imprimé en feuille volante. J'en ai trouvé à la Bibliothèque impériale un exemplaire au bas duquel se lit cette note manuscrite, d'une écriture du temps: « Le Roi lui fit donner 500 écus le jour qu'il lui présenta ce sonnet. » Cette particularité permet de dater la pièce, car dans une lettre de Malherbe à son cousin de Bouillon, en date du 28 février 1624, on rencontre ce passage: « Je vous envoie demi-douzaine de copies d'un sonnet que je donnai au Roi il y a cinq ou six jours.... L'effet qu'il a eu, ç'a été cinq cents écus que le Roi m'a donnés par acquit patent. »>

Muses, je suis confus; mon devoir me convie
A louer de mon Roi les rares qualités;
Mais le mauvais destin qu'ont les témérités
Fait peur à ma foiblesse, et m'en ôte l'envie.

A quel front orgueilleux n'a l'audace ravie
Le nombre des lauriers qu'il a déjà plantés?
Et ce que sa valeur a fait en deux étés,
Alcide l'eût-il fait en deux siècles de vie?

Il arrivoit à peine à l'âge de vingt ans,
Quand sa juste colère assaillant nos Titans,
Nous donna de nos maux l'heureuse délivrance.

Certes, ou ce miracle a mes sens éblouis,

Ou Mars s'est mis lui-même au trône de la France,
Et s'est fait notre roi sous le nom de Louis.

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XCII

A MONSEIGNEUR LE CARDINAL DE RICHELIEU.

SONNET.

Malherbe écrivit probablement cette pièce en 1624, lorsque le cardinal de Richelieu entra (26 avril) au conseil du Roi. Elle parut d'abord en feuille volante, puis en 1627 dans le Recueil des plus beaux vers.

A ce coup nos frayeurs n'auront plus de raison,
Grande âme aux grands travaux sans repos adonnée;
Puisque par vos conseils la France est gouvernée,
Tout ce qui la travaille aura sa guérison.

Tel

que fut rajeuni le vieil âge d'Éson, Telle cette Princesse en vos mains résinée Vaincra de ses destins la rigueur obstinée, Et reprendra le teint de sa verte saison.

Le bon sens de mon roi m'a toujours fait prédire
Que les fruits de la paix combleroient son empire,
Et comme un demi-dieu le feroient adorer;

Mais voyant que le vôtre aujourd'hui le seconde,
Je ne lui promets pas ce qu'il doit espérer,
Si je ne lui promets la conquête du monde.

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2. Ce vers est reproduit presque textuellement dans la pièce cxvI. 4. VAR. (feuille volante) : Tout ce qu'elle a de mal....

6. Résinée, résignée.

XCIII

AU ROI.

SONNET.

Ménage tenait de Racan que ce sonnet, imprimé en 1627 dans le Recueil des plus beaux vers, avait été composé en 1624.

Qu'avec une valeur à nulle autre seconde,
Et qui seule est fatale à notre guérison,
Votre courage mùr en sa verte saison

Nous ait acquis la paix sur la terre et sur l'onde;

Que l'hydre de la France en révoltes féconde,
Par vous soit du tout morte, ou n'ait plus de poison,
Certes c'est un bonheur dont la juste raison

Promet à votre front la couronne du monde.

Mais qu'en de si beaux faits vous m'ayez pour témoin,
Connoissez-le, mon Roi, c'est le comble du soin
Que de vous obliger ont eu les destinées.

Tous vous savent louer, mais non également ;
Les ouvrages communs vivent quelques années;
Ce que Malherbe écrit dure éternellement.

ΙΟ

XCIV

POUR LE MARQUIS DE LA VIEUVILLE,
SUPERINTENDANT DES FINANCES.

SONNET.

Imprimé d'abord en feuille volante, puis en 1627 dans le Recueil des plus beaux vers, mais composé en 1624 au plus tard; car le marquis de la Vieuville, nommé en 1623 surintendant des finances, ne garda qu'un an cette charge.

Il est vrai, la Vieuville, et quiconque le nie
Condamne impudemment le bon goût de mon roi;
Nous devons des autels à la sincère foi

Dont ta dextérité nos affaires manie.

Tes soins laborieux, et ton libre génie,

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Qui hors de la raison ne connoît point de loi,
Ont mis fin aux malheurs qu'attiroit après soi
De nos profusions l'effroyable manie.

Tout ce qu'à tes vertus il reste à desirer,
C'est que les beaux esprits les veuillent honorer,
Et qu'en l'éternité la Muse les imprime.

J'en ai bien le dessein dans mon âme formé;
Mais je suis généreux, et tiens cette maxime,
Qu'il ne faut point aimer quand on n'est point aimé.

7. VAR. (feuille volante): Ont fini le malheur....

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XCV

FRAGMENT.

On trouve ces vers, les seuls en rimes plates que l'on connaisse de Malherbe, dans une lettre sans date adressée à Racan par le poëte, qui, après les avoir rapportés, ajoute : « Vous savez trop bien que c'est que de vers, pour ne connoître pas que ceux-là sont de ma façon. Si vous en goûtez la rime, goûtez-en encore mieux la raison. » Publiés pour la première fois en 1627 dans le Recueil de lettres nouvelles donné par Faret (Paris, Toussaint du Bray, in-8°), ils ont été faits pour Mme de Rambouillet, et au plus tard en 1625; car, dans une autre lettre à Racan, datée du 18 octobre de cette même année, Malherbe en a reproduit trois vers, avec une variante que nous donnons plus bas.

Et maintenant encore en cet âge penchant,

Où mon peu de lumière est si près du couchant,
Quand je verrois Hélène au monde revenue,
En l'état glorieux où Pâris l'a connue,
Faire à toute la terre adorer ses appas,
N'en étant point aimé, je ne l'aimerois
Cette belle bergère, à qui les destinées
Sembloient avoir gardé mes dernières années,
Eut en perfection tous les rares trésors
Qui parent un esprit, et font aimer un corps.

pas.

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Ce ne furent qu'attraits, ce ne furent que charmes;

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3-6. VAR. (lettre à Racan du 18 octobre 1625):

Quand je verrois Hélène au monde revenue....
Pleine autant que jamais de charmes et d'appas,
N'en étant point aimé, je ne l'aimerois pas.

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