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LXXXI

STANCES SPIRITUELLES.

Publiées en 1620 dans les tomes I et II des Délices de la poésie françoise. Costar en a fait la critique dans une de ses lettres (tome I, n° 161) à la marquise de Lavardin.

Louez Dieu par toute la terre,

Non pour la crainte du tonnerre
Dont il menace les humains;

Mais pour ce que sa gloire en merveilles abonde,
Et que tant de beautés qui reluisent au monde
Sont des ouvrages de ses mains.

Sa providence libérale

Est une source générale,

Toujours prête à nous arroser.

L'Aurore et l'Occident s'abreuvent en sa course,

On y puise en Afrique, on y puise sous l'Ourse,
Et rien ne la peut épuiser.

N'est-ce pas lui qui fait aux ondes
Germer les semences fécondes

D'un nombre infini de poissons;

Qui peuple de troupeaux les bois et les montagnes,
Donne aux prés la verdure, et couvre les campagnes
De vendanges et de moissons?

6. VAR. (P): Sont les ouvrages......

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Il est bien dur à sa justice

De voir l'impudente malice

Dont nous l'offensons chaque jour;

Mais comme notre père il excuse nos crimes,
Et même ses courroux, tant soient-ils légitimes,
Sont des marques
de son amour.

Nos affections passagères,
Tenant de nos humeurs légères,

Se font vieilles en un moment,

Quelque nouveau desir comme un vent les emporte;
La sienne toujours ferme, et toujours d'une sorte,
Se conserve éternellement.

29. Les éditions de 1630 et 1631 portent la tienne.

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LXXXII

CHANSON.

Composée pour Mme de Rambouillet, cette chanson parut en 1620 dans le Recueil des plus beaux vers et dans le tome I des Délices de la poésie françoise. Elle avait été faite, suivant Ménage, sur un air donné à Malherbe, ce qui explique l'irrégularité du rhythme.

Chère beauté que mon âme ravie
Comme son pòle va regardant,

Quel astre d'ire et d'envie

Quand vous naissiez marquoit votre ascendant,

Que votre courage endurci,

Plus je le supplie moins ait de merci ?

En tous climats, voire au fond de la Thrace,
Après les neiges et les glaçons,

Le beau temps reprend sa place,

Et les étés mûrissent les moissons;

Chaque saison Ꭹ fait son cours;

En vous seule on trouve qu'il gèle toujours.

J'ai beau me plaindre, et vous conter mes peines,
Avec prières d'y compatir;

J'ai beau m'épuiser les veines,

Et tout mon sang en larmes convertir:

Un mal au deçà du trépas,

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4. Ascendant se disait, en astrologie, du point qui se lève, consi

déré

par rapport à la nativité des personnes.

6. VAR. (P.): ....Moins j'ai de merci.

Tant soit-il extrême, ne vous émeut pas.

Je sais

que c'est : vous êtes offensée,
Comme d'un crime hors de raison,
Que mon ardeur insensée

En trop haut lieu borne sa guérison,
Et voudriez bien, pour la finir,
M'oter l'espérance de rien obtenir.

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Vous vous trompez; c'est aux foibles courages,
Qui toujours portent la peur au sein,

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De succomber aux orages,

Et se lasser d'un pénible dessein.

De moi, plus je suis combattu,

Plus ma résistance montre sa vertu.

Loin de mon front soient ces palmes communes
Où tout le monde peut aspirer;

Loin les vulgaires fortunes,

Où ce n'est qu'un jouir et desirer;

Mon goût cherche l'empêchement,

Quand j'aime sans peine j'aime lâchement.

Je connois bien que dans ce labyrinthe

Le ciel injuste m'a réservé

Tout le fiel, et tout l'absinthe

Dont un amant fut jamais abreuvé;

Mais je ne m'étonne de rien;

Je suis à Rodanthe, je veux mourir sien.

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24. Le recueil de 1620 et les éditions de 1630 et 1631 portent de ne rien obtenir; ce qui est évidemment une faute d'impression, car le vers aurait une syllabe de trop.

42. Rodanthe. Sur ce nom, voyez dans ce volume la vie de Malherbe par Racan.

LXXXIII

A MONSIEUR DE PRÉ, SUR SON PORTRAIT
DE L'ÉLOQUENCE FRANÇOISE.

Le Portrait de l'Éloquence françoise avec dix actions oratoires, par J. du Pré, écuyer, seigneur de la Porte, conseiller du Roi et général en sa Cour des Aides de Normandie, bien que daté de 1621, fut << achevé d'imprimer » le 25 novembre 1620, à Paris, chez Jean l'Évesque, in-8°. Le privilége est du 6 octobre de la même année. A la page 32 se trouvent les vers de Malherbe.

Tu faux, de Pré, de nous pourtraire

Ce

que l'éloquence a d'appas;

Quel besoin as-tu de le faire?
Qui te voit, ne la voit-il pas?

1. Tu faux, tu te trompes, tu as tort.

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