Les Chiens qui, sur leur foi, reposoient sûrement, Furent étranglés en dormant. Cela fut sitôt fait qu'à peine ils le sentirent. Tout fut mis en morceaux, un seul n'en échappa. Nous pouvons conclure de là Qu'il faut faire aux méchans guerre continuelle. J'en conviens: mais de quoi sert-elle Fable LV.) FABLE XIV. LE LION DEVENU VIEUX. LE Lion, terreur des forêts, Chargé d'ans, et pleurant son antique prouesse, Fut enfin attaqué par ses propres sujets, Devenus forts par sa foiblesse. Le Cheval s'approchant, lui donne un coup de pied, Le Loup un coup de dent, le Bœuf un coup de corne. Le malheureux Lion languissant, triste et morne, Peut à peine rugir, par l'âge estropié. Il attend son destin sans faire aucunes plaintes ; Quand voyant l'Ane même à son antre accourir Ah! c'est trop, lui dit-il, je voulois bien mourir, Mais c'est mourir deux fois que souffrir tes atteintes. (Fable LVI.) AUTREFOIS UTREFOIS Progné l'Hirondelle De sa demeure s'écarta; Et loin des villes s'emporta Dans un bois où chantoit la pauvre Philomele. Ma sœur, lui dit Progné, comment vous portezvous ? Voici tantôt mille ans que l'on ne vous a vue: Je ne me souviens point que vous soyez venue Depuis le tems de Thrace habiter parmi nous. Dites-moi, que pensez-vous faire? Ne quitterez-vous point ce séjour solitaire? Ah! reprit Philomele, en est-il de plus doux ? Progné lui repartit: Et quoi, cette musique, Pour ne chanter qu'aux animaux, Tout au plus à quelque rustique? Le désert est-il fait pour des talens si beaux ? Venez faire aux cités éclater leurs merveilles. Aussi-bien en voyant les bois, Sans cesse il vous souvient que Terée autrefois, Exerça sa fureur sur vos divins appas. |