LXXIV SUR LE MARIAGE DU ROI ET DE LA REINE. STANCES. Le mariage de Louis XIII et d'Anne d'Autriche eut lieu le 25 octobre 1615. Les vers de Malherbe furent imprimés en 1620, dans les tomes I et II des Délices de la poésie françoise, avec le titre d'Épi thalame. Mopse entre les devins l'Apollon de cet âge Avoit toujours fait espérer Qu'un soleil qui naîtroit sur les rives du Tage Cette prédiction sembloit une aventure Contre le sens et le discours, N'étant pas convenable aux règles de nature, Anne, qui de Madrid fut l'unique miracle, Au sein de notre Mars satisfait à l'oracle, Bien est-elle un soleil; et ses yeux adorables, Déjà vus de tout l'horizon, Font croire que nos maux seront maux incurables, 1. Mopse, voyez la note du vers 58 de la pièce LXXII. VAR. (P et R): L'Apollon de notre âge. 5 10 15 Si d'un si beau remède ils n'ont leur guérison. Quoi que l'esprit y cherche, il n'y voit que des chaînes Certes c'est à l'Espagne à produire des reines, Heureux couple d'amants, notre grande Marie Elle a forcé les vents, et dompté leur furie; Goûtez-les, beaux esprits, et donnez connoissance, Qu'à des cœurs bien touchés tarder la jouissance, Les fleurs de votre amour dignes de leur racine, Mais il faut passer outre, et des fruits de Lucine Réservez le repos à ces vieilles années Par qui le sang est refroidi; Tout le plaisir des jours est en leurs matinées; 25. VAR. (P): Faites-le, beaux esprits.... 27, 28. Corneille (Polyeucte, I, 1) a dit après Malherbe : Et le desir s'accroît quand l'effet se recule. 20 25 30 35 LXXV POUR METTRE AU DEVANT DU LIVRE DU SIEUR DE LORTIGUES. Ce livre est intitulé: Les Poëmes divers du sieur de Lortigues, Provençal. Au Roi. Paris, J. Gesselin, 1617. La biographie de l'auteur se trouve dans les Vies des poëtes françois, par Colletet, dont le manuscrit est à la bibliothèque du Louvre. Vous dont les censures s'étendent Dessus les ouvrages de tous, Mars et les Muses le défendent. LXXVI PROPHÉTIE DU DIEU DE SEINE. STANCES. Une copie de ces vers, imprimés pour la première fois dans l'édition de 1630, est conservée à la Bibliothèque impériale (Papiers de Baluze, no 133). Elle est intitulée : La Seine au maréchal d'Ancre, le jour qu'il fut tué (24 avril 1617). Malherbe, qui, dans la première strophe, reproduit en partie la pièce LXVI, s'est arrangé cette fois pour prophétiser à coup sûr et sans danger. L'épitaphe du duc de Luynes (voyez plus loin, no Lxxxiv) prouvera encore mieux sa prudente habitude de n'attaquer qu'après leur mort les puissants qu'il avait flattés durant leur vie. Va-t'en à la malheure, excrément de la terre, C'est assez que cinq ans ton audace effrontée, Princes et rois ait osé défier : La Fortune t'appelle au rang de ses victimes, |