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XXVIII

A MONSIEUR DE FLEURANCE, SUR SON ART
D'EMBELLIR.

SONNET.

le

Cette pièce se trouve en tête du livre intitulé : l'Art d'embellir, tiré du sens de ce sacré Paradoxe : La sagesse de la personne embellit sa face, étendu en toute sorte de Beauté et ès moyens de faire que corps retire en effet son embellissement des belles qualités de l'Ame. Par le sieur de Flurance Rivault. A Paris, chez Julien Bertaut, 1608. David de Rivault, sieur de Flurance, né à Laval ou dans les environs, vers 1571, mort à Tours au mois de janvier 1616, fut successivement sous-précepteur, lecteur aux mathématiques, puis précepteur de Louis XIII, et conseiller d'État. Le plus connu de ses ouvrages a pour titre : les Élémens d'artillerie, 2o édition, 1608, in-8. Caliste est la vicomtesse d'Auchy, dont nous allons parler à la page 128.

Le sonnet est irrégulier (voyez la notice de la pièce xxv).

Voyant ma Caliste si belle,
Que l'on n'y peut rien desirer,
Je ne me pouvois figurer
Que ce fut chose naturelle.

J'ignorois que ce pouvoit être
Qui lui coloroit ce beau teint,
Où l'Aurore même n'atteint
Quand elle commence de naître.

2. VAR. (Art d'embellir):

Que rien ne s'y peut desirer.

5, 6. Voyez la notice de la pièce xxix.

5

Mais, Fleurance, ton docte écrit
M'ayant fait voir qu'un bel esprit
Est la cause d'un beau visage;

Ce ne m'est plus de nouveauté,
Puisqu'elle est parfaitement sage,
Qu'elle soit parfaite en beauté.

10. VAR. (Art d'embellir) :

M'ayant fait voir qu'un sage esprit.

ΙΟ

XXIX

SONNET.

La belle dont Malherbe déplore le départ est Charlotte Jouvenel des Ursins, mariée à Eustache de Conflans, vicomte d'Auchy (ou Ochy), chevalier des ordres du Roi. Les généalogistes le font mourir en juin 1628. Si cette date est exacte, elle réfute complétement le récit de Tallemant (Historiette de la vicomtesse d'Auchy), suivant lequel le vicomte, tant qu'il vécut, tint prudemment sa femme à la campagne. Quoi qu'il en soit, une fois arrivée à Paris (elle y était avant 1609), elle se forma une petite cour de poëtes et de savants, et se rendit ridicule par ses prétentions littéraires et même théologiques, car, en 1631, elle fit paraître sous son nom des Homélies sur l'Épitre de saint Paul aux Hébreux. Malherbe, Lingendes, Malleville ont à l'envi célébré ses attraits, mais il ne semble pas qu'elle en ait été plus séduisante. « Elle n'avoit rien de beau, dit Tallemant, que la gorge et le tour du visage. Elle avoit un teint de malade, et ses yeux furent toujours les moins brillants et les moins clairvoyants du monde. » Elle mourut le 3 janvier 1646, assez âgée, on peut le croire, sans avoir besoin de s'en rapporter à Berthelot, qui écrivait d'elle :

Ses enfants pleins de vie,

Devant Pavie,

N'étoient déjà plus mineurs.

Outre les vers que Malherbe a composés en son honneur, il lui a adressé un certain nombre de lettres publiées pour la première fois dans l'édition de 1630.

Le sonnet ci-dessous a été, ainsi que les huit pièces suivantes, inséré dans le Nouveau Recueil des plus beaux vers de ce temps, qui est précisément dédié « à très-illustre et vertueuse dame Charlotte des Ursins, vicomtesse d'Ochi. » Ce volume, publié à Paris en 1609, a été réimprimé sous le même titre, à Lyon, par Barthélemy Ancelin, 1615, in-12.

D

Quel astre malheureux ma fortune a bâtie?
A quelles dures lois m'a le ciel attaché,
Que l'extrême regret ne m'ait point empêché
De me laisser résoudre à cette départie?

Quelle sorte d'ennuis fut jamais ressentie
Égale au déplaisir dont j'ai l'esprit touché?'
Qui jamais vit coupable expier son péché
D'une douleur si forte, et si peu divertie?

On doute en quelle part est le funeste lieu
Que réserve aux damnés la justice de Dieu,
Et de beaucoup d'avis la dispute en est pleine;

Mais sans être savant, et sans philosopher,
Amour en soit loué, je n'en suis point en peine :
Où Caliste n'est point, c'est là qu'est mon enfer.

4. Départie, départ.

5

10

5-8. Les vers de ce quatrain sont ainsi rangés dans l'édition de 1630:

Quelle sorte d'ennuis fut jamais ressentie
Egale au déplaisir dont j'ai l'esprit touché?
D'une douleur si forte, et si peu divertie,
Qui jamais vit coupable expier son péché?

Nous avons suivi la disposition des Recueils, et séparé la seconde rime masculine du quatrain de celle qui termine le premier vers du

tercet.

MALHERBE. I

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