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étaient censés tenir de lui leur juridiction, soit que cette juridiction fùt ou ne fût pas accompagnée des régales, nous passons aux diverses catégories des feudataires inférieurs ou sous- feudataires, nous les voyons investis d'une multitude de droits, dont on comprendra la variété quand on saura que toutes choses, hors les objets purement mobiliers, pouvaient être concédées en fiefs (99). Ici la souveraineté est fractionnée, disséminée; chaque valvassor (100) en possède un lambeau à tel est inféodé la moyenne justice, à tel autre la basse justice, à celui-ci un péage, à celui-là le protectorat, le vidomat ou l'avouerie d'une église ou d'un monastère, etc. Les

(99) Lib. feud., lib. II, tit. 4. Voët, ad Pandectas, lib. XXXVIII in digress. de feud., n° 23, 24, 25, 26 et

27.

(100) Le livre des fiefs, lib. I, tit. 1, va de suite nous mettre au courant de la hiérarchie féodale. Les seigneurs qui tiennent leurs fiefs immédiatement de l'empereur sont appelés capitaines de l'empire (regni capitanei); ceux qui tiennent leurs fiefs des capitaines de l'empire sont appelés simplement capitaines ou valvasseurs de l'empire (capitanei vel regni valvassores); ceux qui tiennent leurs fiefs. de ces derniers sont appelés petits valvasseurs (valvassores minores). Dans certains pays, les petits valvasseurs avaient le droit de créer des fiefs, ce qui faisait que cette hiérarchie s'étendait encore à un nouveau degré.

prestations que le vassal rendait à son suzerain variaient encore davantage, parce qu'elles dépendaient du caprice de celui-ci (101); les grands feudataires eux-mêmes devenaient vassaux de leurs pairs à raison de certains fiefs; enfin, comme il était rare que les feudataires inférieurs n'eussent pas à la fois plusieurs suzerains, qu'à tous ils devaient fidélité, et que ces derniers guerroyaient constamment entre eux, il en résultait une confusion où la force l'emportait toujours. Ce régime de la force brutale fut une des causes qui contribuèrent à convertir en bénéfices et en fiefs les terres allodiales (102); car parmi les possesseurs d'alleus, les uns se virent dépouillés, les autres ne purent échapper à une ruine complète qu'en donnant leurs biens aux barons puissants ou aux églises, et en les reprenant à titre de concession bénéficiaire ou d'inféodation (103). Il y a plus, il arrivait souvent qu'un feudataire, craignant son propre suzerain, allait colporter son hommage ailleurs, et donnait ainsi naissance à de sanglantes et interminables querelles ; l'Italie nous en fournit un grand exemple dans le

(104) On en trouvera de curieux exemples dans l'Usage des fiefs, par Salvaing.

(102) Voyez ci-devant le chap. 5 de la 1re part.

(105) Les Formules de Marculfe, lib. 1, charta 15, contiennent un spécimen de ces sortes d'actes.

sort de la malheureuse maison de Saluces (104). Après ces notions générales, tâchons de découvrir quel était, au XIe siècle, l'état particulier des principaux seigneurs laïques de la Burgundia.

Lorsque vers l'an 456, les Burgunden s'emparèrent de notre pays, ils le divisèrent suivant l'usage germain en différentes provinces ou pagi, au gouvernement de chacune desquelles ils préposèrent un Graf (grafo, comes, comte); cette division est attestée par la loi de Gundobald et par plusieurs autres documents (105). Les pagi furent subdivisés en d'autres pagi (pagelli ou districts) qu'administraient des comtes inférieurs, vicomtes ou vicaires (106). Genève, l'une des principales cités de la Gaule viennoise, devint alors le chef-lieu d'un comté ou pagus du premier ordre appelé pagus Genevensis (comté de Genevois). Ce point est établi par des titres irréfragables ainsi l'Albanais (pagus Albanensis), où l'on trouve les petites villes d'Alby, d'Albens, de Rumilly, d'Annecy, faisait partie du grand pagus Genevensis (107); le Chablais dont l'étymologie toute latine

(104) V. Muletti, Storia di Saluzzo, t. IV et V, passim. (105) Lex Burgund. in proemio.

(106) De Gingins, Essai sur l'établissement des Burgunden, dans les Mém. de l'Acad. de Turin, tom. XL, p. 259.

(107) Docum. sigill. e mon., p. 97, in fin del rapporto.

(caput lacense, la tête du lac) se rencontre dans une charte du XIe siècle (108), y était également compris (109). Le chroniqueur Turpin parle d'un Rayner, comte du pagus Genevensis. Ce Rayner laissa, dit-on, un fils, Olivier, qui fut paladin de Charlemagne et accompagna ce prince à la bataille de Roncevaux :

y

il a ici du vrai et du fabuleux. On regarde généra– lement Rathbert, qui vivait en 880, comme la souche de la célèbre maison des comtes de Genevois, laquelle s'éteignit le 16 septembre 1394, en la personne de l'antipape Clément VII (110).

Le pagus Genevensis contenait, selon toute apparence, un nombre considérable de ces terres nommées terres fiscales (fiscalia), destinées à être concédées en bénéfice aux leudes ou hommes du roi. Il est à présumer que les comtes de Genevois surent s'attirer ces sortes de récompenses (111); le fait est qu'au XIe siècle, tandis que la succession de Rodolphe-le-Fainéant était disputée à l'empereur Conradle-Salique, par le champenois Oddo, ce dernier

(108) Monumenta historia patriæ, tom. I, p. 500. (109) Salvaing, De l'usage des fiefs, 3o édit., p. 140. Besson, Mémoires, etc., preuv. no 10.

(140) V. Lévrier, Chronol. hist. des comtes de Genevois, tom. I. - Grillet, Dict. hist., tom. II.

(111) V. Eghinardi epist., ep. 26 et 27.

entraîna dans son parti le comte Gérold, considéré assez puissant pour être qualifié princeps illius regionis, prince de la contrée (112). Gérold et les autres partisans d'Oddo, tels que l'archevêque de Lyon et l'évêque de Maurienne, furent vaincus par un fidèle de l'empereur, un comte Upert, que l'on croit être le même qu'Humbert - aux - Blanches - Mains. Conrad n'épargna pas la vengeance à ses adversaires (113); cette guerre, qu'il regardait comme une rébellion, le détermina sans doute à punir Gérold, en le privant de son comté et en en conférant l'investiture aux évêques de Genève. Mais Gérold ou ses descendants obtinrent que ces prélats, de gré ou de force, leur en rendissent une portion à titre de fief. C'est pourquoi l'on voit dans une charte de l'an 1124, le comte Aymon se déclarer d'une manière absolue l'homme-lige de l'évêque Humbert (114). Les comtes de Genevois

(112) Wippo, in vita Chuonradis Sal.

(113) Omnia in Rhodanum castella subjecit, Mauriennam diruit, Genevensem urbem intravit, etc. (Hermannus Contractus, ad an. 1034, ap. Bouquet, tom. XI. )

(114) Spon, Hist. de Genève, preuves, no 1. L'explication que je donne ici n'appartient qu'à moi; on n'a qu'à lire attentivement la charte que je viens de citer pour se convaincre que j'ai saisi la vérité. On avait beaucoup parlé là-dessus sans pouvoir s'entendre.

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