XLVIII POUR MADEMOISELLE DE CONTI, MARIE DE BOURBON. Louise de Lorraine, princesse de Conti, accoucha au Louvre, le 8 mars 1610, d'une fille qui fut baptisée le 19; « et, dit l'Estoile, pour ce qu'on voyoit qu'elle alloit bientôt mourir, par ordre de mondit prince (de Conti) ont été choisis et élus deux pauvres de la paroisse, savoir Jacques de Essart pour parrain et Martines Demares pour marraine, lesquels lui ont donné le nom de Marie. » Elle mourut en effet le lendemain, « laissant, écrit Malherbe à Peiresc, Monsieur le prince son père fort affligé; car ce pauvre père ne bougeoit d'auprès du berceau : c'étoit, à ce que l'on dit, la plus belle et la plus grande enfant qui se pouvoit voir. » Une copie autographe des vers de Malherbe, conservée à la bibliothèque de Carpentras, est intitulée : Sur la fille de Madame la princesse de Conti lorsqu'on en eut fait le portrait. Cette pièce et la suivante parurent, en 1627, dans le Recueil des plus beaux vers de ce temps. Outre l'épitaphe en vers donnée ci-après (XLIX), Malherbe en a aussi écrit une en prose qui se trouve à la Bibliothèque impériale dans les Papiers de Baluze (ms. no 133, p. 35). N'égalons point cette petite Elle est belle comme sa mère. 1. VAR. (copie autog.): N'égalez point. 5 11. Voici comment cette strophe et la précédente sont imprimées dans les différentes éditions du Recueil de 1627: L'experte main de la Nature Et le soin propice des cieux On doute pourquoi les Destins L A MONSEIGNEUR LE DAUPHIN. SONNET. La date de ce sonnet (imprimé pour la première fois en 1615, dans les Délices de la poésie françoise) ne peut être fixée que d'une manière approximative. Henri IV eut trois filles : Élisabeth, Chrestienne (ou Christine) et Henriette. Puisque Malherbe parle dans ses vers des sœurs du Dauphin, il est évident qu'ils ne peuvent avoir été écrits avant le 10 février 1606, date de la naissance de la seconde. En outre, il y fait mention de propositions de mariage, et, dans une lettre écrite à Peiresc le 21 septembre 1609, il raconte que le président Richardot, ambassadeur de Philippe III, « étoit venu parler de quelque mariage des enfants de France et d'Espagne. Il serait donc fort possible que le sonnet fût de la fin de 1609 ou du commencement de 1610. Que l'honneur de mon prince est cher aux destinées! Tient ses prospérités l'une à l'autre enchaînées! Ses filles sont encore en leurs tendres années, 5 Et déjà leurs appas ont un charme si fort, Pensez à vous, Dauphin, j'ai prédit en mes vers 9. Voyez les deux Sonnets au Roi de l'année 1607 et l'Ode sur la prise de Sedan (Pièces XXI, XXIV et xxv). Que le plus grand orgueil de tout cet univers, Mais ne vous flattez point de ces vaines douceurs, ΙΟ LI PLAINTE SUR UNE ABSENCE. STANCES. Suivant Ménage, Malherbe fit cette pièce en Bourgogne et pour lui-même. Elle fut imprimée, en 1615, dans les Délices de la poésie françoise; mais, comme on le voit d'après la huitième stance, elle avait été composée avant la mort de Henri IV. Complices de ma servitude, Mes fidèles amis, et mes vrais secrétaires, Partout ailleurs je suis en crainte; Je pèse mes discours, je me trouble et m'étonne; Vous lisez bien en mon visage Et savez bien aussi que je ne vous demande, 5 ΙΟ 15 12. A vous, avec vous. |