FABLE XI. LE RENARD ET LES RAISINS. CERTAIN ERTAIN Renard Gascon, d'autres disent Normand, Mourant presque de faim, vit au haut d'une treille Des raisins mûrs apparemment, Et couverts d'une peau vermeille. Le galant en eût fait volontiers un repas. Mais comme il n'y pouvoit atteindre; Ils sont trop verds, dit-il, et bons pour des goujats. pas mieux que de se plaindre ? Fit-il FA BL E XII. LE CYGNE ET LE CUISINIER DANS une ménagerie De volatiles remplie Vivoient le Cygne et l'Oison: Celui-là destiné pour les regards du maître, Et vit bien qu'il s'étoit mépris. Quoi! je mettrois, dit-il, un tel chanteur en soupe, Non, non, ne plaise aux Dieux que jamais ma main coupe La gorge à qui s'en sert si bien. Ainsi dans les dangers qui nous suivent en croupe, Le doux parler ne nuit de rien. (Fable LIV.) FABLE XIII. LES LOUPS ET LES BREBIS. APRÈS mille ans et plus de guerre déclarée, Les Loups firent la paix avecque les Brebis. C'étoit apparemment le bien des deux partis: Car si les Loups mangeoient mainte bête égarée, Les bergers, de leur peau se faisoient maints habits. Jamais de liberté, ni pour les pâturages, Ni d'autre part pour les carnages. Ils ne pouvoient jouir, qu'en tremblant, de leurs biens. La paix se conclut donc : on donne des ôtages, Les Loups, leurs Louveteaux, et les Brebis leurs Chiens. L'échange en étant fait aux formes ordinaires, Et réglé par des commissaires, Au bout de quelque tems que messieurs les Lou vats Se virent Loups parfaits, et friands de tuerie, Ils vous prennent le tems que dans la bergerie Messieurs les bergers n'étoient pas, Etranglent la moitié des agneaux les plus gras, Les emportent aux dents, dans les bois se retirent. Ils avoient averti leurs gens secrettement. |